Chapitre 2 - La Créature

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Je me réveille doucement, l'esprit encore embrouillé par mes effrayants cauchemars. Soudain, tout me reviens. Les souvenirs affluent à la manière d'un tsunami et je ne comprends pas mieux ce qui m'arrive qu'à mon premier réveil. J'aurai dû tenter de communiquer avec la petite blonde qui m'a saluée hier parce que là je me sens vraiment seule. En plus, je viens de prendre conscience du silence pesant qui règne dans la petite salle. J'ai l'impression d'être complètement coupée du reste du monde car les seuls sons qui me parviennent sont les battements affolés de mon coeur. Je m'assieds contre la vitre en serrant mes genoux contre mon corps nu. Je me surprends à rougir en pensant que des garçons dorment peut-être dans une cellule voisine. ma nudité devient vraiment extrêmement gênante. J'ai l'impression que les espèces d'aquariums sont vides ou qu'ils rendent apathiques parce que je ne vois personne de réveillé.

Soudain, un mouvement à ma gauche attire mon attention. Le bout du couloir s'est ouvert grâce à une porte coulissante et une énorme créature vient d'entrer. Je n'en crois pas mes yeux. La bête est humanoïde mais mesure une dizaine de mètres puisque sa tête est presque à ma hauteur. Son corps est recouvert d'un pelage bleu gris assez épais. Sa tête est disproportionnée, tout comme ses yeux qui sont énormes et complètement noirs. Elle n'a pas de bouche ni de nez mais cela n'empêche pas son visage d'être plus ou moins équilibré. Je laisse descendre mon regard et me rend compte que ses bras sont remplacés par trois paires de longues tentacules poilues. Plus bas encore, je peux voir qu'il n'a pas de pied, ses jambes s'évasent simplement pour former deux excroissances stables. Finalement, je me rends compte que toutes mes hypothèses étaient plus probables que la rencontre avec ce monstre.

Effrayée je recule dans la petite salle jusqu'à ce que mon dos heurte le mur. Je voudrais hurler mais j'ai le souffle coupé par la stupeur qui s'est emparée de moi. Je déglutis péniblement alors que le long bras de la créature, qu'aucune main ne termine, se lève gracieusement et s'approche de la vitre qui me sépare d'elle. Je remarque alors que le bout de la tentacule est enroulé autour d'une sorte de clé qui s'enfonce alors dans un trou de la baie vitrée que je n'avais pas remarqué. La fenêtre coulisse doucement et je me retrouve à la merci du monstre qui me fait face. La tentacule opposée se lève, sans mouvement brusque et s'approche lentement de moi. Je l'esquive en contournant l'extrémité bleue et poilue qui me menace et, sans réfléchir, saute de ma cellule.

Ce n'est que lorsque je sens mon coeur se décrocher que je me rends compte de mon erreur. J'essaie alors de me rouler en boule avant l'impact mais je m'écrase tout de même au sol. Je suis tombée sur mon poignet que j'entends d'ailleurs craquer. La douleur est vive et je ne peux retenir un cri. C'est le premier vrai bruit que j'entends depuis que je suis ici et j'ai l'impression d'exploser une bulle qui m'aurait entourée jusque là. Je gémis doucement et quelques larmes perlent au coin de mes yeux. C'est alors que je vois une tentacule bleu s'approcher de moi. Je tente de m'écarter mais je fais l'erreur de m'appuyer sur mon poignet et m'affale misérablement sur le sol. Alors que le bras est à quelques centimètres de mon corps frêle, je sombre dans l'inconscience.


La Cage [FINI]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant