Eros

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Trois jours où il s'en est allé.
Parti au petit matin​ tranquille, la laissant seule.

Plus de soupir.

Délaissant pour unique souvenir son silence oppressant aux quatre coins de la maison.
Cette si jolie maison aux douces senteurs d'autrefois, bordée de fleurs sauvages.
Ce jardin d'Éden où seules les mésanges et les pies se reproduisent.

Et en cette chaude après midi d'été, sereine, allongée sur son immense balancelle, elle repense à cette toile de cet artiste inconnu. La toute magnificence de cet homme nu endormi.
Si paisible.

Elle aime ce visage dissimulé où seul son corps massif et détendu est représenté.
Elle se berce doucement, s'aidant de son bras ballant, tout en caressant les vieilles dalles usées par le temps. La douce brise provoquée effleure son corps à moitié nu, chassant à jamais les souvenirs de son amant.

Libre.

Elle retire avec délicatesse son dessous au rythme de la mélodie qui l'entoure. Laisse ses souvenirs entortiller son esprit.

Ses seins lourds durcissent au toucher de ses caresses. Elle frôle son ventre qui ne donnera plus vie, et dans un doux murmure délicat, presque imperceptible, elle retrouve son étranger sans visage.

Celui où elle imagine son odeur boisée, épicée, ou peut-être poivrée. Le même à la caresse subtile et à ses baisers fiévreux.

Tout son corps se remplit de béatitude à la pensée de cet homme fantasmé, son Éros troublant et touchant qui n'aspire qu'à une seule chose et qui palpite, frivole, intime, malice, frôle, abîme, sublime, vertige, gémi...

La réduisant à son seul souhait.

Celui de la faire jouir.

RecueilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant