Usually.

229 20 13
                                    

La raison du "pourquoi l'avait-il sauvé" échappait encore au jeune rocker. Il n'a jamais été un gentil petit garçon qui sauve des filles en détresse. Ce genre de fille ensanglantées et mourantes dans des ruelles sombres, il y en a plein à craquer en Amérique. Surtout à Los Angeles et à New York.
Et d'habitude, il ne passait pas son temps à jouer les princes charmants.
D

'habitude, il s'en fichait. Il les laissait mourir dans leurs coins. Qu'elles se démerdent toutes seules.
Cette soirée là, ils étaient en train de répéter dans le studio. Mais, comme d'habitude, ils n'étaient pas au complet. Comme d'habitude, Axl était en retard. Sûrement en train de "faire le prince charmant", mais d'une autre manière que celle raconté dans les contes pour enfants.
La tension était alors monté d'un cran. Quand prendrait-il leurs répétitions au sérieux? Steven avait profité du fait qu'Axl ne soit pas encore là pour aller se piquer dans les toilettes.
Quand Axl avait enfin pointé le bout de son nez, Steven planait complètement, ce qui a eu pour effet d'agacer le retardataire.
Le rouquin prétexta que Steven "ne prenait jamais notre travail au sérieux".
Slash en avais recraché son whisky et Duff, sa vodka.
C'était lui qui disait ça? Ce gars était vachement culotté.
Bref, tout était partit en vrille:
Axl a pété un câble, Steven,- le pauvre gars -, se sentait coupable et culpabilisait, Duff n'osait s'interposer dans la dispute et Izzy tentait de calmer les choses.
Ce bon vieux Izzy... Le plus mature d'entre eux! Et même le seul, d'ailleurs...

Slash, lui, était partit.
Il était d'abord allé dans un bar, mais toutes les femmes d'âge mûr trop maquillées le collaient tellement qu'il était partit le plus vite possible.
S'il devait faire l'amour ce soir, ce serait avec une fille plus jeune et moins maquillée.
Mais, pour être tout à fait franc, il n'était même pas d'humeur à faire l'amour. Alors qu'il marchait dans les rues de L.A., il fût prit d'un rire. En effet, il n'aurait jamais cru prononcer une chose aussi absurde de toute sa vie!

Il se dirigeait vers la ruelle la plus sombre et la plus malveillante de tout Los Angeles. Celle où même les flics n'oseraient pas aller. Il commençait à fouiller les poches de sa veste pour trouver un peu d'herbe lorsqu'il découvrit une jeune fille sur son lit de mort.
Celle-là, pour une raison qui lui échappait, l'avait obnubilé.
Elle était horrible et magnifique en même temps. Si petite et si fragile qu'il ne s'était qu'à moitié étonné que la pauvre n'arrive plus à supporter ce monde horrible.
Comment reprocher à un être si frêle de ne plus supporter tout ce poids sur ses épaules ? Une envie irrésistible lui parcouru l'esprit.
Il voulait savoir ce qui l'avait poussé à en venir là. Il voulait connaître quels êtres malveillants ou quels événements turbulents ont fait naître toute cette souffrance en elle.
Elle l'intriguait.

D'un côté, elle était répugnante à cause de la crasse et du sang séché qui répandait une odeur nauséabonde, mais d'un autre côté, elle était enivrante. Il y avait quelque chose en elle, - presque quelque chose de magique, si l'on puisse dire ainsi -, qui l'a rendait différente.
Il ne put succomber au désir de la prendre dans ses bras et de la ramener chez lui.
Et voilà qu'il se retrouvait assit devant elle.

Je n'ai plus rien à perdre, avait-elle murmuré.

Diable seul sait à quel point cette phrase lui fit de la peine.
À quel point ces mots le blessèrent.
Quelques années auparavant, la même phrase se répétait en boucle dans son esprit torturé.

- Va prendre une douche. Je t'apporterais une serviette et des vêtements, lui dis-t-il.
- À quoi bon? susurra-t-elle.
- Tu est sincèrement envoûtante, mais on ne peut pas en dire autant de ton odeur.

Il avait peur de la vexer. D'habitude, il s'en fichait de ça. Ça te vexe? Alors va te faire foutre. Mais là, il s'était dit qu'elle avait un air un peu pitoyable, comme si elle n'avait plus de raison de vivre, et il ne voulait même pas imaginer que ses mots puissent la blesser davantage.
Il ne savait pas comment, il ne savait pas pourquoi, mais une certaine chose tout au fond de lui voulait la faire sourire. Et, à son grand bonheur, elle sourit. Elle éclata même de rire.
Un rire angélique et sincère. Slash sentit son coeur s'emballer un peu. Sûrement la chaleur de Los Angeles.

- Et après ? elle demanda, arquant un sourcil. De toute façon, je me retrouverai à la rue.
Il fronçait les sourcils.
- Tu n'as pas de maison? Attend mais... Depuis quand tu est à L.A.? Et ça fait combien de temps que tu est à la rue?
Elle ne répondit pas, baissant les yeux vers son assiette vide, se triturant les doigts. C'était sûrement une manie lorsqu'elle était stressée, se dit-il.

Le jeune homme soupirs, même s'il comprenait le silence d'Iris. Elle ne le connaissait pas et lui, il lui demandait de se confier à lui? À un inconnu?
D'habitude, aucune femme n'hésitait à se confier à lui. Elles le faisait même sans arrêt, alors qu'il ne leur demandait jamais rien.

Le bouclé se leva et prit sa main. Elle était glacée mais cependant, une chaleur monta dans la sienne.
Il la conduisit à la salle de bain et la laissant là, il alla chercher une serviette. Il prit également un t-shirt noir de Led Zeppelin et un short bleu.
Lorsque il revint à la salle de bain, Iris était plantée au même endroit.

Slash arqua un sourcil et demanda:
- Tu veux peut-être que je te déshabille?

Le visage de la brunette s'enflamma et il se sentit fière de l'avoir fait rougir.

- M-Merci.. Mais je peux le faire moi-même...

Il sourit et sortit, la laissant prendre sa douche.
En se dirigeant vers sa chambre, il s'était dit qu'il aurai bien aimé la déshabiller. Et même la rejoindre dans la douche.
Pendant une seconde, il pensa qu'il pouvait encore le faire, mais il repoussa cette idée le plus loin possible. (Enfin, pas trop loin non plus quand même...). Iris n'était pas une de ces salopes trop maquillées traînant dans les bars à la recherche d'étalons. Si elle le voyait débarquer dans la douche, elle ferait littéralement une crise cardiaque avant de le sortir de force de la salle de bain.

Slash s'assit sur son lit, là où elle dormait il y a quelques minutes à peine, et il prit sa guitare.
L'image d'Iris sur le sol, le corps dans une flaque de sang, le visage - et surtout les yeux - mourants lui revînt à l'esprit.
Il se souvint ensuite de sa face dépitée, de ses yeux désespérés et de ses douces et jolies lèvres s'écartant pour prononcer cette phrase dont les mots lui firent mal.

Je n'ai plus rien à perdre.

Cette phrase passait en boucle dans sa tête lorsque son père était partit. Le bouclé ferma les yeux et balança sa tête en arrière. Ses doigts glissèrent sur les cordes. Il ouvrit lentement les yeux après avoir chuchoté des paroles et il prit tout de suite du papier et un crayon, ayant peur de les oublier.

Lorsqu'il finit d'écrire, il leva la tête et vis Iris devant lui, sur le pas de la porte. Elle semblait hésitante pendant quelques secondes puis, à sa grande surprise, elle s'approcha de lui et se blottit dans ses bras.
Encore une fois, une chaleur envahie son corps. Il sentit son torse picoter.
Quand elle se détacha de lui, elle le regarda droit dans les yeux et lui souffla:
-

Merci. Merci beaucoup. D'habitude, personne ne prend jamais soin de moi.

Ils restèrent comme ça quelques secondes. Peut-être même quelques minutes.
Assis, le dos contre son lit, sa guitare entre Iris et lui. Elle avait les mains posées sur son torse.

Jamais? souffla-t-il.
- Jamais, murmura-t-elle.

Nothing To Lose.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant