PDV LEYNAH
"Coucou toi,
Tu as bien fait de l'envoyer chier ! Voilà maintenant que ça c'est dit:
je me demandais si tu connaissais Oriane ? C'est une fille de seconde, du style créatrice de scandales et d'emmerdes diplômée de l'université Relou-sur-seine. Le genre de fille qui parce qu'elle a deux ballons à la place de la poitrine se sent obligée de les partager avec tous les footeux du coin. Non je ne suis pas remonté contre elle, c'est juste que ce genre de minettes m'exaspère (et qu'elle tourne autour de plus de la moitié des gars de première et terminale (l'autre moitié rêve de lui faire un petit'' coup de tête, manchette, balayette '' la famille) en bref elle fait sensation).
Bon assez tergiversé, pour répondre à ta question : je ne pense pas que cette confiance repose sur l' anonymat. Personnellement c'est ta personnalité qui m'a donné confiance. En réalité je serai peut-être même rassuré de te rencontrer, je veux dire que ça me donnerait l'assurance que tu n'es pas un vieux pervers pédophile ou un youtubeur canular ! (quoique si tu étais un vieux pervers je pense que je tomberais instantanément amoureux, trop mon genre. Surtout si tu porte un imper, des lunettes et une moustache en forme de brosse à chiotte. La totale, look de voyeur, j'adore. Bon, assez parlé de mes fantasmes.)
Je ne suis pas serein par rapport à notre système de pochette, n'importe qui pourrait lire ces lettres. (méchant n'importe qui !) Nous rencontrer faciliterait les choses, non ?Où en es-tu pour ton orientation vers une première spécifique ? Le choix a lieux bientôt si je ne me trompe ? Dis-moi tout !
Comment ça se passe entre tes parents ?Tu sais qui (non pas celui dont on ne dois pas prononcer le nom.)"
Je me bidonne à chacune de ses lettres... Sauf celle-ci. Mon ventre c'était serré quand j'avais lu le nom d'Oriane. Bien sûr que je la connaissais, je la connaissais même plutôt très bien. Petite, avec de long cheveux ambrés, elle avait toujours plu aux garçons. Nous étions inséparables au collège mais avions fini par largement nous distancer en entrant au lycée. Malgré tout, aujourd'hui encore, il arrivait que des personnes nous confondent et elle avait une importance pour moi.
J'avais pris conscience de son caractère aguicheur bien avant notre entrée au lycée mais je trouvais les propos de mon partenaire épistolaire bien trop abruptes.Le fait qu'il souhaite me rencontrer n'arrangeait rien à tout ça. C'était un non catégorique. Je ne peux pas. J'ai peur, je ne veux pas tout gâcher. Et si je regrettais tous ce que je lui avais raconté en le voyant ? Jusqu'ici ne nous transmettre aucune (ou quasiment aucune) informations personnelles avait été une sorte de bouclier. Sans ça je n'aurais su être si à l'aise, je me serais sentie vulnérable.
Après réflexion je pris la décision de ne pas répondre à toutes ses questions.
"Cher toi,
Je ne sais que choisir, on me demande si je préfère les lettres ou les sciences mais je n'aime pas avoir à faire ce choix. Les lettres et les sciences sont complémentaires, pourquoi donc se forcer à rendre nos études incomplètes ? Pourquoi ne pouvons nous pas choisir une orientation qui permettrait les deux ? On me propose de choisir entre deux chemins alors que je me sens à ma place quand j'ai un pied sur chaque. Il y a des choses qui me plaisent dans ces deux domaines aussi bien qu'ils comprennent aussi des notion que je n'aime pas.
Ma mère me voit artiste et star, l'école me voit ingénieur après de longues études, mon père me voit écrivain, tu me vois vieux pervers (loul) , mais moi, tout ce que je veux c'est être heureuse.
Qu'est ce qui ne va pas chez moi ?!
Et toi, où en es-tu ?Concernant mes parents, c'est moins tendu ces derniers temps, mon père dine plus souvent que d'habitude à nos côtés et ma mère, peut-être par découragement, commence à me laisser plus d'espace qu'avant. Mais qui sait, c'est peut être le calme avant la tempête.
Dans l'attente de tes nouvelles et dans l'espoir que Nimporteki ne se mêle pas de notre échange
Moi (est-ce que c'est vraiment nécessaire que je signe ?) "
Maintenant je ne pouvais qu'espérer qu'il ne me tienne pas rigueur de cette réponse relativement brève et incomplète. Je pliais la feuille de papier avant de la fourrer dans ma poche, d'attraper mon script et de sortir du train. Je n'étais encore jamais descendue à cette station. Je sorti mon portable : "sortie rue de Pont-Aven, puis prendre à gauche et continuer sur 50 mètres". Je vissais mes écouteurs aux creux de mes oreilles (un peu de Chopin pour se détendre) et suivi les instructions de mon GPS. Ce quartier de la ville était très moderne et surtout composé de bureaux. Le genre de quartier un peu glauque ou flotte constamment une odeur de mal bouffe et de pollution. "prendre à gauche, continuer jusqu'à la voix ferrée." Ce même genre de quartier où je repugnerais me promener seule. Je remarquais une fille du même gabarit que moi, elle aussi habillée sobrement, qui me devançant de quelques mètres. Elle était sûrement là pour la même raison que moi. "continuer sur votre droite sans traverser la voix ferré sur 150 mètres. Arrivée." Je devrais certainement être en train de réviser le script mais je l'avais assez relu à mon goût et étais convaincu que ma réussite ne dépendrait que de la chance.
***
Je ne saurai dire quel moment fut le plus affligeant. Le gros blanc que j'ai su installé quand j'ai oublié ma deuxième réplique, le petit couinement désapprobateur de la directrice de casting en face ou mes excuses pitoyables quand j'ai cherché à me justifier. Rappelez-moi de ne plus compter sur la chance.
Je ferai un arrêt au square en rentrant chez moi. Mais avant tout j'attrapais mon portable et envoyais un message à Oriane.

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Sous un chêne
Fiksi RemajaImaginez, elle est jolie, a la peau hâlée et de beaux cheveux châtains. Elle aime écrire, c'est une passion, mais rare sont les personnes qui ont eu un jour la chance de lire ce qu'elle écrit. Imaginez encore un peu, lui, il aime sa vie banale, sa b...