Une plume vagabonde

Le troisième oeil

L'humanité toute entière est victime d'une crise d'origine inconnue. Dans tous les pays, le taux de suicides et de violence s'accrue de jour en jour. En France, nous estimons 2500 suicides et 215 assassinats au cours des trois derniers mois.

-Amy, promets moi d'être prudente quand tu sors, j'ai déjà perdu un enfant, je ne veux pas en perdre un deuxième.

-Je sais maman, je serais prudente, c'est promis.

Amy prenait son avertissement très à coeur. Depuis la mort d'Alexandre, son petit frère, tout juste âgé de douze ans, toute la famille souffrait.
'Il était trop jeune pour vouloir en finir avec la vie' se répétait-elle souvent, cherchant des réponses à cet acte imprévisible.
Cet événement consumait progressivement sa mère, qui ne comprenait pas son aveuglement face à la souffrance de son propre fils.

Amy pensait souvent à Alexandre. Elle revoyait sa petite bouille d'enfant innocent toujours souriant. Il adorait l'embêter lorsqu'elle faisait ses devoirs, ou finir la dernière part des gâteaux au chocolat, mais il lui manquait énormément, son absence créait un trou énorme dans sa poitrine. Elle allait souvent dans sa petite chambre tapissée de bleue, s'allongeant sur son lit, repensant à lui, priant pour se réveiller et le voir débarquer tout sourire. Mais Amy savait qu'elle l'avait perdu à jamais.

Elle préféra sortir dehors, où elle pu enfin se remplir les poumons d'air frais. Elle aimait sa mère plus que tout au monde, mais son attitude si déprimante l'asphyxiait. Elle décida d'aller vagabonder dans le jardin public, il y avait beaucoup de cerisiers en fleurs offrant un magnifique spectacle en ce début de printemps.

Elle avançait paisiblement le long d'une petite route campagnarde, quant elle vit un homme penché derrière une femme âgée. Il semblait lui parler, mais plus elle s'avançait, plus cet homme lui paru suspect. Elle distinguait maintenant clairement les deux visages, mais un fort malaise s'immisça dans son corps, quand la vieille dame escalada brusquement la barrière de fer et s'assit dessus, prête à se laisser tomber dans le vide.

-Madame, ne faite pas ça ! S'écria Amy, se précipitant sur elle.

La vieille dame parût déboussolée, comme sortie tout droit d'une transe, me fixant d'un regard inexpressif.

-Oh ma cher enfant, mon heure est venu maintenant, il est temps pour moi de voir cet haut-delà et de trouver la paix.

-Je comprends, mais vous n'avez pas le droit de vous suicider comme ça, vous imaginez le choc que vous provoqueriez si un enfant retrouvait votre corps inerte ? Vous imaginez le traumatisme que j'aurais à subir ?

Elle parut soudain se réveiller, réalisant l'ampleur de son acte. Amy se retourna brusquement vers l'homme derrière elle d'un regard accusateur, mais se qu'elle vit lui tourna les entrailles.
Il n'avait plus rien d'un homme, son visage était déformé par la rage, une forte aura noire émanait de tout son corps et ses yeux semblaient abriter néant et désespoir. Il ressemblait beaucoup plus à une ombre qu'à un homme maintenant. C'est en se confrontant à son regard confus qu'elle comprit. Amy su qu'elle n'aurait jamais dû pouvoir le voir, son corps se paralysa brusquement, la poussant à improviser.

-Il n'y a vraiment personne ici, je vais vous appeler un taxis afin qu'il vous ramène chez vous.