La musique résonnait à mes oreilles, recouvrant le brouhaha des verres qui s'entrechoquaient et des rires. J'écoutais d'une oreille distraite Rose me démontrer pourquoi il était préférable que je me marie avec l'enfant caché de Voldemort et Sadamm Hussein plutôt qu'avec Jack, quand je réalisais qu'en lettres roses scintillantes les mots « FrenchKiss » s'étalaient sur les murs sombres du carré VIP, ainsi que sur les tenues des filles et des garçons tous sublimes et dénudés qui distribuaient des cadeaux sexy aux invités.
Lancée il y a quelques années, FrenchKiss produisait des sextoys, des films, des costumes et tout un tas de produits dérivés sexy destinés aux femmes, avec une image de marque très haut de gamme : genre porno chic de luxe. Je connaissais bien le sujet, puisque FrenchKiss venait de lancer un très gros appel d'offre pour sa campagne marketing et que nous avions travaillé jour et nuit sur des propositions toutes plus imaginatives les unes que les autres pour tenter de remporter le contrat. Mais tous nos concurrents étaient déjà sur le coup et nous n'avions pas réussi à décrocher ne serait-ce qu'un rendez-vous. Les propositions que nous avions soumises par email étaient restées sans réponse.
Je ne pus m'empêcher de penser qu'à une soirée comme celle-ci, il ne devrait pas être bien compliqué de rencontrer un responsable marketing ou un directeur de publicité susceptible d'écouter avec plus d'attention nos propositions.
— Il faut que je m'incruste à cette soirée, dis-je à Rose, ma décision prise.
Rose, interloquée me dévisageait quand j'avisai une jeune femme particulièrement élégante qui se dirigeait droit sur nous. Ses longues boucles d'oreilles torsadées allaient à ravir avec la multitude de tresses qui constituaient sa coiffure afro et j'étais quasiment sûre d'avoir vu sa robe noire et blanche parfaitement coupée dans la vitrine Chanel de la cinquième avenue.
— Monsieur Spencer, souhaite vous inviter à la soirée FrenchKiss, dit-elle d'une voix toute professionnelle.
Je notais alors son oreillette et la liste d'invités qu'elle tenait à la main : manifestement, elle organisait la soirée du carré VIP. Un instant je me demandais si Monsieur Spencer était l'homme au regard vert, mais Rose devança ma question.
— Et qui donc est Monsieur Spencer ? demanda mon amie.
— Harry Spencer, répondit la jeune femme, en smoking au fond à gauche.
Nous suivîmes le regard de la jeune femme. Un homme élégant avec un petit air de James Bond nous adressa un signe de tête. Juste derrière lui, en pleine discussion, se tenait l'inconnu, il ne semblait pas avoir remarqué le manège de son compagnon.
— Dites à Monsieur Spencer, répondit Rose d'un ton mordant, que nous sommes très bien là où nous sommes.
J'en déduisis qu'elle devait bien aimer le Monsieur Spencer en question : Rose flirtait avec tous les hommes qui s'intéressaient à elle, sauf ceux qui l'intéressaient vraiment.— Pas du tout, nous serons ravies d'accepter.
J'étais déjà debout et entraînait Rose vers le rideau de velours ouvert qui délimitait l'entrée du carré VIP.
— Donc si je comprends bien, maintenant, Emily Jones accepte de se faire payer des verres par des inconnus, ironisa Rose.
Je lui exposais en quelques mots la situation : peut-être cette soirée était-elle l'occasion pour moi de décrocher le rendez-vous que nous attendions depuis des semaines.
— Même quand on croit que tu ne bosses pas, tu bosses, soupira Rose, je te laisse tenter de trouver la bonne personne, personnellement j'ai l'intention de m'amuser.
Joignant le geste à la parole, elle saisit dans un panier que lui tendait un apollon torse nu une poignée de string comestibles et les glissa dans son sac à main.
— Bonsoir.
L'homme que la femme avait appelé Monsieur Spencer s'était approché et nous tendait la main.
— Harry, dit-il.
— Rose, dit Rose à lui tendant une main aux ongles bleu foncé et voici Lilly, enfin Emily, se reprit-elle. Emily voudrait rencontrer quelqu'un du marketing chez vous, poursuivit-elle, quant à moi en l'attendant je serais ravie de vous inviter à boire une coupe de champagne à vos frais.
Harry éclata de rire. Je voyais que Rose ne le laissait pas indifférent et c'est d'ailleurs, je crois, pour se débarrasser de moi qu'il me demanda poliment.
— Tout le marketing est là, qui souhaitez-vous rencontrer spécifiquement ?
— Le boss, répondis-je avec un sourire assuré.
J'ai toujours su donner le change et paraître sûre de moi en contexte professionnel, même si on peut difficilement appeler une soirée débauche où on distribue des mini-croque-monsieurs en forme de pénis aux invités, un contexte professionnel
— Le boss, répéta Harry en riant, rien que ça.
— Du marketing, précisai-je.
— Ne bougez pas, je reviens.
Harry revint effectivement quelques minutes plus tard, alors que Rose et moi, mortes de rire, avions entamé un combat de sabres laser façon Star Wars avec deux godemichets luminescents qu'on nous avait distribués.
— David, je te présente Rose et Lilly, dit Harry.
— Emily Jones, corrigeai-je machinalement, mon gode toujours à la main tout en constatant avec horreur que le directeur du marketing de FrenchKiss, n'était autre que l'inconnu aux yeux bleus que j'avais accusé d'avoir un micropénis. Parfait. Il n'y avait pas à dire c'était mon jour de chance.
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New-York Bad Boy Saison 1
Literatura Feminina"- Je n'ai pas pour habitude de mélanger plaisir et travail, m'entendis-je répondre. - Dommage, j'ai pour ma part l'habitude de mélanger le plaisir avec absolument tout, Miss Jones. " Quand Blanche-Neige rencontre le grand méchant loup, romance, se...