Les enfants du démon

II - Le Bourreau immortel

Quelques années plus tard, j'étais quelqu'un d'autre, j'étais quelqu'un de complètement différent. Le don qui m'avait été offert m'avait permis de sortir de ma dépression profonde, du repli sur moi même que j'exerçais à longueur de journée. À certains moments il m'arrivait de me demander si j'étais en train de rêver, si le fait d'être un suceur de sang, un vampire ou quelque soit le nom que l'on pouvait me donner était réel. Mais ce doute se dissipait à chaque fois que le goût du sang dans ma bouche me procurais un véritable plaisir. Cependant les avantages obtenus, étaient en vérité accompagnés de désavantages que je n'avais découvert que bien après ma transformation. Une des obligations première que j'avais était de me cacher constamment des rayons du soleil qui pouvaient m'êtres fatals. La première et unique fois où j'ai pu constater les résultats de ces rayons sur ma nouvelle peau, j'ai eu l'impression qu'on m'injectais une énorme quantité de lave dans les veines. Une autre de mes contrainte était de me nourrir régulièrement de sang humain, chose qui bien évidemment ne me déplaisait absolument pas. Vider ces êtres insignifiants était pour moi un vrai plaisir. De ma nouvelle situation et de mon nouveau statut, je ne me considérais plus du tout comme un humain, et je pouvais mépriser cette misérable race sans aucun regret. Au final, je pouvais sortir comme je le souhaitais de nuit, ainsi que de jour à condition d'avoir l'accoutrement pour, et je me nourrissais constamment des malheureux qui se trouvaient sur mon chemin.

- Finis-le ! Tues-le ! Fais-lui regretter d'être né ! Hurlait la foule.

Dans une petite arène circulaire grande d'environs 15 mètres, encerclés par une foule excitée, nous, moi et un adversaire, étions face à face dans un combat à mort. C'était le quotidien que je vivais à peu près chaque soir. J'allais dans notre repaire, notre QG, qui se trouvait aux limites de la ville, un petit bar délabré mais toujours en état de marche. Mais le repaire se trouvait en dessous du bâtiment, caché par une trappe derrière le comptoir à la vue du barman. J'y descendais, et assistait à des combats à mort entre deux adversaires choisis aléatoirement par Erevan. Ah oui car j'allais oublier ... le propriétaire du bar, c'est lui. C'est lui qui nous a concocté cette petite cachette pour nous permettre de nous défouler. Je dis nous parce que plusieurs mois après ma transformation, Erevan m'avait emmené dans cet endroit, et m'avait révélé que j'étais loin d'être la seule créature qu'il avait conçu. Tout comme pour moi, il avait transformé des humains, des hommes et des femmes qui étaient à bout, qui n'en pouvaient plus de leur vie, et il leur a proposé un marché, tout comme moi, et ainsi, il les a transformés en diverses choses. Il a transformé leurs vies, en leur prodiguant des capacités inhumaines et la possibilité de se défouler sur la race humaine. Il nous a à tous, permis de nous sentir nouveau, de nous sentir bien. Nous vivons comme une communauté, maîtresse de Baycoton et de ses habitants. Nous étions les créatures, et lui notre créateur. Nous étions les enfants du démon. 

Pour ma part, j'étais un peu spécial. Erevan m'avait fait savoir que j'étais le premier vampire qu'il avait créée et qu'il était plutôt content du résultat. J'étais l'un des seuls êtres à être immortel, destiné à vivre éternellement, sans me soucier de l'âge et du temps, éternel ennemi des Hommes. J'étais rarement choisi pour entrer dans l'arène car généralement, j'étais automatiquement vainqueur. Vu comme l'être immortel des lieux, l'adversaire qui tombait contre moi profitait à chaque fois de ses derniers instants en pleurant, ou en luttant de toute ses forces pour essayer de montrer à Erevan tout ce qu'il pouvait accomplir. En somme, j'étais le bourreau de mes adversaires. 

À ce moment, je voyait dans la pénombre, assit en haut des gradins qui contenaient une minorité de la foule dont la majorité se tenait debout autour de nous, Erevan les bras croisés le visage sévère, le regard braqué sur nous, observant la façon dont allait se débrouiller Nolan, un Puiseur. C'est comme ça que l'avait appelé Erevan, un Puiseur. Sa particularité était de créer la peur et la terreur chez les Hommes, et de puiser dans cette peur pour s'en servir contre eux, afin de se transformer en ce dont ils craignaient le plus. Malheureusement pour lui ici, c'est moi qui lui inspirait de la peur, et son don ne lui était d'aucune utilité contre un vampire.