Chapitre 8

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Chapitre 8 :

« Comment cela a-t-il pu se produire ? S'exclama l'inspecteur Keith en déboulant violemment à l'intérieur du commissariat.

- Mr. Keith, avec tout le respect que je vous dois, c'est vous qui avez refusé de le garder enfermé jusqu'à son jugement, vous affirmiez que le bracelet électronique serait une bien meilleure solution. Voilà des preuves suffisantes pour attester qu'il ne s'agissait pas d'une bonne idée. Je ne sais pas ce qui vous a pris, mais on ne laisse jamais autant de liberté à un assassin. Répliqua calmement un policier que l'inspecteur connaissait depuis bien longtemps. »

Celui-ci soupira et tenta de se ressaisir, même s'il s'avérait qu'il était extrêmement paniqué par la tournure que les événements prenaient. Il risquait sa carrière, sa vie et celle de nombreux innocents qui pourraient croiser le chemin de Mr.Vanger. Il avait convaincu ses supérieurs qu'Aris n'avait pas besoin d'être incarcéré aussi brutalement, jouant d'ailleurs beaucoup avec la réputation que ses années passées dans le métier lui avaient bâtie. Mais les résultats de son acte de bonté se trouvaient être catastrophiques pour son plus grand désarroi. Il avait essayé de le comprendre, de l'aider, il s'était montré le plus compréhensif possible, il n'avait jamais accordé un traitement aussi favorable à qui que ce soit, même pour des crimes moins importants. Mais dans le cas de cet Aris Vanger, il avait fait son possible pour lui éviter le pire. En réalité, il avait été ému par cet être perdu, seul et isolé. Il connaissait ces états psychologiques, il les connaissait même un peu trop bien pour les avoir approchés de très près.

Il s'isola un instant, et contempla la vue que son bureau offrait sur la ville.

« Aris... Qu'as-tu fait ? Souffla-t-il pour lui-même. »

Il frappa du poing le meuble de bois tout en lâchant des jurons incompréhensibles. Il se haïssait. Il se détestait d'avoir cédé à sa faiblesse sentimentale, il se détestait de s'être laissé rattraper par le passé, il se détestait de s'être laissé envahir par ses souvenirs douloureux. Il s'était promis de ne jamais mêler vie personnelle et vie professionnelle, et la fois où il céda, le résultat fut des plus alarmants. Aris s'était trouvé une véritable âme de psychopathe, Mr.Keith le réalisait déjà que trop bien, et il voyait en lui tout le mal qui le rongeait du plus profond de son être. Il était sans doute déjà trop tard pour le sauver de cette face obscure que tout homme possède inconsciemment.

Il s'assit sur son fauteuil, se balançant frénétiquement sans détacher son regard de l'immense étendue d'immeubles qui s'offrait à lui.

« Il lui ressemble trop. Aris... Tu es comme lui, tu es lui. »

Une larme roula sur sa joue et son cœur se serra.

« Ethan... »

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Il se rattrapa de justesse à une armoire, son corps vacillant sans arrêt. Il avait l'impression qu'il perdait tout contrôle sur lui-même, qu'il n'était plus que l'ombre de son être, qu'il n'était qu'un pantin dont la conduite se faisait dicter par ces sensations qui l'électrisaient. Jamais il n'avait éprouvé de chose aussi intense durant sa vie entière. Et lui, qui ne connaissait plus le goût des sentiments depuis bien longtemps, semblait retrouver cette faculté qui le rendait plus humain que jamais. Mais ses sentiments n'étaient pas humains... Ils allaient à l'encontre de la morale des hommes et de leur bien-être.

Aris releva les yeux vers cet inconnu attaché à une chaise et qui paraissait aussi terrorisé que lui-même par l'être qu'il était devenu. Il lui retira le bandeau l'empêchant de parler, et le fixa silencieusement. Il ne lui disait rien. Son visage ne lui rappelait pas même un vague souvenir.

Une Minute FataleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant