LUIToujours présent, même à la tombée du crépuscule, je t'observe jouer avec ces autres qui ne te méritent pas. Ils sont pourtant tous là, à t'aduler, te vénérer telle une créature, voire pire, comme une déesse.
Mais moi de loin, toujours dans un coin, je distingue dans tes mots plus de sarcasme qu'autre chose. Ton humour tranchant au goût de faux semblant ne font rire que tes vautours. Ces mêmes charognards que j'ai appris à détester.
Mais moi je sais.
Tu esquives, te faufiles entre tous, les laissant toucher ton corps, caresser ton odeur, tu t'amuses de ces hommes assoiffés de ton être, pendant que je saigne de l'intérieur.
Pendant ce temps, d'où je suis, je crève peu à peu de cette jalousie malsaine.
Alors, j'écarte et tacle tes soupirants à coup de pressions et de stratagèmes.
Tu n'as pas hésité une seconde à te jeter dans l'arène sans même y réfléchir, juste poussée par ta haine, ta soif de vengeance. Tu t'abandonnes dans cette bataille en te jouant du danger. Tu t'attaques à des monstres dans le seul but d'assouvir tes cauchemars.
Mais moi je sais. Tes rêves, je te les ai volés.
C'est pourquoi, je t'épie sans que tu ne le remarques, bien trop occupée dans cette danse sans joie, tu me laisses me nourrir de cette douleur acide.
Mais moi je sais. Je te connais.
Pourtant, dans ce dessein créé de toutes pièces, tu te voiles la face, je te jure que tu te fourvoies. Et là, moi, je n'ai d'autre choix que de sourire à Lucifer.
Alors bordel ! Regarde-moi !
C'est pourtant simple, j'te demande juste d'ouvrir les yeux. Et de me regarder vraiment.
Cesse de me zieuter de cet air de rien et de te contenter de scruter mes faits et gestes.
Car je saigne encore de ce que je t'ai fait.
Alors, arrête-toi, face à moi et regarde-moi vraiment.
File-moi ce putain de regard que tu n'offres à personne. Ce dernier dont j'ai entre-aperçu un soir de pleine lune.
Cette soirée où tu riais si fort ! Je peux encore entendre l'éclat de ton fou-rire. Je peux encore sentir tes mains toucher mon visage pour effacer cette larme de joie que j'ai laissée filer. C'est à ce moment précis que j'ai croisé tes petits yeux marron. Ces jolies noisettes qui ont fait chavirer mon cœur et octroyé un frisson jusqu'à l'échine.
Alors dans cette décadence où j'ai perdu la clé de ton cœur, je laisse mon orgueil de côté pour te crier ce que je n'ai jamais pu te dire : je t'aime.
ELLE
Cela pourrait ressembler à ma fin. Mais il n'en est rien. Car aujourd'hui je vois plus clair, et ce, malgré cette haine qui m'habite.
C'est pourquoi à chaque crépuscule, où les visages se masquent, où les corps se livrent, je danse sous ses yeux.
Je souris à la nuit, faisant d'elle ma lumière. Je tournoie parmi ces hommes affamés. Tous désireux et exalté de mes formes sans vie.
Alors j'ondule, serpente sous leurs touchés sans ressentir le moindre émoi.
Je les laisse flairer mon odeur, celle qui un jour, a enivré son cœur. Me délectant de mon pouvoir sans que cela ne se sache.
Sans peur et sans crainte, je m'amuse dans cette arène où les requins m'attendent de leurs dents acérées. Je les laisse se baigner d'illusion en s'appropriant ma chair, cette enveloppe devenue vide de sens, emplie de rage et de tristesse.
Alors je ris, je ris sans joie, je ris de ce ridicule combat. Les laissant tous dans ce funeste fantasme.
Car ils ne seront jamais LUI.
Lui qui a su me toucher sans ses mains, cajolant mes maux d'un simple souffle. Je peux encore le sentir. Ce doux frisson qui caresse l'échine.
De son être qui semblait si parfait, je me suis prise dans ses filets. Un filet de soie, un filet si doux à l'apparence bienfaiteur.
Mais en réalité, il n'est qu'un leurre pour les cœurs.
Alors là où le vice se moque de ma décadence : je joue. Sans crier, sans pleurer, je savoure cette douce vengeance que j'ai créée.
C'est pourquoi, je veux qu'il me regarde.
Qu'il me regarde afin qu'il crève de jalousie, qu'il saigne comme je saigne de son absence. Qu'il meurt de regrets pour tous mes songes brisés.
Car malgré cette feinte qui masque mes craintes, je n'avais qu'un souhait : lui offrir cette clé.
Celle que j'ai reprise et enfermée, à tout jamais.
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Recueil
PoetryUn jour sans, un jour avec. Des poèmes, des vers, des petits bouts de moi, des phrases crachées par-ci, par-là, dans le métro, au boulot, dans le fond de mon lit, avec des copains, pour mes copines, pour un amour en court, pour un amour perdu, j'e...