Chapitre 19: Traître

213 17 0
                                    

[PDV de Dylan]

Jay me regardait en me lançant un sourire que je percevais à peine dans la pénombre ambiante. Je lui fis signe de me suivre et retournai dans la partie habitable de l'entrepôt, où se trouvait encore ma proie. J'entendis les pas traînant de cet imbécile. En entendant le bruit de la porte, j'avais d'abord cru que la police était déjà remontée jusqu'ici, ou qu'un passant trop curieux s'était arrêté en voyant de la lumière dans ce vieux bâtiment abandonné depuis des lustres. Je devais bien avouer que la deuxième option me plaisait déjà plus, ça m'aurait fait un nouveau jouet. Je ne pouvais pas toucher à Kaila. Pas maintenant.

Une fois assis autour de la grande table en bois avec Jay, je reposai mon couteau, le gardant tout de même à porté de main, par précaution.

-T'as quoi aujourd'hui?

-J'ai pris quelques trucs vite fait, comme d'hab'. Répondit-il en me tendant un paquet rempli de sandwichs, de sodas et ce genre de cochonneries. D'ailleurs, en ville y a des affiches avec ton nom et ta tronche placardées partout. Tu devrais éviter de bouger pendant un moment.

-Je sais. Et je sais ce que j'ai à faire.

-D'ailleurs Castiel cherche comme un fou depuis qu'il a compris que c'est toi qui a Kaila. Et Caleb pareil.

-T'inquiètes, y a aucun moyen que cet abruti nous trouve. Mais fais gaffe de ne pas être suivi quand tu viens ici.

-Ouais ouais, je suis pas con.

"Ah ouais? T'en es vraiment sûr?" pensai-je très fort, mais je ne dis rien. Le bruit de l'eau venait de se stopper et j'entendis Kaila m'appeler d'une petite voix. Un long soupire s'échappa de mes lèvres et je me levai pour aller voir ce qu'elle voulait. Lorsque j'ouvris la porte, elle se cacha direct derrière la paroi de la douche. Pitoyable.

-Je... Je pourrais avoir une serviette ?

-Dans le meuble. Tu m'as dérangé juste pour ça ?

-Et des vêtements ?

-Mais tu me saoule!

Elle grogna un truc du genre "j'ai pas choisi d'être là" et "t'avais qu'à pas me kidnapper si tu me supportes pas". Je vis sa petite tête sortir de derrière la douche et me regarder, tel une biche apeurée. Ses long cheveux trempés couleur ébène retombaient sur son visage, collant à sa peau. Elle était vraiment pitoyable dans cette posture. Je me retournai et partis pour aller lui chercher de quoi s'habiller, faut toujours tout faire avec les filles putain.

------------

[PDV de Kaila]

Je pris une serviette dans le meuble indiqué par Dylan et attendis patiemment qu'il revienne. Il finit par réapparaître au bout de dix minutes, avec des fringues me semblant plus correspondre à un mec qu'à une fille.  Faut pas tout ce temps pour prendre quelques vêtements et revenir quoi. Je pris ce qu'il avait dans les mains et lui fit signe de sortir. Il grogna et me regarda froidement, à mon avis à deux doigts de m'étrangler sur place. Je reculai légèrement, prise d'une soudaine envie de me cacher au fond d'un trou, et un léger sourire se dessina sur ses lèvres,  avant qu'il ne se décide enfin à partir, ne prenant pas la peine de fermer la porte. Par l'entrebaillement de celle-ci, j'aperçus un type, de dos, assis à table, mais je n'y fis pas vraiment attention. Si Dylan a envie de s'amuser avec un mec il fait ce qu'il veut. Je me retournai et posai les vêtements sur le meuble. C'étaient en effet des vêtements de mecs. J'aurais pu rentrer deux fois mon corps dans le t-shirt et pareil pour le jogging.

Je sortis une quinzaine de minutes plus tard, ayant pris mon temps pour éviter de me retrouver de nouveau face à ce malade. En arrivant près de lui, je vis que le type qui buvait tranquillement installé en face de mon psychopathe de frère n'était autre que mon soit disant meilleur ami. Soit il était là pour me sauver, ce qui m'étonnerait franchement vu qu'il sirotait tranquillement une bière en compagnie du type qui m'avait kidnappée à deux reprises, soit il était de mèche avec ce connard,  ce qui me semblait déjà plus plausible.

-Jay...

-Hey Kaila, ça faisait longtemps!

-Pas assez visiblement.  Qu'est ce que tu fous ici?

-Je suis venu aider mon vieil ami.

-Dylan? Sérieusement?

-Ouais chérie,  depuis le début je suis là pour l'aider. Que ce soit au lycée ou chez toi j'étais là pour te surveiller.

D'un coup j'avais très envie de voir le couteau que Dylan gardait près de lui finir dans la gorge de Jay. Cet enfoiré m'avait menti depuis toutes ces années juste pour épauler ce psychopathe. Pour l'aider à me retrouver. Pour l'aider à me faire souffrir. Et ce traître osait me parler comme si de rien n'était, comme si tout était normal. Toutes les techniques de meurtre que je connaissais défilaient dans ma tête lorsque la voix grave et posée de Dylan me sortit de mes pensées.

-Viens là, faut que j'aille te rattacher.

-Quoi?! Non !  S'te plaît ! 

-Tu crois peut être être en mesure de discuter Parks ? 

Je baissai instinctivement la tête en ne répondant rien. L'entendre m'appeler par mon nom de famille me procurait des frissons indescriptibles, à tel point que tout le courage qui m'était revenus quelques instants plus tôt avait de nouveau disparu. En relevant les yeux, je le vis sourire, puis il m'attrapa le poignet et me tira en dehors de la pièce. Je tentai de lutter mais sa prise était trop forte, il aurait même pu me broyer les os s'il l'avait voulu. Il me fit retraverser le bâtiment pour me ramener dans la petite pièce glaciale et flippante où il m'avait enfermée. Moi qui pensait qu'il prenait enfin en compte le fait que je sois un être humain et non une vulgaire proie.

Il me fit me rasseoir sur le vieux matelas délabré et me rattacha le poignet, me laissant pour une fois l'autre libre.

-Mais quelle attention.

-La ferme, j'ai pas envie de te faire de mal, pas maintenant.

-Tsss... Au fait, comment est-ce - que tu connais Jay?

-C'est pas tes oignons Parks, maintenant ferme la et dors.

Il se redressa et se tourna dos à moi pour aller chercher quelque chose sur une petite table.  Je râlai et lui tirai la langue comme une gosse, avant de le voir se retourner avec ce qui ressemblait à une seringue dans les mains. J'ouvris de grands yeux en le voyant se rapprocher avec ce truc, mais en moins de trente secondes,  l'aiguille était enfoncée dans ma chair et le liquide se déversait dans mon corps.  La dernière chose dont je fus consciente avant de sombrer dans les ténèbres fut ses lèvres se posant sur mon front, beaucoup trop tendrement pour être un baiser de taré comme lui. Plus comme un bisou de grand frère attentionné...

DérangéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant