Comme d'habitude, la circulation est affreuse. Je vais peut-être reconsidérer l'option métro. Je suis anxieux, et c'est d'autant plus désagréable car je ne sais absolument pas pourquoi. Cette histoire de mariage est un vrai poison, il faut que je trouve une solution. Ah, une solution, comme-ci il y en avait une. Perdre mon héritage ou dire adieu à toutes chances d'être heureux, magnifique. Cependant, j'ai déjà l'impression d'avoir pris ma décision. Bordel, il me faut l'avis de Matt.
Nous arrivons enfin, après vingt minutes environ. Je congédie mon chauffeur et entre dans l'immeuble délavé. Je ne prends pas la peine d'appeler à l'interphone, il fonctionne une fois sur dix. Rapidement devant la porte de mon frère, je toque vigoureusement. J'entend du bruit dans l'appartement, et deux secondes après, Matt se présente à moi, dans un t-shirt froissé.
- Eden ! s'exclame t-il précipitamment. Euh, je ne t'attendais pas frangin, je..
Je ne lui laisse pas le temps de finir et entre. J'ai l'impression de porter les souliers d'un petit garçon de quinze ans et je n'en peux plus.
- Je sais, j'aurais dû te prévenir mais j'ai essayé de te joindre. Pourquoi tu ne m'as pas rappeler ? lui demandais-je, en m'écroulant sur son canapé tout mou.
- Ouais désolé pour ça, j'ai eu une matinée chargée, bégaya t-il. D'ailleurs..
Je le coupe encore une fois.
- Laisse tomber, il faut que je te parle d'un truc.
Il se dandine face à moi, hésitant. Est-ce que je le dérange ? Mon frère pousse finalement un soupire et cède.
- Je t'écoute.
- Bon, j'ai parlé avec Augustin ce matin, bien que je ne suis pas certain qu'on puisse appeler ça "parler", dis-je avec un rire jaune. Matt, si je veux garder la société, je dois épouser Amber.
Il ne semble pas percuter, vu le visage impassible qu'il affiche. Ou peut-être est-il tout simplement habituer à ce genre de magouilles. Cette deuxième option ne m'étonnerait pas.
- Ce mariage n'aura aucune valeur, en tout cas pas à mes yeux, ajoutais-je. Merde, je ne veux pas me coltiner cette cruche jusque dans la tombe !
Matt ne relève pas. Son attitude est vraiment étrange. Alors que je m'apprête à lui demander quel est le soucis, il me coupe l'herbe sous le pied.
- Et Scott Corporation ? m'interroge t-il.
Je soupire.
- Je n'ai pas envie d'y renoncer, je n'en sais rien. Que ferais-tu à ma place ?
- Je ne suis pas à ta place, Eden, répliqua t-il durement.
Je le dévisage, étonné. Mais qu'est-ce qui lui prend à la fin ? Il agit comme s'il me cachait quelque chose. Ai-je débarqué au mauvais moment ?
- Qu'as-tu ? le questionnais-je.
- Rien, rien. Écoute je préférerais que tu partes, tu ne tombes pas bien, lâcha t-il mal à l'aise.
Oh. Effectivement, ça ne devait pas être le bon moment. Soudain, je percute. Mais quel idiot je fais ! Il n'est pas seul, voilà qui explique tout. Serait-ce la jolie rousse ? Je lui adresse un sourire taquin, et commence à le charrier un peu.
- C'est ta cliente, ein ?
- De quoi tu parles ? Il n'y a personne ici, allez dégage Eden.
J'éclate de rire, quand un bruit nous parvient depuis la chambre à coucher. Personne, n'est-ce pas ?
- Laisse moi la voir !
Je vois bien la panique qui l'envahit, mais je n'y prête pas attention, persuadé qu'il fait son timide. Alors je me dirige à pas de loup vers la pièce, dans l'espoir d'apercevoir une chevelure flamboyante. Et pourtant. À mesure que j'approchais, Matt jurait. Pourquoi un tel comportement ? Qu'est-ce qu'il cachait ? Mon mauvais pressentiment refit surface. J'ouvris brutalement la porte. Et ce ne fut pas une jolie rousse.
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Romance« Ils m'ont raconté que j'avais tout. Absolument tout. L'argent, le pouvoir et l'amour. Je sais. Ça paraît idyllique comme ça. J'étais puissant. J'étais au sommet. Mais je ne m'en souviens pas. Je ne m'en souviens plus. J'ai tout oublié. » ...