Partie 8

4.3K 455 17
                                    

Eté 2002

Mes mains étaient sur sa taille. Et les siennes, sur la mienne. Ce baiser avait vraiment quelque chose de différent. C'est comme s'il tentait de nous faire oublier l'année écoulée. Comme s'il tentait de nous rappeler combien nous avions besoin l'un de l'autre.

Nos retrouvailles étaient conformes à celles que j'imaginais. Il était toujours là. Avec moi. Avec ces sentiments qui me prenaient aux tripes. Cette année écoulée loin l'un de l'autre n'avait rien changé. Peut être même que ce que je ressentais à cet instant précis était bien au delà de ce que j'aurais pu imaginer. Je l'avais dans la peau. Irrémédiablement.

Cet été là, nous l'avions passé à écouter de la musique, beaucoup de musique. On chantonnait ensemble le tube d'Indochine "J'ai demandé à la lune", découvrant par la même occasion ce groupe qui avait cartonné dans les années 80. Longtemps avant notre naissance. Puis les tubes de l'été qui envahissaient les ondes . Les Brastilas Boys et Las Ketchup. De pures merdes comme on les appelait mais qui nous faisait bien délirer.

Le bal du 14 juillet a confirmé ce que nous ressentions. De l'amour. Encore et encore. Nous l'avons passé, collés l'un à l'autre. Dansant sur toutes les musiques qui passaient. De la chanson ringarde à la chanson plus récente. Il n'y avait que nous. Nous n'étions que tous les deux. Oubliant le reste du monde. Se foutant de ceux qui  ne comprenaient pas ce que nous ressentions.

J'étais profondément amoureuse et lui aussi. Et c'était tout ce qui importait. Le reste du monde pouvait aller se faire voir.


Février 2017

"Bah dis donc, tu étais en pleine période rébellion" dit Enzo

"Ouais. Complètement. Et ce n'est que le début" répondis-je

"Comment ça le début? Ne me dis pas que c'est pire ensuite?" demande Cameron


Eté 2002

Je l'aime. Je lui ai dit. Cet après midi alors que nous étions allongés dans les herbes hautes. J'adore cet endroit. Il nous cache du reste du monde. Nous sommes toujours seuls. Personne ne vient là. Pour nous déranger. C'est notre endroit à nous. Notre endroit où nous nous retrouvons chaque jour. J'aime être dans ses bras. J'aime la chaleur qui m'enveloppe quand sa peau touche la mienne.

"Je t'aime Lucas" murmurais je en regardant le ciel bleu

"Je t'aime aussi Ondine. Ma Ondine" me répond il en regardant dans la même direction que moi

Nos mains se joignent, nos doigts s'enlacent, et plus rien n'existe autour de nous. L'amour est là. Présent. Et j'ai l'espoir qu'il le soit encore durant de nombreuses années.


Février 2017

Tous ces souvenirs me martèlent le cœur. Oui j'ai aimé profondément Lucas. Et peut être que je l'aime encore aujourd'hui. Mais il a tourné la page. Il est fiancé. Il va se marier avec une autre. Je jalouse cette fille. Oui je la déteste même parce qu'elle m'a pris ce en quoi j'avais mis tant d'espoir. Lucas. Je dois le voir. Je dois lui parler. Quelle que soit l'issue de cette rencontre, je dois le faire.

"Je vais l'appeler" lançais-je d'un coup

"Quoi?" questionne Cameron

"Lucas. Je dois lui parler"

"Tu es sure de toi?" demande Sabrina

"Oui" répondis-je, sure de moi

Le repas est terminé. On se fait plaisir et on s'offre un café avant de retourner vaquer à nos occupations. Il est temps de rentrer chacun chez soi. Avant de retourner à ma petite vie tranquille, je fais un détour. J'ai besoin de revoir cet endroit. L'endroit où nous étions si heureux et si insouciants. La maison de sa grand mère est fermée depuis longtemps maintenant. Depuis son décès, un jour d'hiver, il y a huit ans. Plus personne n'y vient désormais. Aussi, suis je étonnée de découvrir une voiture dans la cour. Je m'arrête un instant et revois les images de Lucas se tenant dans cette même cour bien des années auparavant ou celles de sa grand mère qui écossait des haricots verts, assise sur sa chaise. Une silhouette sort de la maison, interrompant aussitôt le film de mes souvenirs. Je démarre brusquement, et m'éloigne rapidement. Je n'aurais pas du revenir ici c'est pire. La maison de mes parents est toujours là. Occupée par des inconnus. Je ne la regarde même pas. Je ne la regarde plus depuis tellement longtemps.

SECRETS (sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant