Chapitre 5

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Tolomea 2013,

Aphrodite se réveilla dans un lit qui n'était le sien avec un furieux mal de tête. Il grimaça contre sa migraine en tentant rassembler ses souvenirs... La veille, il était sortit en boîte avec son collègue du Cancer. Alors qu'une foudroyante douleur lui vrilla le crâne, il se jura pour la énième fois qu'il ne laisserait plus jamais Cenzo choisir la boîte. C'était un véritable bouge ! Draguer et picoler toute la nuit pour ne ramener au lit une épouvantable gueule de bois était bien loin de son idéale de soirée.

Le faible éclairage qui venait de la fenêtre, lui permit de voir que la chambre était spacieuse et décorée avec goût. Il ne portait pour tout vêtement qu'une chemise de soie qui sentait bon la cannelle... Donc, il n'était pas rentré seul et... Il avait conclu ! ... Songea-t-il avec surprise et horreur. Apparemment, un mec avait finalement trouvé grâce à ses yeux... Un exploit, vu le niveau élevé de ses exigences... Si élevées que, sa proie avait toujours été éconduite avant le passage à l'acte. Mais après tout, l'intérêt était dans la chasse.

Il voulu se lever pour voir où il était, mais un violent mal de tête, suivi d'une épouvantable nausée le terrassa. Il n'insista pas pour l'instant, il devait laisser le temps à son corps et à son esprit d'évacuer les effets de l'alcool et peut-être même, de la drogue... Ce type l'avait très certainement drogué à son insu... Ne supportant pas d'être rejeté, il l'avait drogué et.... Violé ?

Aphrodite souleva lentement l'édredon et déboutonna la chemise pour s'examiner. Du moins autant que la douleur et le nausée le lui permettaient. Il avait de sacrés hématomes et écorchures. Son corps n'était plus qu'un masse de douleur. Mal partout ? Le Poissons se concentra laborieusement. En fait, il n'avait pas mal là où... on était sensé avoir mal après une relation sexuelle. Il avait toujours entendu dire, sans jamais le vérifier que c'était douloureux la première fois. Et ce n'était pas non plus ses conquêtes qui aurait pu confirmer, vu qu'il n'était jamais allé jusque là.

Peut-être qu'après tout ce type ne l'avait pas violé. Ce n'était pas le genre d'un gentleman et c'était l'impression que cette chambre donnait de son hôte. Peut-être que ce n'était chez lui d'ailleurs, mais une chambre d'hôtel... Elle lui semblait familière, tout comme la chemise. La douceur de la soie sur sa peau, la délicieuse odeur acre et sucrée en même temps de la cannelle l'apaisaient. Il avait une sensation de déjà vu, la douce impression d'un bonheur lointain, mais pourquoi ? Tout cela lui rappelait quelqu'un... Quelqu'un qui le rendait heureux... Mais bon sang ! Qui ça ?

Ikki !... Aphrodite eu la mauvaise idée de secouer la tête pour chasser cette idée saugrenue. Non pas Ikki, ce rustre sentait la transpiration, pas la cannelle... Une vague de lucidité se fraya un chemin dans son esprit embrumé. Il s'était entraîné avec le chevalier et cette satanée gueule de bois l'avait empêché de s'esquiver l'illusion du phénix. Il nota à nouveau pour lui-même d'éviter tout entraînement avec ce satané volatile après une nuit de beuverie, et même tout entraînement tout court. Il grimaça en prenant la tête dans ses mains à cause du violente douleur cérébrale.

Puisqu'il se trouvait confortablement couché dans des draps de satin et non enchaîné au fond d'une geôle sordide, le chevalier décida de se rallonger pour dormir encore un peu, peut-être que son hôte poussera le savoir vivre jusqu'à lui apporter le petit déjeuner au lit. Son souhait fut vite rejeter par l'arrivée d'une nouvelle nausée. Au fond, de savoir que c'était l'effet conjugué de sa nuit de débauche et de l'illusion du phénix qui le mettait dans cet état le rassurait. Quoique, les images qui, entre fantasme et cauchemar, hantaient encore son esprit, il s'en serait bien passé. Il ferma les yeux en geignant lorsqu'une vision où il gelait au Cocyte lui traversa l'esprit. Puisque pour l'instant il n'arrivait à s'en débarrasser, il tenta de se concentrer sur la partie fantasme. Il se voyant faisant l'amour avec un homme. Un très bel homme pour autant qu'il s'en souvienne, car il n'arrivait pas à vraiment se souvenir de lui.

La porte s'ouvrit et Aphrodite ferma les yeux en grognant contre la cruelle lumière qui l'agressait. Elle s'éteignit et fut remplacé par la clarté tamisée d'une boule de cosmos. Une voix qu'il lui semblait reconnaître lui dit d'un ton enjoué.

- Désolé ! C'est mieux comme ça ? Et... ravi de te voir enfin réveillé Aphrodite.
- Wouai ! Merci, grommela Aphrodite. Qui es-tu ? Et où suis-je ?

Pendant un bref instant, le chevalier cru voir de la tristesse dans le regard de l'homme qui tenait là, un verre à la main.

- Je suis Minos du Griffon, l'étoile céleste de la noblesse et tu es chez moi à Tolomea.
- Oh putain ! Je suis encore mort !
- Eh minute ! S'exclama soudain le Poissons en fronçant les sourcils. Depuis quand les juges ramène les âmes des défunts dans leur lit.

Le juge émit un petit rire amusé et répondit.

- Rassures-toi Aphrodite des Poissons, tu n'es pas mort. L'attaque du chevalier phénix t'as méchamment sonné alors je t'ai ramené ici pour te soigner. Notre seigneur Hadès, n'était pas franchement ravi. Mais il a fait prévenir Athéna avant que ta disparition ne sème la panique et ne mette en péril la paix.
- Je t'ai apporté de l'aspirine, ajouta le griffon en montrant le verre. Je me suis dit que tu en aurais besoin.

Le chevalier porta sa main au front en grimaçant de douleur, puis néanmoins surpris par la sollicitude du juge, il répondit.

- Oh oui, merci.

Un nouvel éclair de tristesse était passé dans le regard du spectre d'Hades, cette fois le chevalier en était sûr. Il demanda alors d'une voix douce.

- Qu'est-ce qu'il y a, quelque chose ne va pas ?
- Alors tu ne te souviens pas,  répondit Minos peiné.
- Me souvenir de quoi ? L'interrogea Aphrodite inquiet.
- De rien, ne t'inquiète pas pour cela, fit le juge d'une voix qui se voulait rassurante.

Il approcha lentement en tentant de masquer un boitement et s'assit au bord du lit avec d'infini précautions. Il donna le verre au chevalier qui le dévisagea. En voyant la démarche difficile du griffon, le Poissons eut comme un choc, comme un voile qui se déchirait dans son esprit. Il sourit et il dit avec sévérité.

- A ce que je vois, Hadès est toujours aussi brutal lorsque la reine Persephone est absente !
- Oui et plus encore, là qu'il doit gérer la paix avec Athéna répondit machinalement Minos avant de se figer.

En effet, réalisant que le chevalier ne pouvait pas le savoir, vu que les débordements d'Hades étaient un secret bien gardé, le cœur du griffon eu un sursaut avant de se mettre à battre frénétiquement. Aphrodite ne pouvait pas le savoir... A moins que... Songea-t-il avec espoir. D'une main tremblante, le juge caressa une mèche de cheveux du Poissons et demanda d'une voix anxieuse.

- Tu te souviens n'est-ce pas ?

Le chevalier prit la main du juge pour l'écarter et avec un sourire malicieux, il dit.

- Ca dépend ! Suis-je toujours din bøyen ? (1).

En l'entendant, le cœur de Minos rata un nouveau battement. Cela non plus Aphrodite ne pouvait pas le savoir. Personne ne savait. Cet étrange mot doux était un secret entre Minos et Albafica. Cela ne pouvait signifier qu'une chose... Il se souvient, termina mentalement le juge souriant aux anges, heureux d'avoir enfin retrouver cet amour qu'il croyait à jamais perdu.

- Vas-tu te décider à m'embrasser, lui dit Aphrodite en l'attrapant par la chemise pour le rapprocher.

Minos posa alors ses lèvres sur celles du chevalier qui entrouvrît aussitôt la bouche pour l'inviter. Tandis que leur langue se mêlaient avec une passion frénétique comme pour rattraper le temps perdu, le Poissons glissa subrepticement sa main dans le pantalon du juge et fit doucement jouer ses doigts sur le sexe de celui-ci. Lorsqu'ils se séparèrent enfin, Aphrodite enleva sa main et murmura à son amour avec un sourire espiègle.

- Et histoire de t'exciter d'avantage, je suis toujours vierge... Mais ça tu dois le savoir...

Riant de bonheur, Minos fit basculer son ange retrouvé sur le lit et dit.

- Je n'ai pas vérifié, mais on va tout de suite y remédier.

Fin

(1) Ta bouée en norvégien

Souviens-toi de moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant