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— À quoi le mouton marron a-t-il rêvé ? demanda Noam tandis que Myriam lui faisait faire le tour du propriétaire.

La bergère rit et une odeur de miel chatouilla les narines de Noam.

— Vous n'y allez pas par quatre chemins, vous !

Noam haussa les épaules.

Il me semble que son courrier à elle était tout aussi direct.

Myriam l'enjoignit à le suivre. Précédés par Bella, la brebis blanche, qui gambadait autour d'eux, ils passèrent devant un enclos remplis de petits moutons à l'allure frêle.

— Ce sont des agneaux. Ils sont née il y a seulement quelques jours. Leur mère se repose à l'ombre.

Un peu plus loin, ils trouvèrent un petit potager. La bergère se baissa et cueillit une fraise.

— Des fraises de mon jardin. Vous n'en goûterez de meilleures nulle part, sourit-elle en en portant une jusqu'à la bouche de Noam.

Ce dernier dut admettre que le fruit avait une saveur bien exquise.

Ils longèrent ensuite un autre enclos où se trouvaient des moutons au pelage court.

— Ils ont été tondus hier. Je les laisse ici pour qu'ils se remettent du stress de la tonte.

Et Noam remarqua qu'il n'y avait aucune toison pourpre.

Enfin ils passèrent devant l'enclos où se trouvait le reste du troupeau. Certains moutons somnolaient pendant que d'autres paissaient tranquillement. L'éclat d'un choc retentit soudain et fit sursauter Noam.

— Ce n'est rien, expliqua Myriam. Seulement quelques béliers qui luttent pour les beaux yeux d'une femelle.

Noam observa les yeux d'une des brebis.

Ces moutons joutent pour un œil morne et vide, se dit-il. Myriam, elle, a des yeux qui mériteraient que l'on se batte pour eux. Mais je crois qu'il n'y a personne à combattre ici.

Ils avaient en effet terminé le tour de la propriété sans croiser âme qui vive.

— Qui vous aide à réaliser tout ce travail ? demanda Noam

— Je n'en occupe seule depuis que mes parents sont morts de vieillesse.

Elle avait dit cela comme elle aurait pu dire qu'il venait de se mettre à pleuvoir. Rien que des choses très normales. Cependant Noam nota une différence au niveau de son maintien, comme une légère fragilité.

— Mais... Que font ces deux-là ? s'exclama Noam dont l'attention venait d'être attirée vers l'enclos.

— Qu'est-ce que vous croyez, ils s'accouplent ! Ça ne vous arrive jamais, à vous ?

Noam baissa les yeux, gêné.

— Oh, ce n'est pas grave, moi non plus !

Le songe du mouton marronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant