Mes cuisses souffraient encore affreusement le martyre, tandis que les nombreux ecchymoses qui parcouraient mon cou n'étaient pas décidés à partir.
David Bowie ! J'avais couché avec David Bowie dans les toilettes de la Bahnof Zoo ! Je n'étais pas une fan à proprement parlé, je n'écoutais que très rarement ses titres, mais merde ! Tout le monde le connaissait, et moi donc...
Je m'étais à nouveau levée tôt ce matin, mais cette fois-ci, ce n'était pas par espoir de le croiser. Je ne voulais en aucun cas le revoir, me faisant éprouver une peur incertaine de cette homme qui me paralysait.
Je ne voulais pas le recroiser, mais je ne pouvais pas non plus me l'enlever de la tête, malgré mes tentatives. Je ne m'en étais pas encore rendue compte à cet instant, mais j'étais devenue presque totalement accro à lui, comme il l'avait été et l'est encore à sa foutue drogue.
Allongée sur mon lit, je contemplais le plafond décrépi de mon appartement berlinois de fortune, songeant follement à cet homme venu d'ailleurs. Malgré tous les efforts fournis par mon cerveau qui me criait de l'oublier, mon cœur en décidait ainsi. Il me fit prendre mon combiné, et par la même occasion, retrouver la carte de visite de David.
Je me mis à composer tous les chiffres qui constituaient son numéro, ce dernier présent sur la fameuse carte. L'attente qui me séparait de l'éventuelle entente de sa voix me paraissait interminable. Et puis, prise dans un élan de panique, je réalisai que je n'avais aucune idée de ce que je pourrais bien lui dire.
"Salut, c'est la fille que tu as sauvagement sauté dans les toilettes de la Bahnhof Zoo ! Tu te rappelles de moi ?"
Mais alors que des personnes certainement présentes dans ma tête se battaient pour le choix de mes mots, une voix se fit entendre à l'autre bout du fil. Ce son si grave et en même temps si suave ne me fit que lâcher quelques mots.
- Hey. C'est la fille à qui tu as donné ta carte de visite.
Je m'attendais à un "Laquelle ?" très bloquant mais, heureusement, il me reconnu de suite.
- Loukina ?!
- Elle-même...
- Comment vas-tu ? s'empressa-t-il.
Tu ne passes plus à la Station Zoo, alors je me demandais...- Je vais bien. Et vous, David ? Vous avez arrêté de saigner du nez ?
- Tutoie-moi, je t'en pris. Tu as bien stoppé mes saignements, et je t'en remercie. Mais je sens qu'ils reprendront d'ici peu. Il faudrait mieux que tu sois là, tu ne penses pas ?
Mon souffle s'accéléra, sans que je puisse en définir la cause, et sans pouvoir l'arrêter. Me proposait-il une nouvelle partie de jambes en l'air dans des toilettes insalubres ?
- Je veux te voir, darling. Dans un lieu beaucoup plus propre, adapté à la situation, à la hauteur de ta présence. Tu es magnifique, et de simples toilettes de métro ne méritent pas que nous y faisions l'amour. Lou... ?
- Je...
- Je loge dans un appartement, dans le quartier turc. Je peux virer mon "colocataire" pour une journée. On aura le studio rien que pour nous, tu auras des draps de soies pour y poser ton magnifique corps.
Encore et toujours sous le contrôle de mon cœur - et de mes hormones, un sourire se forma sur mes lèvres fines.
- Donne-moi ton adresse.
- Tu ne peux pas me faire plus plaisir, darling.
Ses coordonnées manuscrites sur un bout de papier, je me rallongeai sur mon lit, soupirante d'aise.
- À demain, darling.
- Au revoir, David.
Je découvrais et redécouvrais des odeurs grâce à lui.
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Le Dandy de la Station Zoo | David Bowie
FanfictionJe le croisais tous les matins dans les rames presque désertes de 6h du matin. Les rames de la Bahnhof Zoo. Il avait connu ses plus grandes heures de gloire il y a quelques années au pays de l'Oncle Sam mais le pauvre avait sombré dans la cocaïne qu...