11. Au bord de la rivière 3/5 (réécrit)

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  On n'entendait que le clapotis de l'eau. Tous les autres étaient tournés vers Antoine et Luiset. Eux aussi avaient écouté le conte des sirènes.

– Vous êtes une excellente conteuse mademoiselle Madison ! dit Garrett.

– Merci monsieur Jame, mon père aimait me raconter toutes sortes d'histoires à l'heure du coucher.

– Je l'avais presque oublié, surenchérit Anna Grimsey.

– Cette pauvre Sao. Tu te rappelles, Antoine, cette gravure horrible qui montrait le harponnage de la baleine dans la bibliothèque du port de Nochet ?

– Oui, Papy m'avait fait peur avec ça, il jouait une musique angoissante en plus avec son piano. Lorsque je lui ai demandé qui avait fait ça, il m'a répondu : « pas qui, mais quoi ? ». Il disait que seul un monstre pouvait oser harponner la baleine... Puis il y avait du sang...

– Ah... je n'en savais rien, mon père est aussi un peu fantasque voyez-vous, dit Chiévée à Meadow et Anna, je n'aurais pas laissé mon fils entendre pareille violence de la bouche de son grand-père !

– Très divertissant, mais je crains que nous soyons obligés de reprendre la route, interrompit Malty pendant que Lieu rangeait les paniers.

Il ne fallut que quelques minutes avant que la diligence ne poursuive sa route. Adoucie par le moment de complicité entre Luiset et Antoine, Chiévée se dévoila un peu, et la curieuse Anna tendit l'oreille :

– Nous rentrons à Génoive. N'est-ce pas, Antoine ? Antoine ! Ne touche pas !

Le petit garçon sursauta alors qu'il se tenait près du panier rempli de bulbes. La vendeuse vint rapidement vers lui :

– Oui, attention mon petit, il ne faut pas les abîmer ! dit-elle d'une voix chantante mais ferme en rabattant le tissu.

Il s'excusa puis rejoignit sa mère, aidé par Viola. La diligence passait sur une route caillouteuse et il perdit l'équilibre.

– Donc, vous revenez à Génoive ?

– Oui, nous rentrons chez nous, dit-il en se rattrapant au bras de sa mère. C'était bien, mais je suis pressé de retrouver ma chambre et mes jouets.

– Où étais-tu ? demanda Meadow Lance.

– En vacances, chez des amis. Ils sont gentils, mais c'était un peu long quand même.

– Voyons, Antoine, je ne t'ai pratiquement pas vu du séjour. Tu t'amusais avec Jacques du matin au soir !

– C'est lui qui me collait.

– Les enfants... dit Chiévée en souriant.

– Ne m'en parlez pas ! surenchérit Anna.

– Mais ce soir à Villejoie, on va s'amuser ! reprit-il presque hystérique.

– Calme-toi Antoine, tu n'iras pas te coucher trop tard, nous n'arriverons déjà pas tôt.

– Mais si, je...

– Il suffit, mon ange !

Le petit garçon bouda un moment mais finit par s'endormir, la tête posée sur les genoux de sa mère. En réalité, tous les voyageurs étaient pressés d'arriver à Villejoie. C'était l'une des plus grandes villes du pays. Luiset et Anna étaient invitées à un grand dîner chez un cousin, Tiam Nuegill voulait passer chez le grand apothicaire pour accroître son stock de plantes médicinales, Viola disait vouloir aller au casino et Garrett se retint de partager ses pensées lubriques.

Luiset Madison (Trilogie)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant