Les premiers rayons de soleil venaient de taper contre la vitre de la chambre, l'éclairant par la même occasion d'une lumière orangée qui fit ouvrir les yeux au châtain. Ashton n'était pas du genre à se réveiller tard, et quand bien même il le voudrait, il ne pourrait pas au vu du rythme imposé à l'hôpital. Et puis, il se complaisait dans cette routine et le moindre changement pourrait avoir des conséquences assez graves sur son état psychologique.
En effet, le garçon était né avec une forme sévère du syndrome d'Asperger, qui le contraignait à vivre à l'hôpital. Pourtant, les enfants atteint de ce syndrome pouvaient très bien mener une vie plus ou moins normale, puisque souvent les symptômes liés à cette maladie diminuaient au fur et à mesure des années mais pas pour Ashton. Bien au contraire, il avait même l'impression que cela s'aggravait et ces phases de dépressions beaucoup trop récurrentes avaient forcé sa mère à le placer dans ce service psychiatrique. Quant à son père, il les avait abandonnés à la seconde où le diagnostic de son fils était tombé.
Le bouclé resta un moment les yeux ouverts, à fixer le plafond blanc avant que son regard ne se porte sur les murs, et enfin sur la petite table près de son lit. Alors le bouclé, comme chaque jour, se leva du côté gauche de son lit, attachant la blouse d'hôpital qu'il enlevait la nuit pour dormir et fit trois pas précisément jusqu'à sa table. Là, il s'assit sur sa chaise et s'empara du pot de crayons de couleurs qui y était posé. Son rituel était simple : il s'emparait de chaque crayon un par un et les posaient à plat dans un ordre précis, commençant par le noir et dégradant les couleurs jusqu'au blanc. Il ne savait pas exactement pourquoi il faisait cela, mais il avait sans cesse besoin de se rassurer sur le fait que tous ses crayons étaient toujours présents. La précision avec laquelle il exécutait sa tâche était presque infime, et ce ne fut que lorsqu'il eut terminé qu'il replaça ses instruments dans leur pot. Il n'avait plus de feuilles blanches, mais il savait que son infirmier, Michael, lui en ramenait chaque matin à 9h38 précises.
D'ailleurs, Ashton regarda la montre qu'il avait posée sur le coin droit de sa table. Celle-ci affichait neuf heures trente. Il se leva de sa chaise pour rejoindre son lit, s'y asseyant en tailleur et commençant à compter les secondes dans sa tête. C'est quand il arriva au compte de 485 qu'il entendit quelques coups frappés à sa porte. Cependant, ceux-là étaient plus discrets que d'habitude, comme hésitants, ce qui ne ressemblait pas à Michael. Et il comprit la raison de cette incertitude quand, au lieu de voir la chevelure noire de son infirmier, ce fut une chevelure blonde qui frappa son regard en premier.
- Hm.. Bonjour Ashton. Commença le blondinet d'un ton hésitant. Je suis Luke, le nouveau stagiaire.
Michael avait décidé de mettre à l'œuvre son stagiaire alors qu'ils avaient déjà rendu visite à quelques patients avant et que Luke avait donc vu comment son tuteur s'y prenait. Il lui avait dit absolument tout ce qu'il devait savoir sur Ashton et avait bien précisé qu'il ne fallait pas le brusquer. Ashton ayant un problème similaire à celui de Jack, Luke pensait pouvoir y arriver mais pourtant une fois devant lui, il ressentit un énorme poids sur ses épaules. Il savait que si Ashton était perturbé dans sa routine, cela pouvait lui provoquer une crise. Tout ce qu'il avait à faire : gagner sa confiance.
- Je.. je vous ai ramené vos feuilles blanches.
Luke lança un regard hésitant à Michael qui l'encouragea à continuer. Alors le blond alla poser les feuilles sur la table.
- Michael ne pose pas les feuilles sur ma table, je dois les compter avant.
Ashton fit remarquer son erreur au stagiaire, alors que son esprit prenait le temps d'analyser chacun de ses faits et gestes. La nervosité se lisait parfaitement sur ses traits, et d'autant plus après que le bouclé lui ai adressé la parole. Mais il ne comprenait pas ce sentiment. D'ailleurs, il ne comprenait presque aucun sentiment. Pourtant il pouvait parfaitement décrire l'attitude des personnes, par leurs expressions ou leurs postures mais était incapable de ressentir ce qu'il se cachait derrière cela.
- Oh d'accord... Excusez-moi.
Luke se mordilla nerveusement et discrètement la lèvre puis il reprit les feuilles pour les tendre au bouclé avec un petit sourire. Il était certain de retenir ce détail pour le lendemain.
- Cela doit être douloureux. ajouta le bouclé, parlant du fait que le stagiaire se mordille la lèvre. D'ailleurs il ne précisa pas puisque cela lui paraissait évident.
Ashton s'empara alors des feuilles que lui tendait le blond. Il avait vu son sourire, mais l'une des caractéristiques des patients atteint d'Asperger était leur visage peu expressif. Cela demandait trop d'efforts à leur cerveau de savoir quand sourire. Ashton ne comprenait pas les codes sociaux et analysait les situations dans un contexte pragmatique. En outre, Luke venait lui apporter des feuilles. Donc, aucune raison de sourire. Il reporta son attention sur les feuilles, les plaçant devant lui et les comptant une par une alors qu'il tendait un bras. Ce fut au bout de quatre feuilles qu'il reprit la parole.
- Le tensiomètre se situe à votre droite, à deux pas exactement. Voir un pour vous au vu de la longueur de vos jambes.
Ne comprenant pas la nervosité du blond et surtout le fait qu'il n'ait pas les mêmes gestes que Michael qui aurait déjà pris sa tension, c'était naturellement qu'il lui avait dit cela. Pourtant Luke savait très bien où se trouvait la machine puisqu'il l'avait fait entrer dans la chambre. D'ailleurs, le blond se rendit compte grâce aux paroles précises du bouclé qu'il était juste en train de regarder ce qu'il faisait, soit compter les feuilles. Catastrophique. Voilà ce que Luke pensait de sa prestation face à son tuteur à qui il lança un regard vraiment désolé. Le pire dans tout ça, était bien le fait qu'Ashton lui dise ce qu'il devait faire. Mais sans perdre de temps, il s'empara du tensiomètre et prit la tension du patient qui lui tendait le bras depuis un bon moment déjà. Une fois prise, il s'empara du classeur pour la noter à la case dédié pour ça tandis qu'Ashton baissait à nouveau son bras pour finir de compter ses feuilles.
Il fut d'ailleurs satisfait de voir qu'il y en avait bien quinze, comme d'habitude, et releva les yeux vers le blond sans pour autant croiser son regard, cela étant trop difficile pour lui. Il patienta simplement, le temps que Luke ne vienne prendre sa température grâce au thermomètre à placer à son oreille et une fois cela fait, il l'observa à nouveau et reprit la parole.
- Combien de temps vous allez rester ici ?
- Je suis ici pour trois mois.
- Alors on se verra dans deux heures et six minutes n'est-ce pas ?
- Exactement. Donc à tout à l'heure, Ashton.
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Baby Be Real (Lashton)
Fanfiction- Personne ne peut soigner un malade mental Luke - Je ne veux pas te soigner, je veux faire parti de ton monde.