Partie 14

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Février 2017

Des larmes coulent sur mes joues. Je savais que parler de cette période serait douloureux mais je ne pensais pas que cette douleur était encore aussi vive.

"Prends ton temps Ondine" me rassure Sabrina

"Ondine, tu sais, si c'est trop difficile pour toi d'en parler, ne le fais pas" ajoute Cameron

"C'est vrai Ondine. On ne t'en voudra pas tu sais" continue Enzo.

Je secoue la tête de gauche à droite.

"Vous devez savoir. C'est important pour que vous compreniez tout ce que j'ai enduré. Et pour que vous compreniez aussi pour quelles raisons je vous ai caché l'existence d'Eliott" me justifiais-je


Octobre 2007

Le verdict est sans appel. Je suis enceinte. J'attends un bébé de Lucas. Un bébé conçu cet été. Je n'y connais rien en dates, en calculs. Je ne sais pas de combien de temps. Et j'ai peur. Il y a un petit mélange de lui et moi qui est installé au chaud dans mon ventre. Un petit quelque chose qui n'était pas prévu.

Que vais-je faire? Que vais-je devenir? Je regarde encore une fois ce test de grossesse, les deux barres qui sont affichées et la notice une fois de plus. Non je ne me suis pas trompée. L'explication de la notice est on ne peut plus claire.

Je cache ce maudit test au fond de mon tiroir à chaussettes et tente de réfléchir à ce que je dois faire, à ce que je veux faire. Je n'en ai aucune idée. Je n'ai pas de travail. Pas d'argent pour me permettre d'élever correctement un enfant. Je suis véritablement dans une merde pas possible. J'attrape mon sac à dos et prend la direction de l'arrêt de bus. Peut être que m'occuper l'esprit me permettra de penser à autre chose.

Les cours m'ennuient aujourd'hui. Je suis pensive. Mes feuilles de cours sont gribouillées de son prénom. Lucas. Je jette un œil toutes les cinq minutes sur ma montre. Vivement que cette journée soit finie. Vivement que je rentre, même si je n'ai pas envie de me retrouver avec elle. Je ne supporte les jacasseries des filles de ma classe concernant des sujets qui m'horripilent le plus souvent. La sonnerie enfin retentit, annonçant la fin des cours. Je me précipite vers l'arrêt de bus. Il pleut. C'est bien ma veine. En plus d'avoir une vie merdique, la météo s'y met aussi.

Ma mère est déjà rentrée. Cela ne me surprend pas. J'entre par la porte du garage, retire mes chaussures mouillées, enfile mes pantoufles puis accroche mon blouson sur un cintre que je place sur la corde à linge près de la chaudière pour qu'il sèche. J'entre dans la cuisine, mon sac sur le dos. Elle n'y est pas. J'attrape une bouteille d'eau, quelques gâteaux et monte l'escalier qui mène à ma chambre. Je suis à peine entrée qu'elle me tombe dessus. Le visage rouge d'une colère que je ne lui connais pas. La brûlure que je sens sur ma joue accentue mes craintes. La gifle est plus cinglante que les autres. Je porte une main à mon visage, totalement perdue.

"Depuis quand?" crache t'elle

"Depuis quand quoi?" bafouillais je difficilement

"Ton bâtard! Depuis quand tu le caches?" continue t'elle d'hurler

"Comment tu sais?" ânonnais-je difficilement

"J'ai trouvé ça figure toi dans ton tiroir" répond elle en montrant le test

"Tu fouilles dans mes affaires maintenant?"

"J'ai tous les droits! Je suis chez moi. Alors, depuis quand?"

SECRETS (sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant