Chapitre 1

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Ma vie n'a jamais été parfaite, mais je fais partie des personnes qui croient en Dieu. Qui croit au jour meilleur et au destin. Certaines personnes disent que ma foi m'empêche de faire ce que les personnes de mon âge font, mais je ne me sens pas si différente que cela. Je viens d'avoir dix-huit ans et cette rentrée, j'entre à l'université. En psychologie pour être plus précise. Il n'y a pas cette université dans la petite campagne où j'habite. Dieu merci, j'ai pris une chambre d'étudiant loin des mauvaises ondes qui m'envahissent ici. Ma mère a été très réticente à l'idée de me laisser partir étudier à plus de deux heures de la maison, mais j'ai su être convaincante. Elle a ce besoin de toujours vérifier ce que je fais, où je vais, ce que je mange et j'en passe. Ça en devient si lourd que je suis assez contente de m'éloigner d'elle.

    Ma mère est aussi très croyante et c'est elle qui m'a inculqué la plupart de mes valeurs religieuses. Mon père aussi bien sûr, mais disons qu'il a été un peu moins présent. Je ne lui en veux pas. Il s'est toujours débrouillé pour nous faire vivre et je le remercie profondément pour ces sacrifices.

    -Alaina, tu pars déjà ? Me souffle ma petite sœur.

    -Oui, j'ai mon train dans moins d'une heure.

    Elle fait la moue et vient rapidement m'enlacer.

    -Tu vas me manquer.

    -Tu vas avoir seize ans, tu ne vas quand même pas pleurer. Je rentrerais tous les week-ends.

    -Wendy est déjà partie, et maintenant toi. Je vais rester toute seule.

    Je soupire de fatigue. Elle fait la moue simplement parce qu'elle sera la seule enfant à la maison. Ma grande sœur est partie, il y a plus de deux ans. Elle étudie à l'étranger, du moins c'est ce qu'elle fait croire à nos parents.

    -Bonne chance.

    Je rigole en terminant de fermer ma valise. Je rentrerais ce week-end rien ne presse, je peux bien laisser quelques affaires ici après tout.

    -Bon aller, j'y vais. Dis-je en bondissant.

    Je suis si excitée à l'idée de quitter le cocon familial. J'avoue que ça fait bien longtemps que j'y songeais.

    -Alaina, on y va ! Crie ma mère depuis le rez-de-chaussée.

    Je prends ma valise et descends à toute vitesse de l'escalier. Ma sœur me suit de près et on s'en va toutes les trois.

    -Tu es sûr que ça va ? Tu ne parles à personne dans le train. Tu m'appelles dès que tu arrives et surtout, s'il y a un problème, tu me téléphones immédiatement !

    -Je ne suis plus une enfant, maman. Dis-je en levant les yeux au ciel.

    Ma mère est incroyable. Je ne suis plus une gamine.

    -Et alors ? Les accidents n'arrivent pas qu'aux gamines.

    -Mais pourquoi devrait-il y avoir un accident ? Maman !

    Je suis excédée, complément épuisé de toutes ces recommandations. Durant les trente minutes de trajet entre la gare et notre maison, ma mère n'a pas arrêté de me farcir ces règles. J'ai compris. Quand va-t-elle se décider à me laisser vivre ma vie comme je l'entends ? J'ai respecté ces lois plus de dix-huit ans, je peux bien commencer à créer les miennes, non ?

    -Excuse-moi. Appelle-moi dès que tu arrives.

    Elle m'enlace et je fais un « oui » de la tête. J'enlace ensuite ma petite sœur. Ses yeux noisette sont mouillés, ce qui me fait sourire. Je ne sais pas si elle va se mettre à pleurer parce que je vais lui manquer ou parce qu'elle va se retrouver seule en tête à tête avec notre mère. J'imagine bien la scène et ça me fait ricaner.

Ma vie, ma foi et toi... (SOUS CONTRAT D'ÉDITION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant