XIII - L'Humaine

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À présent dehors, là où la pluie demeurait toujours, je cherchais du regard, un peu au hasard, une silhouette dans cette humide nuit. Une silhouette que je pourrais reconnaître, une silhouette féminine. Mais je ne vis rien.

- Edward !!! Cria une voix féminine loin derrière moi.

Je me retournai, et comme par miracle je la vis, enfin, arriver vers moi.

- Lélé ?!

- Edward ! Vous allez bien !!! S'écria-t-elle soulagée.

- Bien sûr que je vais bien ! Où étais-tu ?

- Je ... j'étais allée me cacher ... enfin je ne sais pas, mais il fait froid là !

Lorsque je la touchai, je remarquai ses vêtements complètements trempés.

- On rentre au repère, on discutera là-bas.

Nous rentrâmes tous les deux au repère, et je nous emmenais dans ma petite salle personnelle. Je m'installai tranquillement à mon bureau, tandis qu'Éléanore restait debout à me regarder.

- Je ... je vous croyais mort tout à l'heure ... me confia-t-elle.

- Tu exagères un petit peu, souriais-je.

- Non non, insista-t-elle, quand je me suis approché de vous ... vous sembliez sans vie ... 

Je me redressai, perplexe.

- Comment ça quand tu t'es approché de moi ?

- Quand je suis revenue ... je vous ai vu allongé au sol ... 

- Quand tu es revenue ? Comment ça ? Je ne comprend pas ?!

- Quand je vous ai vu vous battre avec ces deux hommes ... je suis partie ... me cacher. Et quelques temps après je suis revenue parce que j'a ... j'av ... j'avais peur. J'étais seule et je culpabilisais ... et quand je suis revenue, vous étiez inanimé au sol, je vous ai parlé, je vous ai demandé si vous m'entendiez ... mais la seule chose que vous avez faite était de me montrer vos crocs ... et ...

- Et tu m'as donnée ton sang ... coupai-je stupéfait.

- Je vous ai donné mon sang oui ...

- C'est donc ... toi .. qui m'a permis de me relever aussi vite ...

- Je suppose ... marmonna-t-elle.

Je restai bouche-bée. De toute mon expérience de Vampire, jamais un humain ne m'avais fait don de son sang volontairement.

- Et pourquoi tu es partie ?

Elle sembla chercher difficilement dans ses pensées.

- Je ... je vous donnais mon sang, vous ne vouliez pas me lâcher et ... euh ... et ...

Elle sembla étonnée.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Demandai-je.

- Et je ne me souviens plus. C'est bizarre ... Dans ma tête c'est tout noir, je ne me souviens plus !

- Le plus important c'est que tu sois là, confiai-je d'un ton rassurant.

Elle me fixa quelques secondes et me contempla de bas en haut. Le regard qu'elle me portait était tout nouveau, un regard que je ne connaissais pas. Elle semblait tout d'un coup plus confiante qu'elle ne l'avait jamais été avec moi. Je vis apparaître pour la première fois chez elle, un très léger sourire sur le coin des lèvres, j'eus presque l'impression qu'elle avait une attitude espiègle. Sans un mot, elle s'approcha de quelques pas jusqu'à atteindre mon bureau du côté gauche, elle posa sa main sur le bureau et l'autre vint se poser sur mon épaule.

- Lélé ? 

Elle se rapprocha encore un peu plus de moi.

- Je pense, chuchota-t-elle, qu'il vous faudrait un petit remontant après tout ce que vous avez traversé récemment. 

Je commençais à sourire à ces petits mots. Sans attendre, elle me tandis son avant bras et s'assit sur mon bureau. Je répondis à cette invitation en saisissant son poignet et en plantant délicatement mes crocs dans sa chair. Elle eut un petit sursaut à mon contact, ce qui à mon grand plaisir, accéléra légèrement le flux de sang qui venait dans ma bouche. J'en souris de plaisir, et elle le vit sur mon visage. Je fis bien attention à n'en laisser aucune goutte, et à n'en faire tomber aucune nul part d'autre que sur ma langue. Je sentais peu à peu son corps vibrer, et j'éprouvais tant de plaisir à m'abreuver de ce sang, d'une humaine si douce et innocente, volontaire et tout à fait consentante au fait de me nourrir. L'absence de contrainte, d'obligation et de violence rendait pour moi, ce moment tout à fait extraordinaire. 

Je la regardai dans la blanc des yeux, et quand je vis que j'atteignais la limite, je m'arrêtai tout en retirant lentement mes crocs. Elle saignait encore un petit peu, je nettoyai le tout d'un léger coup de langue et lui rendis son bras. Tous deux nous nous regardâmes ainsi les yeux dans les yeux le temps de quelques secondes. C'était assez inhabituel pour moi, et même une première. 

- Ça vous a plu ? Me demanda-t-elle.

- Je ... oui.

Je la fixais encore.

- Tu semble ... si sûre ... dis-je fasciné, tu me crois maintenant ?

- Comment ça ?

- Que je suis un vampire ?

- Bien sûr que je vous crois ! Sinon je ne l'aurais pas fait ! Sourit-elle.

Elle l'avait enfin acceptée ! Moi qui croyais qu'elle était têtue au plus haut, elle a finie par admettre qu'elle avait tort !

- J'ai aussi compris votre histoire avec Erevan quand vous en parliez avec votre ami au bar.

- Je vois que tu as bien réfléchis !

- Et finalement, en y repensant, ces personnes qui ont essayées de vous convaincre, elles n'avaient pas tellement tort de tenter de vous avoir à leurs côtés.

- Oh non Lélé par pitié ... 

- Je veux dire, vous êtes puissants et ... 

- D'accord c'est bon on arrête là pour le moment, tu as peut-être un peu trop réfléchis tout compte fait, je ne tiens pas à ce que mon humaine serve de publicité mobile pour cette ridicule résistance.

Malgré mes derniers mots, elle n'arrêtait, elle ne cessait de me regarder avec ces ... avec ces petits yeux tentant de me faire ployer le genoux. 

- Vous êtes sûr ?

- C'est un non clair et net Léanore, c'est tout.

Au moment où je décidai de mettre un terme à la discussion, nous entendîmes dans le repaire, en dehors de mon bureau personnel, tout un vacarme qui n'était pas rassurant.

Les enfants du démonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant