Rutabaga (tag nº2)

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« Allez, c'est la dernière ! »

D'un geste lent, mécanique, elle actionna le propulseur.

L'asticot fut aspergé.

« Mais ça suffit, à la fin ! Qu'est-ce que vous avez tous avec la peinture ? , hurla le rampant, désormais tout rose. Ça suffit ! »

Il aurait bien aimé continuer à s'insurger, évoquer les difficultés de lavage et le prix de l'eau chaude dans une longue philippique, mais il n'en eut pas l'occasion.

Une quinte de toux le secoua.

Elle était tellement forte, que l'asticot tomba à terre (ou, du moins, s'écrasa un peu plus contre le sol). Il toussa de longues minutes, durant lesquelles la tageuse commença à s'inquiéter ; généralement, ce ne durait pas plus de dix secondes, et, après, la phase deux s'enclenchait... Elle avait peut-être appuyé un peu trop longuement sur l'actionneur...

Soudain, la toux disparut, et l'asticot put se redresser. Un sourire béat flottait sur ses lèvres.

« Euuh... Ça va ? , demanda l'humaine, qui lui trouvait un air bien stupide.

— Ouiiiiiiiiii ! Je vais merveilleusement bien ! , répondit l'asticot, tu veux être mon amie ? »

L'humaine était un peu perdue ; ils ne réagissaient pas comme ça, d'habitude...

« Bah oui, je veux bien... Mais, dis moi... Tu n'aurais pas envie de... te définir ? Dire quinze choses sur toi, tout ça... »

Ces mots plongèrent l'asticot dans une grande réflexion.

Au bout de cinq minutes d'immobilité, qui semblèrent bien longues à la petite humaine, il déclara, comme pris d'une illumination : « Je suis un asticot ».

L'humaine était bien embêtée.

« D'accord... Mais encore ? »

L'asticot tourna les yeux vers l'humaine.

L'humaine lança un regard mi-apeuré mi-interrogatif à l'asticot.
Moment de blanc.

« Je suis vert. Enfin... J'étais. Maintenant, je suis rose, à cause de la peinture.

— Oui, je vois ça... » Elle jeta un œil sur la feuille qu'elle tenait entre ses mains, et lut :

« 1) Est un asticot
2) Est vert
3) Devient rose lorsqu'il est aspergé de peinture de cette couleur»

Hum... Elle resta perplexe ; ces point ne l'aidaient pas vraiment à mieux cerner le personnage...

« Et, euh... Qu'est-ce-que tu aimes dans la vie ? »

L'asticot se tut. L'humaine se tut. Le silence s'installa.





















« GUDUUUUUULE EST LE MAÎTRE DU MOOOONDE !!!!!! »
En un instant, l'asticot avait saisi une pancarte, un clairon, un tambour, une banderole, un instrument bizarre qui faisait pouet-pouet et il se mit à jouer de tout ça en hurlant de plus belle : « LONGUE VIE AUX GUDULIENS GOURMANDS, VIVENT L'IMPARFAIT DU SUBJONCTIF, LES MATHS ET LES VIRGUUUUUUULES !!!!!!!!! »

Devant le spectacle qu'offrait l'animal rose, les sourcils de l'humaine se rejoignirent bien vite, prenant la forme d'un accent qu'une certaine réforme souhaitait voir disparaître.

« Mais qu'est-ce-qu'elle fait ? , se demanda-t-elle, je n'ai jamais eu de réactions comme ça avant... »

L'asticot hurlait toujours.

Les tribulations d'un asticot spammeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant