11. Au bord de la rivière 2/5 (réécrit)

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Non loin des adultes, elle commença alors à conter son histoire en prenant une voix mystérieuse :

– La planète bleue avait été façonnée pour accueillir les êtres vivants tels que nous les connaissons. La plus magique des choses s'était produite. Le soleil répandait sa chaleur en journée et la Lune était la compagne nocturne de ses êtres. Afin de garantir l'ordre cosmique, sept particules provenant des autres planètes sont tombées dans la mer. Au contact de l'eau et sous la lumière sélène, sept sirènes sont nées. Odine est née d'une particule de Mercure, Sappho de Vénus, Arsia de Mars, Amalthéa de Jupiter, Daphnis de Saturne, Umbrielle d'Uranus et Sao de Neptune. Ensemble, elles ont créé une lyre géante faite de coquillages, de sable et de quelques mèches de leur chevelure, pour les cordes. Les courants marins déclenchaient la musique et, parfois mêlée à leur chant, la lyre garantissait l'équilibre de la vie terrestre. Mais il fallait garder secret l'existence des sirènes. Si par malheur un humain venait à surprendre l'une d'entre elles, celle-ci serait alors instantanément transformée en poisson, avant même qu'il ne puisse réaliser sa présence. Pendant des millénaires, le son ininterrompu de la lyre à travers les océans avait maintenu l'harmonie sur terre. Hélas, un jour, un marin téméraire, qui se trouvait dans des mers encore inexplorées, aperçut Sao séchant ses écailles sur le rocher d'une île. La petite sirène se transforma en narval, que le marin parvint même à harponner.

– Oh !

– Alors Amalthéa dût rejoindre la terre ferme.

– Mais pourquoi ? ne put se retenir de demander Antoine, les yeux écarquillés par les images que son imagination formait dans son esprit.

– Pour un Appel qui permettra de remplacer la sirène disparue.

– En dehors de la mer ?

– Oui. Car le seul moyen pour faire un Appel était d'envoyer la première née sur la terre ferme. Elle devait réunir une morène, une plante aquatique semblable à un petit nénuphar, et un silène, une fleur terrestre. L'union des plantes de la mer et de la terre donnait naissance à une fleur blanche et bleue, qui à maturité se transformait en champignon : la Merille. Sa tâche accomplie, Amalthéa put rejoindre le monde des océans et attendre qu'un humain la récolte et la mange. 

– Mais, et si personne ne trouve la Merille ?

– Ce champignon est éternel. On dit qu'il finit toujours par être trouvé. Et heureusement, il est invisible aux yeux des âmes sombres.

– Ouah ! Mais... qu'est-ce qui se passe ensuite ?

– La personne qui consommera la Merille portera alors dans son corps un gène qui se réveillera chez l'une de ses descendantes. On ne sait pas combien de temps cela peut prendre, des siècles peut-être. Dès lors, il ne lui reste plus que sept lunes avant de rejoindre ses sœurs. C'est le temps limite d'autonomie pour que la Lune et le Soleil perpétuent la vie.

– Amalthéa a-t-elle réussi ?

– Apparemment, non. On dit qu'il manque toujours la sirène, car épidémies et guerres perdurent sur notre planète.

Luiset Madison (Trilogie)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant