Why you wanna fly, blackbird?
(Pourquoi veux-tu voler, petit Merle)Brenda chantait encore une fois sa peine en se rappelant des paroles de Nina Simone qui arrivait à traduire son état d'âme.
You ain't ever gonna fly...
(Tu ne pourra jamais voler)De son pied elle faisait se balancer le berceau du petit être qui reposait, apaisé par la voix mélodieuse de sa mère. Assise à même le parquet, sur la terrasse de sa chambre, elle avait le front fermé et le regard fixé dans le vide.
No place big enough for holding...
(Il n'y a pas assez de place pour contenir)Ses yeux déjà embués de larmes, laissèrent pleuvoir sur son doux visage quelques larmes qu'elle tentait de retenir alors qu'elle complétait cette dernière phrase avec tristesse: All the tears you're gonna cry.
(Toutes les larmes que tu pleureras)En prenant une grande inspiration, elle chasse du revers de sa main les larmes qui mouillaient son visage. Elle renifla, soupira avant de continuer à chanter.
'Cause you're mama's name was lonely...
(Parce que le nom de ta mère était "solitude")And you're daddy's name was pain...
(Et celui de ton père était "douleur")And they call you little sorrow...
(Et on t'appelle petit chagrin)'Cause you'll never love again...
(Parce que tu n'aimeras plus jamais)So why you wanna fly blackbird? (Alors pourquoi tu veux voler petit Merle)
You ain't ever gonna fly. (Tu ne voleras jamais)
Sur ces mots tristes et pleins d'émotions, Brenda s'arrête de chanter et préfère contempler les étoiles. La nuit était tombée depuis déjà bien longtemps et toujours aucun signe de Andrew. Ça ne l'inquiétait pas plus que ça, il devait être encore quelque part dans une chambre d'hôtel à faire des insanités qui n'atteignent pas le mental de Brenda. Un courant d'air lui caressa subitement le visage et fit même frissonner son corps fluette. Encore d'un simple geste, elle dégagea les perles de larmes qui faisaient encore leur chemin sur ses joues. Elle préférait rêvasser jusqu'à ce que le bruit intrusif de la voiture de Andrew parviennent à son oreille. Elle leva simplement les yeux au ciel, mais quelque chose d'autre attira mon attention.
Les pas de Andrew, Brenda les connaissait par cœur, mais là, il n'était pas seul. Il y avait des pas plus léger derrière lui, une démarche plus lente qui s'accentuait lorsque celle-ci s'avançait sur le perron, c'étaient les pas d'une femme. Brenda n'en croyait pas ses oreilles. Subitement, elle se leva, prit l'enfant endormie entre ses bras et se hâta de descendre les escaliers en atterrissant devant la porte d'entrée au moment même où son époux ouvrait la porte avec derrière lui une jeune femme souriante. Cette fois-ci, il n'avait même pas pris la peine de prendre une chambre d'hôtel.
-Chéri tu es là. Le petit n'a pas arrêté de pleurer ton absence, je viens juste de le faire dormir, tu veux bien aller le border pendant que je te fais à manger?
Le sourire de Andrew s'efface à la vue de sa femme. Son état d'ivresse ne l'empêchait pas de reconnaître sa femme et sa progéniture dans ses bras. De même pour la femme derrière lui, Anna qui était sa secrétaire, chez qui le sourire aussi avait disparu.
-Tu ne m'avais pas dit que nous aurions de la compagnie ce soir, dois-je faire une table pour trois?
Confuse, la jeune femme de nouveau consciente décida de rentrer en appelant un taxi. Contente d'elle, Brenda lui disait au revoir avec un sourire large avant de fermer la porte derrière elle, toujours avec le bébé dans ses bras. Andrew était devenu muet, il voyait chaque jour le caractère de sa femme changer. Il ne s'attendait même pas à ce qu'elle parvienne à chasser Anna sans même lui avoir adressé la parole. Il se sentait comme humilié, pourtant Il était bien la cause de cette réaction. Mais le changement de comportement de Brenda lui était étranger et l'assurance qu'elle prenait de plus en plus lui lassait un goût trop amère.
-Tu n'es rien d'autre qu'un moins que rien, à côté de toi la merde a de la valeur. Crachait-elle avant de repartir dans sa chambre.