Maman, j'ai besoin de toi près de moi. Je vais prendre mon envol pour te rejoindre dans les étoiles. On sera ensemble pour toujours.
C'était un jour pluvieux. Un samedi plus précisément. Je me souviens de ton sourire, et de tes baisers ce jour-là, quand tu es partie au travail. Ils étaient tendres, chaleureux et plein d'amour. J'aimais ton rire, ton enjouement et ton énergie. Je ne m'imaginais pas, ce samedi si ordinaire, que c'était la dernière fois que tes rires illumineraient ma vie.
C'était pourtant une super journée qui s'annonçait. Avec Austin, mon petit frère de six ans, nous devions aller chercher du pain à la boulangerie, située à quelques mètres de notre maison. Il ne pleuvait plus, nous avions attendu plus d'une demi heure que le temps s'éclaircisse. A la boulangerie, nous en profitions toujours pour acheter quelques bonbons en douce.
Mon frère et moi sommes très complices. Cela est sûrement dus à notre grande différence d'âge. Sur le chemin du retour, nous nous disputions de façon enfantine pour savoir qui aura le dernier bonbon de la poche que nous venions de dévorer. C'était un Cola acidulé, nos préférés à tous les deux. La bagarre fait rage, je peux imaginer les regards amusés ou agacés de certains voisins, sortant pour prendre leur courrier, ou regardant à la fenêtre ce qui peut bien perturber leur paisible vie.
C'est après une magistrale défaite de ma part que nous sommes arrivés devant la maison. Mais, quand nous avons passé le seuil de la porte, l'ambiance était d'une lourdeur inhabituelle. La lumière était mise au minimum et toute la famille était assise dans le salon. J'étais si absorbé par notre jeu et la victoire que je n'avais pas vu les voitures de papy et mamie garées devant la maison. Ils n'habitent pas loin de chez nous, environ dix minutes en voiture. Ils ne devaient donc pas être là depuis bien longtemps.
Austin, toujours de bonne humeur n'avait pas l'air de remarquer cette sensation désagréable qui me parcourait le corps. Mon sang se glaça alors très vite en voyant papa, les yeux rougis, assis dans le salon. Je ne parvenais pas à deviner ce qui venait de se passer, ou peut-être l'avais-je deviné, mais mon inconscient refusait d'y croire, préférant me bercer d'illusions encore un moment. C'est après quelques secondes de réflexion de ma part que papa, le plus calmement possible, nous invita à nous asseoir près de lui.
"-Mes amours, ce que je vais vous annoncer est assez délicat. L'hôpital vient de m'appeler, votre mère a eu un accident de voiture et..."
"-Elle est ou maman ? Je veux aller la voir !" S'exclama Austin nerveusement.
C'est à ce moment que la réalité me frappa.
"-Je suis désolé mon bébé, elle ne reviendra pas, elle est partie dans les étoiles."
Je vis dans les yeux d'Austin beaucoup d'incompréhension envers ce que papa nous racontait, puis ils se sont embués. Je n'avais encore jamais vu autant de souffrance dans ses yeux. C'est une épreuve qu'aucun enfant ne devrait avoir à subir. Austin était trop jeune, ce n'était qu'un bébé, un bébé qui a été arraché de son monde avant l'heure. Et je crois que je peux en dire autant à mon sujet. Personne n'est prêt à une épreuve si horrible, on a beau être un enfant, un adulte, sensible ou résistant face à la peine, le choc qui nous prend par la gorge reste immense, et on perd pied de la même façon.
Maman,quand tu es partie vers les anges, tu as emporté avec toi une part de nous, une part qui a formé un trou immense en moi, que seul le temps pourra atténuer. Je me souviens de la phrase qu'Austin a prononcé après avoir enfin décidé de sortir de sa chambre. Il avait les yeux injectés de sang et son visage était bouffi. Papa était encore dans le salon. Moi j'étais dans la cuisine, à contempler le ciel, cherchant désespérément un signe de toi. Il est alors descendu, s'est penché vers lui et a demandé sans lâcher ses yeux rougis.
"-Papa, toi aussi tu peux mourir ? "
Mon père a essayé de rester fort, il aurait voulu lui répondre quelque chose de réconfortant, de tendre qui aurait remis de la couleur sur son visage devenu pâle. Quelque chose à quoi se rattacher, il aurait voulu lui dire que son papa est immortel, qu'il sera toujours prés de lui. Mais il savait qu'il n'y avait pas de mot magique qui dissiperait toute sa peine. Ce fut la première fois que je vis mon père pleurer.
© Une étoile rêveuse, 2017. Tous droits réservés.
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Une plume vagabonde
Kısa Hikaye"L'écriture est la peinture de la voix" Voltaire Ecrire c'est laisser libre cour à son imagination, laisser se dessiner de nouveaux paysages sur une page blanche et donner vie à l'impossible. Ecrire c'est de la magie, mais c'est aussi prendre des ri...