Février 2017
"Et comment cela s'est passé à la fin des vacances?" questionne Cameron
"Ce fut un drame. Je me suis transformée en véritable fontaine durant des jours. Et la rentrée qui approchait n'arrangeait rien du tout" avouais-je d'une petite voix
"Ma pauvre Ondine. Huit ans et sa première peine de cœur" soupire Enzo
"Ce n'était pas une peine de cœur. C'était la première fois que je passais d'aussi bonnes vacances. Je m'étais fait un ami et son départ me rendait triste c'est tout" grommelais-je
"Bien sur, on va te croire. Tu commençais à tomber amoureuse" sourit Sabrina
"N'importe quoi!!" marmonnais-je
Fin Août 1997
Il est parti. Depuis hier après midi. J'ai vidé la boîte de kleenex, à force d'essuyer mes larmes. Je me retrouve seule. Encore une fois. Il m'a promis de revenir aux prochaines vacances. Pas celles de la Toussaint, ni celles de Noël, ni les suivantes. Non, seulement aux grandes vacances, c'est à dire dans presque une année. Un an à l'attendre. Un an à espérer qu'il acceptera de jouer encore avec moi.
On s'est tellement bien amusés tous les deux. Le beau temps a été au rendez vous durant ces deux mois. Je ne compte plus les écorchures sur mes genoux à force de crapahuter dans le bosquet derrière nos maisons. Bosquet qui est devenue notre repaire secret. En faisant le tour, nous avons trouvé des branches et avons construit une cabane. Pas un super truc mais quelque chose qui y ressemblait. Dans le grenier de sa grand mère, il a trouvé deux trois bricoles pour l'aménager : une vieille couverture pour qu'on puisse s'asseoir, une caisse faisant office de table. Ce n'était pas grand chose, mais pour nous c'était un luxe. On avait pris l'habitude chaque après midi d'emmener notre goûter dans un sac, puis nous faisions comme ci nous partions en exploration, nous battant contre des ennemis imaginaires. Lucas volait à mon secours, il devenait mon héros. Plus d'une fois j'ai eu envie de lui faire un bisou sur la joue, mais j'avais peur de sa réaction. Nous prenions notre goûter tous les deux, surveillant les abords de notre cabane attentivement de peur d'être attaqués par surprise. Le jeu nous prenait tellement que souvent j'en oubliais l'heure. Combien de fois j'ai entendu ma mère hurler pour me demander de rentrer à la maison? Tout le quartier devait l'entendre. J'avais honte à chaque fois.
Lucas me regardait à chaque fois d'un air rempli de pitié. Je baissais toujours les yeux puis ramassais les restes de mon goûter que je plongeais dans mon sac avant de me lever et lui marmonner un "à demain" à peine audible.
Quand je rentrais à la maison, ma mère était toujours dos à moi quand j'entrais dans la cuisine, mais à ses gestes nerveux, je devinais la tension qui l'habitait. Et quand elle se retournait, je savais qu'elle allait recommencer à me hurler dessus. Je devenais son défouloir verbal. Les insultes fusaient. Même mon père restait silencieux devant son acharnement. Et moi je prenais la direction de la salle de bains pour me laver, je mettais mon pyjama et attendais dans ma chambre qu'on m'appelle pour le dîner.
Février 2017
"Bon sang Ondine ton père était là et ne disait rien?" s'étonne Enzo
"Non. Je l'ai toujours vu faible par rapport à ma mère. Elle criait après lui aussi, et lui ne disait jamais rien" avouais-je
"Il aurait pu quand même te soutenir face à elle" gronde Cameron
"Oui il aurait pu mais il ne l'a jamais fait. Cameron, un mojito s'il te plait" demandais-je en prenant un verre vide devant moi.
L'alcool délie les langues, c'est vrai. Ils sont en train de découvrir tout de ma vie. Les bons comme les mauvais côtés.
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SECRETS (sous contrat d'édition)
RomanceIls ont huit ans lorsqu'ils se rencontrent pour la première fois. De jeux d'enfants à ceux de presque adultes, ils se jurent de se revoir à l'issue des études de Lucas. Sauf que rien ne se passe comme prévu. Quand Ondine le revoit, des années plus t...