Chapitre 9 - Une échappatoire

178 21 0
                                    

Je m'étire, courbaturée comme tous les matins depuis que je dors sur des sols froids et durs. Je ne sais pas combien de temps j'ai dormi ou encore s'il fait nuit dehors. Tout ce que je sais c'est que dormir m'a permis de reprendre du poil de la bête. Je ne vais pas me laisser faire ! Je me lève doucement et je remarque que mes pieds sont encore humides mais que mon vivarium a été nettoyé. C'est déjà ça...

je mange un peu de la bouillie infâme car je ne compte pas me laisser mourir de faim. La texture est écoeurante et le goût d'une fadeur sans nom. J'ai du mal à croire que de la vrai viande ait été utilisée et les même doutes m'habitentent quant aux légumes... Je tente d'imaginer un bon petit plat comme ceux que me préparait ma mère mais rien n'y fait. Tant pis, de toutes façons, je ne compte pas croupir ici !

Une fois l'estomac rempli, je m'avance vers la vitre pour tester sa solidité. Je toque dessus et j'ai l'impression que ce n'est pas vraiment du verre mais que cela paraît plus dur que du simple plastique. De ce que je peux voir cela n'a pas l'air très épais mais je ne pense pas pouvoir briser cette matière qui m'est inconnue. Il faut aussi préciser que je ne suis pas vraiment musclée et que je risque de me faire plus mal qu'autre chose. Surtout que mon côté droit n'est toujours pas complètement guéri. J'aimerais éviter de me blesser de nouveau. Ma seule chance de m'échapper vient sûrement de la petite fente qui permet à l'oxygène de passer et qui pourrait me servir de prise pour escalader le bord du bocal et essayer de soulever le couvercle pour m'enfuir. Malheureusement, même en levant bien haut les bras, je ne l'attends pas. J'essaie alors de sauter pour m'accrocher à cet espoir mais ma détente est mauvaise et la fente hors d'atteinte... Je ne suis pourtant pas si loin mais je me rends compte que même si, par l'opération d'un quelconque saint esprit, je réussissait à me hisser jusqu'au plafond, il serait probablement trop lourd pour mes bras frêles et déjà épuisés par la première partie de mon plan.

je soupire de frustration et me laisse tomber sur le sol dur de ma cellule. En plus, la douleur de mes côtes s'est réveillée. J'enlève mon bandage et observe les bleus qui tachent ma peau pâle. Je décide qu'une bande de compresse n'aidera sûrement pas cette blessure à guérir et la laisse de côté. Je ne sais pas vraiment la fonction de la pièce dans laquelle je suis, que j'identifierais quand même plutôt comme une cuisine, mais les Abyssaux n'ont pas l'air d'y être très souvent. Je me sens seule. Horriblement seule. J'en arrive à regretter les regards inquisiteurs des grandes créatures bleues. Mon esprit tourne à mille kilomètres heure mais aucune idée ne me vient pour m'échapper de cette prison effrayante et l'ennuie commence à me gagner.

Je passe des heures, ou peut-être de simples minutes puisque je n'ai plus aucune notion du temps, à regarder la pièce vide dans l'espoir insensé de voir des humains débarquer pour me sauver et me ramener chez moi. Plus les secondes s'écoulent, plus la sentence est lourde sur mes faibles épaules : personne ne viendra. J'aimerais me bercer d'illusion mais ce n'est pas une solution. Je dois me débrouiller. Alors, quand un Abyssal apparaît finalement dans mon champs de vision, je me prépare au moment où il va plonger son tentacule dans mon vivarium. Ce moment ou je vais m'échapper.

L'Abyssal se rapproche de mon aquarium. Il me semble qu'il s'agit de celui qui m'a nourrie. Je respire profondément en me préparant mentalement et physiquement à ce que je vais tenter. Le couvercle se soulève et un tentacule bleu s'approche de moi. Faisant mine de me laisser attraper par ce monstre, je saute soudainement sur son bras en m'accrochant fermement à sa fourrure. Je manque de tomber misérablement mais l'adrénaline me donne l'énergie nécessaire pour me stabiliser et commencer mon escalade. Je dois avoir surpris la créature car j'arrive à son épaule sans qu'elle ait esquissé le moindre geste. Elle me fixe de ses yeux sombres mais ne semble pas inquiète quant à ma tentative de fuite. Peut-être qu'elle ne comprend tout simplement pas ? Peu importe. J'en profite pour me laisser glisser le long de son buste puis d'une de ses jambes. Atterrissant un peu durement sur le sol car la dernière touffe de poils m'a glissé des mains, je me relève et me mets à courir vers la porte d'où je suis arrivée.

Soudain, alors que je n'ai pas fait la moitié du chemin, je me sens soulevée par un membre poilu qui me soulève par la taille. Je crois que j'ai sous estimée la créature et qu'elle savait pertinemment qu'elle contrôlait la situation et qu'elle n'avait rien à craindre de ma désastreuse tentative... Je souffle doucement alors que mon rythme cardiaque se calme difficilement. Quand je relève la tête, je suis face au visage de la bête. C'est un ovale assez harmonieux aussi poilu que le reste de son corps et qui n'est troublé que par ses grandes pupilles sombres. je ne vois ni nez, ni bouche, ni oreille et je me demande comment elle fait pour se nourrir et ressentir son environnement. Mal à l'aise si près de l'Abyssal et encore en colère contre mon échec, je me tortille pour lui échapper mais tout cela est vain. Je sens un autre tentacule toucher mon crâne comme pour me caresser et je frémis d'effroi. Suis-je vraiment devenue le hamster de cette chose ? N'y a-t-il donc pas d'échappatoire ?

La Cage [FINI]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant