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Je ne sais pas comment, mais j'ai trouvé ce courage. Sans savoir ce qui allait suivre, sans savoir si ce serait positif ou négatif, sans savoir si j'aurais la moindre chance. Je l'ai juste fait. Sans réfléchir. J'ai dit ce que je pensais.

- Moi, j'ai besoin de donner de l'affection.

J'ai dit ça tout doucement. Tellement timidement au fond, que j'ai cru qu'il ne l'entendrait pas. Mais il a entendu. Il m'a regardé. Puis, il a souri.

- Ouais, je comprends. T'as tellement l'habitude de chouchouter tes petites femmes, t'es perdu sans elles.

Et c'est tombé à plat.

- Si tu veux, je dis alors

Il me sourit toujours, puis il secoue la tête. Pourquoi il a l'air tant amusé ?

- Bon, si t'en débordes tellement, tu peux m'en donner un peu. Je m'offusquerai pas.

Je l'interroge du regard. Est-ce qu'il a vraiment dit ça ? Ou c'est mon imagination qui me joue des tours ? Ca peut clairement être mon imagination qui me joue des tours. Ça m'est arrivé tellement de fois.

- Je te promets, dit-il. J'ai rien contre les câlins. J'ai pas eu de sœurs moi, je sais pas ce que c'est, l'affection c'est pas ce que j'ai eu le plus à la maison. Plutôt les chamailleries, les bagarres... tu vois le genre.

- Tu me demandes de devenir ta sœur ? je demande malicieux

- Eh, non, dit-il en se reculant subitement. Les filles, y a rien de plus chiant. Je disais ça pour toi.

- Bah, si ça tient toujours, je suis d'accord, je dis alors

- Ouais ?

- Ouais.

Finalement, ce n'est pas tombé si à plat que ça. J'ai l'autorisation de lui faire des câlins. C'est un grand pas. Je pense que c'est un grand pas. C'est forcément un grand pas. C'est un énorme pas.

Alors pourquoi je me sens toujours aussi mal ?

- Cool, dit-il, clôturant la conversation


~-~-~-~-~-


Je me retiens de soupirer depuis dix bonnes minutes. Et si je me retiens, c'est juste pour ne pas attirer l'attention. La soirée a commencé depuis presque une heure, et j'ai surpris plusieurs fois les regards réprobateurs de Liam sur moi. Je l'aime bien, mais je n'aime pas ce regard. Et j'y ai droit à chaque fois que je suis un peu proche de Niall. Alors, je finis par lui rendre son regard, pour lui faire comprendre que je ne bougerai pas. Il secoue la tête, et semble déçu. Déçu de moi. C'est encore pire, j'aurais mieux fait de l'ignorer.

Je me sens très mal. Vraiment très mal. Ça a commencé en me réveillant ce matin, ça a continué toute l'après-midi, et maintenant, ce soir, ça ne fait qu'empirer. Il n'y a même pas vraiment de raison, et ça craint. Ça prend part de moi, comme un monstre, une bête répugnante et terrifiante qui me bouffe petit à petit de l'intérieur, qui se nourrit de toute ma joie, de tous mes sourires, de toute ma vie.

Et le pire dans tout ça, c'est que ce monstre, c'est moi. Les monstres n'existent pas, c'est moi qui souffre, c'est moi qui suis mauvais. C'est moi, qui me gangrène seul.

Alors pourquoi Niall voudrait de moi ?

Voilà pourquoi il n'a pas posé les yeux sur moi depuis que cette soirée a commencé. Il sait à quel point je suis mauvais. Il connait le monstre. Il le voit. Voilà pourquoi il ne s'intéresse pas à moi.

Liam me fait signe de le suivre, et on se retrouve dans la cuisine.

- Tu m'expliques ? demande-t-il immédiatement

- Quoi ?

- Ne joue pas à ça avec moi, dit-il en croisant les bras

Je soupire, et mes épaules s'affaissent. Je me sens tellement petit, nul, insignifiant, inutile.

- On dirait une pauvre fille qui essaie désespérément d'avoir l'attention de son crush, qui ne la voit même pas.

- Bah...

- Et, c'est exactement ça, reprend-t-il immédiatement. Reprends-toi mec.

- Facile à dire, tu veux que je fasse quoi ?

- Je sais pas, mais essaie de paraitre un peu moins en crise. T'as passé l'âge de ces conneries, tu crois pas ?

Je reste immobile, puis acquiesce. Liam a ce don de savoir toujours m'ouvrir les yeux quelle que soit la situation.

- Je suis ridicule.

- Mais personne ne l'a remarqué, me dit-il rassurant. A part moi. C'est vrai que t'es carrément ridicule.

- Merci, je dis vexé

Il me sourit, et me fait une tape sur l'épaule encourageante, avant de me pousser vers le salon, où on retrouve les autres.

Et maintenant, je fais quoi ? Je ne sais même pas quoi faire à ma propre soirée, ça craint.

- Y a plus de chips, dit Niall faussement larmoyant

- Noooon, chouine Louis qui à mon avis a bu une bière de trop

- Si, déplore Harry

- Laissez, j'y vais, je me dévoue

Je me lève du canapé sur lequel je viens de m'asseoir, et pars vers la cuisine. Je ramène plusieurs paquets de chips, que j'ouvre et verse dans les saladiers sur la table basse.

- T'es un ange, me dit Niall avant de prendre le saladier qui vient de se remplir de chips

Mon cœur vient de se réchauffer, ça a été instantané.

Tant pis pour Liam et son regard désapprobateur, Niall pense que je suis un ange, c'est beaucoup plus important.

Même si, pour ça, il a fallu que j'accoure lui chercher sa bouffe. Même si, pour me dire ça, il ne m'a même pas regardé moi mais sa bouffe.

Il a dit que j'étais un ange, et c'est tout ce qui compte.


Bipolar (Z.M / N.H)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant