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Tout le monde rêve. Sinon ça fâcherait le Dr Freud.

— Haruki Murakami, 1Q84, Livre 1


Noam se réveilla à l'instant précis où il comprit qu'il était en train de rêver. Cette faculté de reconnaitre le songe dans son incongruité burlesque lui avait laissé un goût amer au fond du palais et un sentiment de froid interstellaire au creux du cœur. C'est tremblant et à la limite de vomir qu'il ouvrit les yeux.

Suis-je encore en train de rêver ? se demanda-t-il. Je suis toujours chez moi, mais quelque chose a changé et ma veilleuse s'est éteinte.

Dans un râle, il se redressa, quitta la douceur de sa couette et actionna l'interrupteur du plafonnier. Rien ne se produisit. À tâtons, il atteignit sa fenêtre et commanda l'ouverture des volets roulants. Il n'y eut pas davantage de réaction.

Il ouvrit la fenêtre, se saisit de la corde de l'enrouleur de volets et tira, mais rien ne bougea. Paniqué, il tira plus fort. Le volet se libéra de son ornière sans prévenir et la lumière, le vent et les bruit de la circulation s'engouffrèrent dans la pièce.

Lentement, Noam ouvrit les yeux. Le soleil était haut dans le ciel et les récolteurs déjà agglutinés aux pieds des tours pour y cueillir la laine du jour.

Pour la première fois de sa vie, Noam allait être en retard à son travail.

Le songe du mouton marronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant