New-York Bad Boy Saison 1

Lily 10

10 Lily

— Tu me rembourseras ce sac s'il crève, Jones !

Je tapais et tapais encore sur le sac de sable. Bernie, le coach de la salle de sport, secoua la tête.

— Je ne sais pas comment tu arrives à planquer toute cette rage dans un aussi petit corps. Travaille un peu ton gainage chérie, ou tu vas finir par te faire mal.

Je redoublais de coups. Ce satané sac allait dégueuler tout son contenu sableux, je ne lâcherais pas la première. D'ailleurs sur les replis de cuir je commençais à distinguer les traits du PDG sexy se dessiner.

—Merde ! criai-je. Pourquoi j'associe « sexy » à « PDG », nom d'un godemichet luminescent !

Je m'arrêtais soudain, complètement vidée. Bernie s'approcha de moi, une serviette sur l'épaule et une bouteille d'eau à la main.

— Je ne devrais pas te dire ça, ma grande, mais tu viens un peu trop souvent depuis quelque temps...

Tous les jours, oui... Il faut dire que lorsque Jack s'était fait la malle avec son assistante j'avais eu besoin de compenser. Comme je fréquentais déjà le Battling Club trois fois par semaine en temps normal, on pouvait dire que l'endroit était presque devenu ma résidence principale.

Un grand blond carré me coula un regard, je le foudroyai en dévissant le bouchon de la bouteille d'eau, ce qui lui fit instantanément passer l'envie de me reluquer.

— Ça ne va pas fort ? On dirait que tu as avalé trois pit-bulls sous amphets.

Je devais réellement paraitre inquiétante pour que Bernie enchainent autant de phrases. Il se contentait habituellement de quelques mots avec ses adhérents, s'en tenant de surcroit à des conseils sportifs ou alimentaires.

— Ça va le faire, répondis-je en lui adressant un sourire.

La porte du club s'ouvrit à la volée. Rose, en survêtement rose fuchsia et gris, traversa la salle sans se soucier des filets de bave qui s'échappèrent subitement des bouches des mâles présents, qui représentaient 95 % de la population de la salle. Bernie leva les yeux au ciel et se frappa le front avec une serviette éponge.

— Quoi ? lui lança Rose sur la défensive.

Elle tenait à la main une corde à sauter et un paquet de gaufres. Bernie soupira, se laissa embrasser sur la joue par la jolie black et nous tourna le dos en grommelant.

— Quoi ? répéta-t-elle à mon intention. Je ne vais quand même pas me mettre à la boxe ?! Corde à sauter, rien d'autre. Je peux bien venir m'entrainer ici, je ne vois pas à qui ça pose problème, conclut-elle en adressant un signe à un black torse nu.

— Tu n'as jamais pris de cotisation Rose, dis-je en riant. Normal que Bernie fasse la tronche.

Mon amie secoua son arrière-train tout en agitant le sachet de gaufres liégeoises.

— Corde à sauter, pour la fermeté. Gaufres, pour les formes. Faut pas déconner : j'attire tellement d'adhérents en te rejoignant ici toutes les semaines que ma cotisation est cent fois remboursée ! Bernie en est conscient, je t'assure !

Elle se mit à sautiller suivant un rythme très régulier. Moi qui pouvais courir vingt kilomètres ou taper des heures dans un sac de boxe, je n'étais clairement pas en mesure de tenir trente secondes sa cadence.

— Des nouvelles de ton beau gosse, s'enquit Rose.

Une bouffée de rage monta en moi et je balançai à nouveau mon poing sur le cuir.

— EN -

Rose sursauta.

— - FOI -

Bernie se retourna.

— RÉ !

Tout les occupants de la salle se tournèrent vers nous. J'avais du marteler ces trois syllabes un poil trop fort... Peu importait : je me sentais extrêmement soulagée.

— Quel est le problème cette fois ?

— Il m'a envoyé un message. Il tient à ce que nous sortions ce soir !

Rose eut sa moue blasidue (un mélange entre la moue blasée de celle à qui on ne la fait pas, et le sourire entendu de celle qui sait très bien comme la situation se terminera, à savoir au lit ou sous la douche.

— Et... m'encouragea-t-elle.

— Et ? dis-je.

— Et je sens que tu ne veux pas y aller, mais que tu vas y aller quand même, je me trompe ? soupira Rose.

Elle devait être en possession de mon mode d'emploi, sans doute coincé dans l'un des tiroirs de sa commode, entre sa lingerie fluo et son vibromasseur à tête rotative.

— Tout ce dont j'ai envie, c'est de lui coller une droite, un coup de boule et de lui rouler une pelle, dis-je en m'asseyant en tailleur sur un tapis et en m'épongeant la nuque.

— À ta place je lui roulerais la pelle en premier... suggéra Rose en visualisant la scène.

— Et ensuite, je lui sauterais dessus, je lui arracherais sa chemise à 4000 dollars, et je lui lècherais le torse. Avant de lui crever les yeux, bien sûr.

— Wouaw...

— Quoi ?

— T'es encore plus accro que ce que je pensais.

Je me laissai tomber à la renverse. Rose s'arrêta de sauter à la corde, ouvrit dans un grand bruit de papier froissé l'emballage de sa gaufre au sucre, manquant de faire défaillir un certain nombre d'adeptes des granules protéinés présents dans la salle.

— Je ne peux pas dire non ! Et cette enflure le sait ! Il a exigé que je sois son interlocutrice exclusive !

Rose se pencha au-dessus de moi.

— Ma pauvre chérie... Tu penses que tu vas t'en remettre ?

Je lui lançai ma serviette au visage en pestant.

— Je vais y aller, Rosie. Et je vais lui faire regretter de pas être gay, crois moi. Il passe me prendre en bas de chez moi, il n'a jamais voulu me dire où il comptait m'emmener.

Rose croqua dans une deuxième gaufre.

— Fu fe fe fe femande fa Farry ?

— Quoi ?

Elle déglutit, saisit ma bouteille d'eau et, après quelques secondes insoutenables, rompit un silence qui tenait en haleine toute la salle de sport.

— Tu veux que je demande à Harry ?

— ...

Elle étira ses bras négligemment.

— Je ne t'ai pas dit ? Je me suis tapé le pote de ton PDG sexy hier soir... Sacré coup.

 Au fond de la salle, un brun taillé comme un dieu grec laissa tomber un haltère sur son pied.

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Love,

Natacha