Chapitre 3

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Sylvain inspira profondément. C'était son dernier essai. Il attrapa la dernière casserole qu'il n'avait pas encore brûlée et la posa sur la gazinière. Il avait enfin compris comment fonctionnait cette gazinière au bout de vingt minutes. Oberon avait même dû l'empêcher de craquer une allumette quand une odeur de gaz avait imprégnée la cuisine. Ils avaient dû aérer avant de retenter. Puis le jeune Prince avait posé une première casserole sur le feu, puis une seconde mais à chaque fois, les coquillettes brûlaient. Cette dernière casserole accompagnait la dernière dose de pâtes. Il répéta les mêmes mouvements que précédemment. Une fois la casserole chaude, il versa la poignée de coquillettes. Sur le fond, les pâtes commençaient à se racornir. Très vite, une fumée noire s'en échappa.

— Encore ? soupira-t-il. Les cuisiniers au Palais font exactement la même chose et c'est bon. Alors pourquoi ça brûle avec moi ?

Et il jeta la dernière casserole. Trois heures qu'il tentait sans résultats de faire à manger. Et maintenant, il n'avait plus rien, si ce n'était le ventre vide. Il n'avait pas le choix. Il allait devoir demander de l'aide à un autre seigneur des environs. Il était passé devant son Palais particulièrement petit et fréquenté. Une succulente odeur de viande grillée et de friture s'en était dégagée. Rien que d'y repenser, Sylvain en avait l'eau à la bouche. Une courtisane, court vêtue malgré le froid, lui avait donné une invitation, sûrement pour un bal. Mais, ne sachant pas beaucoup lire, il n'avait pu identifier que le nom du Royaume. Maintenant il regrettait d'avoir renvoyé son précepteur quand il avait dix ans. Il jeta un coup d'œil par la fenêtre de l'appartement. Il commençait à faire nuit et le froid extérieur se ressentait à travers la vitre. Attrapant sa veste de velours, il quitta l'appartement, oubliant presque Oberon qui battait frénétiquement des ailes pour ne pas le perdre.

Le duo s'égara dans les rues au bout de quelques minutes. Oberon, bien au chaud dans la poche de la veste, lui conseilla de demander son chemin. Sylvain refusa d'abord, jusqu'à ce que le froid l'emporte sur la dignité. Il aborda la première personne qu'il croisa, une jeune femme à la mâchoire carrée et très peu vêtue. Elle devait être de la même maison.

— Excusez-moi, je voudrais un renseignement, demanda le Prince.

— Pour quarante euros je t'emmène au Paradis chéri, répondit la femme d'une voix rauque.

— Ah non, je ne cherche pas le Paradis. Je voudrais savoir quelle direction je dois prendre pour aller à cet endroit, expliqua Sylvain en lui tendant le papier qu'il avait sorti de sa poche.

— Il se trouve juste derrière toi, mon mignon.

Sylvainse retourna. Effectivement, il se trouvait là, les lettres étaient illuminéespour indiquer que le Palais était un lieu important. La réception avait déjàdébuté. De nombreuses personnes empruntaient les portes battantes. Confiant, lePrince poussa à son tour les portes vitrées du Roi du Burger.

Le Prince RidiculeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant