Tranche de vie

CHapitre 5 : I kissed a girl

Le syndrome post rupture fut pour moi une formalité. Quelques jours. Ce fut le temps nécessaire pour que je puisse passer du stade « mon dieu ma vie est fichue, je suis célibataire, je vais finir seule avec un chat » à celui du « allez, à quand le prochain ? » J'étais bien sûre triste pour avoir fait souffrir Alexandre, mais je n'allais pas m'empêcher de vivre. Le fait de ne l'avoir jamais aimé m'aida au final. Et bien sûr, quoi de mieux que la première soirée de la classe de l'année 2015 pour m'aérer l'esprit ? « Fumer tiser baiser. » Une musique de toute beauté, avec des paroles macho au possible. J'étais dans cette optique lors de cette soirée, avant même que celle ci commence. Un mois sans aucune marque d'affection à part un baiser sur la joue de ma mère le weekend, cela laisse des séquelles irréversibles. Le manque fut d'autant plus dur que ma vie sexuelle lorsque j'étais en couple avait atteint des sommets insoupçonnée.

Cette soirée fut alors pour moi une délivrance. Surtout que je savais avec qui finir. Benoît se montrait particulièrement protecteur avec moi depuis quelques temps, Camille et Florian me charriaient sur la possibilité que je puisse finir avec lui à la prochaine soirée. Et bien que je ne montrais rien, il ne me laissait pas indifférente. Il avait un caractère qui ne me correspondait pas assez pour que je puisse envisager de sortir avec lui, trop possessif, trop collant, trop jaloux, et en plus, je venais tout juste d'être célibataire et je comptais profiter de cela durant un moment. Mais je savais néanmoins que je pouvais tenter ma chance en soirée si l'envie m'en prenait. C'est ainsi qu'en arrivant pour la première fois chez Jordan, j'avais un petit sourire en coin. Ce soir allait être LA soirée.

Débardeur rouge plutôt décolleté et moulant, blaser, pantalon noir et botte en cuir, j'étais prête pour la soirée. Je voulais plaire. Pour une fois, celle-ci commença en douceur vers les 19h. Jordan, le petit rasta man et notre hôte de la soirée, commença la préparation de cocktails que je qualifierai de « fourbe ». Sucré, on ne sentait que très peu l'alcool, et ils se buvaient comme du petit lait... Jusqu'à ce que nos têtes se mettent à tourner sans que personne ne s'y attendent. A 20h30, soit une heure et demi après l'arrivée de tous les invités et le début de la soirée, j'assistai à une magnifique coulée de vomi, cascadant sur les escaliers... Jordan avait peut être un peu trop abusé de ses propres cocktails. C'était pourtant à prévoir, il avait la fâcheuse habitude de gouter tous les cocktails qu'il préparait, et comme nous étions plus d'une dizaine, et que nous en avions chacun pris deux ou trois, je vous laisse imaginer la quantité d'alcool que notre pauvre ami avait à présent dans le sang.

Mes souvenirs et ma conscience commencèrent à se flouter peu après ce passage de la soirée. J'avais parié avec Florian que je ne finirai pas avec Benoit. Pour cela, ma conscience bourré, celle qui se réveille après quelques verres et qui ne prend que des mauvaises décisions, eu une idée de génie :

« Non mais je peux pas finir avec Benoit très cher Florian... Tu vois, je suis déjà en couple avec... Heu... Avec Camille tient ! » Dis je en croisant le regard de celle ci.

Je me dirigeais alors vers la fille dont j'étais la plus proche au lycée, le sourire aux lèvres. Elle était avec un groupe de filles de la classe.

« Les filles, rendez moi un service, je vous en supplie ! Benoit me court après depuis le début de la soirée, mais je ne veux pas finir avec parce que j'ai parié avec Flo', et je ne veux pas qu'il gagne ! Mais je ne veux pas aller vers Benoit et caser un truc du style « désolé j'ai un pari à gagner ». Du coup j'ai eu une idée de génie : y'en a pas une de vous qui veux être ma « copine » pour la soirée ? » Demandais-je, l'esprit joueur.

« Désolé Manouille, je ne suis pas encore assez bourrée pour embrasser une nana... » Me répondit Laly, ma vietnamienne préférée, la seule presque sobre.