C'était une bergerie semblable aux autres, si ce n'est qu'elle paraissait beaucoup plus ancienne. Le sol y était entièrement recouvert de paille et une odeur de crottin et de moisi encombrait l'atmosphère. Lorsqu'on pénétrait la bâtisse, on arrivait d'abord dans une sorte de vestibule.
Est-ce pour protéger l'animal qui vit derrière ou pour se préparer à sa rencontre, ne put s'empêcher de se demander Noam.
Un rideau masquait l'entrée de ce qui devait être la salle principale. On aurait dit du velours.
— Ce n'est pas du tissu, mais des champignons. Cela couvrira votre odeur, expliqua Myriam avant de s'engouffrer dans le passage.
Hésitant, Noam plongea à son tour dans ce qui semblait être une forêt de lianes moisies dont les filaments collaient à ses vêtements, sa chevelure et sa peau. L'odeur de pourriture s'infiltrait par son nez, sa bouche et tous ses pores.
Il parvint de l'autre côté en suffoquant et se mit à paniquer en se rendant compte que l'endroit était totalement plongé dans le noir.
C'est alors qu'il sentit la chaleur de la main de la bergère dans son dos.
— Quoi que vous puissiez voir, surtout, ne criez pas, prévint-elle au moment où l'on entendit le raclement d'un sabot au sol.
Elle craqua une allumette et enflamma une lampe à huile. Sous sa lueur tremblotante, Noam reconnu un abreuvoir et une mangeoire remplie d'herbe fraîche. Dans un recoin se trouvait une masse informe et sombre.
On dirait un tas d'ordure sous une couverture, pensa Noam.
Au bout d'un moment qui lui parut une éternité, le monticule trembla et deux yeux jaunes apparurent.
Surpris, Noam eut un mouvement de recul, mais ne cria pas. Myriam lança quelque chose au milieu de la pièce. Aussitôt, le monticule de laine s'ébranla et l'animal se jeta vers ce qui était vraisemblablement de la nourriture.
Ce mouton marron est plus grand que moi, remarqua Noam avec horreur, et on dirait qu'il mange... un morceau de viande !
Au fur et à mesure que l'ovidé se repaissait des chairs sanglantes, la lumière se faisait dans la bergerie. Elle provenait d'un plafonnier dont les ampoules gagnaient en intensité à chaque seconde.
Finalement, le mouton s'assit.
On dirait qu'il me fixe, pensa Noam.
Mais alors, une autre idée lui vint à l'esprit et cette idée avait une voix grave et très ancienne.
JE T'ATTENDS, NOAM.
Et Noam su qu'il s'agissait de la voix du mouton marron.

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Le songe du mouton marron
NouvellesComme tout le monde, Noam vit dans une tour où tous ses besoins sont comblés par la magie des moutons. Mais un matin, plus rien ne fonctionne. Noam partira alors à la recherche du mouton marron pour essayer d'élucider ce mystère.