Tranche de vie

Prologue

Allongé dans mon lit ma tête appuyé sur mon coude, je contemple silencieusement la forme sombre qui se repose à mes côtés. Un sourire attendrit se dessine sur mon visage. Ses formes parfaites recouvertes seulement par un drap fin, son visage endormit tellement paisible, le souffle calme de sa respiration... Mon dieu que je l'aime... Le soleil, filtrant doucement par un petit trou entre mes volets, donne une beauté singulière à la scène qui se déroule sous mes yeux.

J'estime l'heure à environ 7 heures du matin, soit encore quelques heures de sommeil devant moi... Alors que je commence doucement à rechuter pour quelques heures de sommeil bien mérité, le bruit sourd du vibreur, témoignant de la réception d'un SMS, me tire de mes rêveries. J'en profite pour vérifier l'heure. Ah, il est 10 heures... Il faut vraiment que j'apprenne à mieux deviner l'heure avec la luminosité du soleil. Mais au fait, que me veut ma meilleure amie à cette heure ci ?

« Je viens de recevoir ce que tu avais commandé pour... Pour la surprise. Vient la chercher quand tu veux. T'as vraiment bon goût, la bague est magnifique. »

Euphorique, je me lève en trombe, réussissant à réveiller sans le vouloir la personne à mes côtés qui, jusqu'à présent, dormais tranquillement.

« Désolé babe, rendors toi... Heu, il est encore tôt tu sais, tu peux trainer aujourd'hui, on a rien de bien urgent à faire. Enfin, là je sors juste faire un tour, Julie à besoin de moi. »

J'entends un petit soupir, suivie quelques instants plus tard d'un léger ronflement. J'ai réussis mon coup, mon amour s'est rendormi. Il ne me reste que très peu de temps avant son réveil, et je dois me dépêcher de tout préparer. Une demande en mariage n'est pas un évènement anodin. Je me prépare tranquillement dans notre appartement, le rangeant un peu par la même occasion. En dix minutes, après m'être brulé la langue à cause d'un café brûlant, je suis chez Julie, meilleure amie d'enfance et voisine du dessous. Elle m'accueille avec un immense sourire. Sa petite frimousse un peu typée arabe m'a manqué. Il faut dire qu'elle n'est que de passage, le petit soldat qu'elle est voyage beaucoup ! Etre militaire ça à du bon, j'aimerai être comme elle, surtout lorsque mes projets de voyage sont freinés par les araignées qui ont élu domicile dans mon porte feuille. En la prenant dans mes bras pour lui dire bonjour, et en remerciant encore une fois le ciel de m'avoir offert une meilleure amie qui fait ma taille, c'est-à-dire dans les un mètre soixante, je remarque qu'elle sent... L'homme. Aurait-elle passé la nuit avec quelqu'un ? Si je n'étais pas aussi pressé, je lui aurais demandé des explications. Mais c'est elle qui prit la parole en premier, interrompant mes pensées. Les questions sur une possible nuit mouvementée vont devoir attendre une prochaine fois.

« Coucou ma Manon ! Alors, enfin un peu de repos après ces partiels ? Ca s'est passé comment d'ailleurs ? J'ai l'impression que hier soir, tu as bien profité d'avoir terminé ces exams. Le bruit que vous avez fait là haut ! Vous avez redécouvert les bienfaits du sexe toute la nuit ou quoi ? »

Devant ce petit reproche, je ne peux que rougir en baissant la tête, penaude. Elle n'a pas tort, nous n'avions pas été des plus sages hier. Mais d'un autre coté, cela faisait deux semaines que j'étais sous pression à cause des partiels de mon master de psycho, et maintenant que tout était terminé, j'avais relâché toute la pression accumulé en passant une nuit mouvementé avec la personne que j'aime. J'avais seulement oublié que les murs de l'immeuble étaient loin d'isoler le bruit...

« Désolé pour hier Ju' » dis-je doucement, un sourire taquin en coin, avant d'enchainer « Mais tu peux parler, il y a quelques jours avec ton nouveau mec, tu n'étais pas mieux... »

Elle ne répond rien et se contente de hocher la tête avec amusement. C'est alors que je la vois se diriger vers la cuisine, et récupérer, sur son plan de travail, une toute petite boite. Sont regard pétille alors qu'elle se tourne vers moi, me tendant l'objet qui changera ma vie.

« Bon, ce n'est pas le trou mais le tampax... Excuse moi l'expression, je l'ai découverte hier, on dit plutôt ce n'est pas le tout mais le temps passe ! Retourne vite lui préparer le petit déjeuner, et n'oublie surtout pas l'ingrédient magique ! Bonne chance Manon, j'espère que ça va marcher pour vous deux, tu le mérite tellement... » Me lance-t-elle en me serrant dans ses bras, émue au possible.

Après avoir soupiré pour sa nouvelle expression... Particulière, et après l'avoir convaincu que je vais me débrouiller comme une reine, je quitte son appartement en trombe, attrapant au passage la boite contenant la bague, et cours dans les escaliers, sans me soucier du bruit occasionné.

« Dépêche toi, si ton petit amour se lève, c'est fichue... » Me murmure la petite voix dans ma tête.

Arrivée dans l'appartement, je peux enfin souffler, rassurer de voir la porte de la chambre encore fermée. Debout dans la cuisine, une douce musique en fond, j'entreprends de préparer le petit déjeuner de ma vie. Tartine de pains complets grillées, puis beurrées, confiture étalées, cappuccino dans un mug versé, jus d'orange bio pressé, tranches de banane coupées, mon plateau repas est prêt. De plus, sous une rose acheté la veille, se cache une petite boite et à coté se trouve un mot, écrit avec du chocolat fondu sur une assiette en forme de cœur : Veux-tu m'épouser ?

J'arrive devant la chambre, et m'arrête, prise d'une peur soudaine. Et que faire si la réponse est non ? Comment continuer à vivre... J'évacue les pensées noires qui m'assaillent. Je l'aime et c'est réciproque, cela fait 6 ans qu'on se connait, 4 ans que nous avons commencé notre relation, nous avons emménagé ensemble l'année dernière... Tout est parfait, je vis chaque jours des moments parfait, et je souhaite de tout cœur cela jusqu'à la fin de ma vie. Je veux l'avoir à mes côtés jusqu'à la fin de ma vie. Je souffle un bon coup, et entre dans la chambre. Je pose le plateau repas sur le bord du lit, ouvre doucement les volets, et obtient une légère plainte en retour. La lumière du jour ne réussit pas à tout le monde à ce que je vois...

« Babe, lève toi, j'ai une surprise pour toi... »