À un certain moment de ma vie, je commençais à saturer. Un bel euphémisme en réalité, car "saturer" ne suffisait pas à lui seul à décrire ce que je vivais. Il fallait y ajouter le fait qu'intérieurement je brûlais, mon sang faisait fondre mes veines, je cédais, j'explosais, je souffrais le martyr. Je n'en pouvais plus. Le monde entier, de son énorme main, m'écrasait chaque jour un peu plus. Les gens, leurs regards, leurs mots, leurs cris et leurs insultes me sciaient en deux. Je n'avais plus goût à la vie, je ne voyais plus les couleurs comme elles devaient l'êtres. Les bonnes nouvelles n'avaient que peu d'effet sur ma santé mentale, sur mon moral. Imaginez une plaie profonde et ouverte, en plein milieu de votre torse. Plaie dont vous êtes contraints à garder ouverte à vie, constamment. Et bien à certains moments de la journée, des gens viennent vous donner des petits pansements roses qui font à peine le tour de votre pouce, et vont vous les appliquer sur cette plaie. Vous imaginez ? Bien. À présent, imaginez d'autres gens, bien plus nombreux que les précédents, qui vont à la suite, un par un, vous plaquer leurs deux mains imbibés de sel, de sucre et d'alcool sur cette plaie, tout en n'omettant pas d'y enfoncer un ou deux doigts. Vous l'aurez compris, les pansements roses avaient le même effet que les bonnes nouvelles, et les mauvaises me faisaient un mal de chien.
Je ne pouvais donc plus supporter tout ça. J'ai donc décidé un jour, de faire le classique suicide avec la dose de médocs. J'ai lamentablement échoué, et j'ai recommencé le lendemain, avec un nouvel échec. Le cerveau retourné, j'ai retenté pour la troisième fois le jour suivant, encore un échec. J'ai fortement rigolé, tout simplement parce que je me suis rendu compte que j'étais peut-être condamné à vivre dans la souffrance ? Terrifié face à cette idée, j'ai récidivé pour la quatrième fois le même jour, et au lieu d'un échec, je suis tombé face à Erevan. Un visage plutôt osseux, sévère, aux cheveux longs coiffés en queue de cheval et habillés en costume complètement noir, accompagné d'un petit nœud de papillon rouge.
- Si tu harcèles les filles comme tu harcèles la mort depuis trois jours, ça ne m'étonne pas que tu sois seul.
Assis sur le rebord de mon lit, la tête douloureuse et une petite boite de médicaments vide dans la main, je relève la tête, et observe l'individu apparu de nul part.
- Qui ... qui êtes vous ? Vous fichez quoi chez moi ?! Bredouillai-je.
Il prit calmement une chaise, la posa devant moi et s'assit.
- Je suis Erevan, et je suis là pour t'aider.
Je le regardais avec des yeux à moitiés fermés, assommé par la fatigue.
- J'ai appelé les pompiers ?
Je vis un léger rictus apparaître sur ses lèvres, puis ils reprit une expression plus sérieuse.
- Je suis là pour t'aider, pour t'aider à retirer cette souffrance que tu endure.
- Repartez d'où vous v'nez ... chuchotai-je.
- Cette peine, cette douleur, cette souffrance que tu subis depuis longtemps, n'as-tu pas envie qu'elle s'en aille ? Ne veux-tu pas stopper ces idées noires qui te persécutent à longueur de journée ?
- Vous croyez que je suis heureux dans mon état actuel ? Demandai-je avec des yeux ronds.
Il plissa les yeux, me lança une sorte de regard observateur, et après un instant qui me sembla durer une éternité, il me tendit sa main.
- Donnes-moi ta main.
Sous l'emprise de la fatigue, j'hésitais. Mais n'ayant rien à perdre et ne comprenant pas trop non plus ce qu'il se passait, je lui tendis la mienne.
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Les enfants du démon
Про вампировEdward Owens est un ancien dépressif. Auparavant introverti, insociable et méfiant, il était littéralement écrasé par une pression sociale insoutenable. De ce fait, il a tenté à quatre reprises de se suicider, mais en vain. C'est au jour de la derni...