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Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s'écœure.
Quoi ! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon cœur a tant de peine !

Il pleure dans mon cœur de Paul Verlaine


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La pluie tombait abondement dehors et emmitouflé dans une chaude couverture, un livre à la main, il songeait à la chance qu'il avait qu'il n'ait pas eut cours aujourd'hui. Il aimait la pluie s'était quelque chose de reposant, le son des gouttes d'eau s'écrasant sur les toits et le sol le berçait, mais s'il y avait bien une chose qu'il dépréciait fortement s'était se retrouver sous la dite pluie et finir tremper.

Souvent, il avait l'impression qu'à l'intérieur de son cœur se jouait une scène similaire ; qu'il pleuvait sans cesse et qu'il se faisait engloutir par toute cette eau. Il avait l'impression de se noyer. Il bâilla et se réinstalla plus confortablement, il avait fini par mettre un peu de musique en fond n'ayant plus l'envie de lire.

Il rouvrit les yeux en retenant un hurlement.

Il regarda autour de lui essayant de dissiper la panique qui le submergeait en s'accrochant à un détail bien connu. Rien. Il ne trouvait aucune chose à laquelle se raccrocher. C'est tremblant et suffoquant qu'il finit par trouver l'interrupteur, la lumière fut et il se rendit compte qu'il n'avait pas bougé de sa chambre. Pourtant, il avait la nette impression qu'il ne se trouvait pas dans la bonne pièce, comme s'il manquait quelque chose pour qu'il puisse se l'approprier. Un malaise ce format en lui.

Le manque se fit encore plus présent.

Depuis plusieurs semaines, ses rêves devenaient de nuit en nuit toujours plus sombres, toujours plus cruels, bien qu'il ne se souvienne pas du contenu quand ses yeux s'ouvraient. Il se réveillait plus fatigué que la veille et la sensation que quelque chose manquait se faisait récurrente. Ce qui fut au début qu'une simple démangeaison dans son esprit s'était peu à peu transformé en une bête qui guettait au fond de son être. Une bête qui attendait, patiente, le moment de fondre sur lui pour lui arracher cœur et entrailles et ainsi le réduire à néant. Il la sentait évoluer, grandir. Il savait que cette bête était constamment là et se nourrissait de sa peur comme un vampire s'abreuve de sang.

Il frissonna sur ces pensées.

Il ne savait pas pourquoi ni comment il en était venu à personnifier ce manque qui le hantait. Ça n'avait rien de rassurant au contraire cela l'avait plus encore terrifié. Ce manque semblait plus vrai encore. Plus vrai qu'une simple impression.

Il passa une main dans ses courts cheveux jais et poussa un soupir, il n'était que trois heures du matin ; la nuit promettait d'être longue. Et en effet, il se réveilla plusieurs fois en sueur et tremblant pendant les heures suivantes. Il avait tellement chaud puis d'un seul coup tellement froid. Il était perdu...

Son réveil sonna le sortant de son sombre songe. Il éteignit la source de bruit infernal. Passa une main sur son visage pour trouver ses joues baignées de larmes. Il pleurait, il ne savait pas pourquoi. Plus rien n'allait tout se détraquait ; il devenait fou. Tout se mélangeait ; il devenait fou.

Ton absence me hanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant