Jusqu'au bout du monde.

Je me réveille en sursaut, le cœur battant. Les mains moites. Des images horribles plein la tête. Je n'arrive plus à dormir, il y a toujours ce cauchemar qui me tenaille. Un moment que je ne pourrais effacer de ma mémoire.

Mais était-ce vraiment un cauchemar? Je l'ai peut être vécu. Mes souvenirs semblent si lointains, mais aussi si proches. Suis-je en vie ?

Et pourtant, oui, je suis bien là, toujours en vie, allongée sur mon lit blanc et froid d'hôpital. Des fils de toutes les couleurs qui permettent de rester de vie passent autour de moi. Un, deux, trois je ne les conte plus. Rien qu'un seul petit mouvement de rien du tout se transforme en vrai torture pour moi. L'accident. Je sais que je n'en suis pas sortie indemne. Il y a eu de nombreuses opérations. Qui font de moi une personne encore en vie en ce moment.

Mon nom est Allison ASERTE, les informations que l'on a pu récolter sur moi font que je ne suis pas une anonyme. J'ai déjà connu cela quand je suis arrivée dans mon nouveau collège, et je sais que je déteste être comme anonyme. Tout le monde t'observe d'un œil bizarre. Ils chuchotent dans ton dos. Tu es le nouveaux jouets, la nouvele attraction. Toutes ces précieuses informations sont marquées sur une petite plaquette blanche située au bout de mon lit.

Je devrais être au collège, en classe de 3eme, passer mon brevet en fin d'année, comme une fille normale. Mais je suis là, dans mon lit, en pyjama bleu comme la couleur de mes yeux, mes cheveux bruns qui me tombent aux épaules en de fines mèches grasses, une simple couverture qui me recouvre jusqu'au menton et l'impossibilité de bouger. Je ne reçois aucune visite mise à part les infirmières qui viennent remettre mon oreiller ou me donner à manger. Je crois que la nouvelle de mon accident a été trop dure à encaisser pour mes parents, ma famille. Je crois qu'ils ne sont pas encore prêts pour affronter mon regard triste et fatigué, perdu dans le vague. Je les comprends. Ils ne sont pas prêts à voir mon corps, couvert de pansements et de cicatrices, celles-ci ne sont vraiment pas jolies à voir.

A force de rester enfermée dans une pièce avec une seule petite fenêtre, des murs blancs nus et froids, je ne sais même plus si je suis heureuse ou malheureuse. Mais il y a une chose dont je suis sûre, c'est que je ne peux pas être rassurée.

L'accident, mon cauchemar, ma réalité... Je me souviens.

C'était un matin nuageux. Le matin de l'anniversaire de ma mère. J'étais toute contente d'avoir enfin fini de ranger ma chambre pour que je puisse sortir dehors. J'ai traversé le couloir qui séparait ma chambre au salon pour rejoindre l'entrée. J'ai pris mon manteau bleu nuit, neuf, accroché au porte manteau derrière la porte. J' ai attrapé au passage mon porte-monnaie marron et sortis de la maison. L'air frais et glacial du matin de novembre faisait rougir mes joues. Je voulais acheter un cadeau à ma mère. Je ne savais pas vraiment ce que je voulais lui prendre, mais je voulais lui faire plaisir. Avoir un sourire de sa part pour changer de ce regard triste que nous avons tous les jours. Cela faisait quinze minutes que marchais, la musique dans mon casque au volume maximal. Mes lèvres et mes doigts étaient gelés.

Je ne l'ai pas vu. J'ai traversé. Un seul moment d'inattention fatal.