Jusqu'au bout du monde.

Je découvre Louna, les yeux fermés. Des tuyaux colorés passent partout sur elle. Elle ouvre les yeux difficilement et me sourit. Je lui souris en retour.

Louna obtient le droit de sortir une semaine plus tard, dans le parc de l'hôpital. Pour moi il est venu le temps de partir. Nous sortons une dernière fois toutes les deux dans le parc, sur nos fauteuils roulant. Il fait froid et je ne suis pas trop couverte. Près d'un arbre nu, nous regardons le lointain. Personne ne nous surveille. J'ai une idée. Un idée folle mais qui nous rendrait notre liberté juste pour cinq minutes. Nous en avons besoin toutes les deux. J'aimerais que l'on aille plus loin que ce bâtiment froid, que l'on aille ailleurs.

Une fille sans cœur solide et une autre sans jambes, toutes seules dans le froid, c'est de l'inconscience ? Je n'en ai pas la moindre idée. Je veux juste regoûter au plaisir de la liberté.

-J'ai une idée. On pourrait partir. Allez se promener plus loin que ce carré d'herbe.

Elle reste muette et elle me fait signe qu'elle est d'accord. Nous partons cote à cote rapidement vers la sortie, vers la liberté, qui, depuis je ne sais plus combien de temps, nous était enlevée. Un brouillard épais s'est levé. Nous ne voyons plus à deux mètres. Je traverse prudemment la route la première. Louna me suis doucement derrière. J'ai un mauvais préssentiment, je trouve cet endroit trop calme. Elle était encore au milieu de la route quand soudain un bruis de moteur surgit de nulle part. Des phares nous éblouissent. A ce moment-là, je n'hésite pas. Je m'élance. Je me rue sur elle du mieux que je peux et la projette le plus loin possible.

Me voilà sous les roues du camion. Je sais que mon cerveau va s'éteindre mais pas mon cœur. Louna hurle mon nom. Pleure. Elle s'approche près de moi. Elle me prends les mains. je la regarde.

-Le jour de notre rencontre, je me suis promis de te protéger. Ce jour-là je t'ai donné mon cœur. Aujourd'hui prends-le. Vie, vie et profite de ta vie. Dans un souffle je lui chuchote.

Je resterais sa moitié. Je ferme les yeux. Je ne veux pas lutter contre la mort. Je ne fais aucun effort. Je le fais pour Louna. elle était trop jeune pour mourir. Une larme coule le long de ma joue. Je n'entends plus rien. Je suis détendue. La main que tient Louna se refroidie doucement. Je ne sens rien. Mon esprit vole. Je pousse un dernier souffle. Mon corps se détend et je pars. Je la suivrais d'en haut, jusqu'au bout du monde c'est sûr. Je serais en elle.

Je me suis endormie pour l'éternité. Je resterais jusqu'au bout du monde, toujours près de toi, en toi.

Mon cœur battra pour toi.

Au revoir mon petit ange, ma petite sœur de cœur.

Je t'aime.

FIN