Chapitre Un

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Je poussai délicatement la porte de la grande demeure en ruine en prenant garde de ne pas faire de bruit. Je pénétrai dans l'immense maison enfouie dans le noir, éclairée seulement par la lune et le ciel étoilé, et m'aventurai dans la pénombre sans le moindre effort. Je connaissais l'endroit par cœur tant j'y étais venue. Je m'avançai vers l'escalier et posai ma main sur la rampe poussiéreuse. Je montai lentement les marches grinçantes jusqu'à l'étage. J'observai l'immense hall vide depuis le palier, je nous revoyais jouer aux cartes, danser, rire... Ensemble. Je soupirai en fermant les yeux puis repris ma route. Arrivée devant la porte de la chambre, qui était autrefois notre chambre, je sentis une vague de tristesse envahir tout mon être. J'inspirai un bon coup et fini par ouvrir la porte. Je balayai la pièce du regard.Elle était comme on l'avait laissé la dernière fois qu'on était venu, tous les deux. Il n'y avait qu'un matelas posé vulgairement au sol avec deux oreillers et une couverture, et un piano à queue près de la grande fenêtre qui donnait sur un petit balcon à la limite de l'effondrement. Je m'avançai dans la chambre, le regard vide, jusqu'au piano. Je m'assis, tremblant légèrement. Je remarquai à ce moment là, un vieux t-shirt posé sur les touches. Je m'en saisis et le portai tout en douceur à mon visage. Il avait encore son odeur. Mes larmes menaçaient de tomber à chaque inspiration, à chaque fois que son parfum sucré titillait mes narines. Cela faisait près d'un an déjà, qu'il était parti. Me laissant seule avec mes souvenirs, ma tristesse et ce manque horrible qui me rongeait de l'intérieur. En un an, on pourrait croire que j'ai eu le temps de m'en remettre, mais pas du tout. J'avais encore l'espoir de le revoir, l'espoir qu'il revienne.Ce putain d'espoir ne me laissait pas aller de l'avant. Cet espoir,dont tout le monde parle comme une chose qui nous maintient en vie,me tuait un peu plus chaque jour en son absence.


Perdues dans mes pensées, je posai mes doigts sur les premières notes de la mélodie qu'il avait l'habitude de me jouer.

Do.

''Dis, Hana, on restera toujours ensemble toi et moi, n'est-ce pas ?''

Sol.

''Si je le pouvais, je t'offrirai les étoiles, Hana.''

Ré.

''Rien que nous deux, au beau milieu de cette humanité en perdition. Quel tableau magnifique, tu trouves pas, Hana ?''

Si.

''Ce château en ruine sera notre espoir, notre amour et notre jeunesse.''

La.

''Le plus beau cadeau que la vie m'ait offert, c'est bien toi, Hana.'

Un soupire traversa la paroi de mes lèvres.

Mi.

''Mais enfin, comprends-moi Hana, je ne peux pas rester.''

La dernière note résonna bien plus longtemps qu'elle n'aurait dû. Une larme brûlante comme la lave glissa le long de ma joue et s'écrasa sur ma cuisse. Plus j'y pensais et plus j'avais la conviction d'avoir raté une note entre le moment de notre parfaite idylle et son départ si soudain.

Plus j'y pensais, et plus j'avais l'impression que tout cela n'avait été qu'un rêve. Qu'il n'avait existé que dans mon imagination.

Un bruit sourd retentit près de la porte.

« Jungkook, je t'ai dis de me laisser un peu seule. »

Je n'eus aucune réponse. Des bruits de pas se firent entendre,s'arrêtant seulement à quelques centimètres de moi. Je senti une chaleur familière dans mon dos.

« Qui est ce.. Jungkook ? »

Mon sang ne fit qu'un tour dans mon corps, ma respiration se stoppa net.J'étais devenue une statue vivante. C'était sa voix, c'était lui.Mais j'avais bien trop peur de réagir, de peur qu'il ne s'évapore une nouvelle fois sous mes yeux. De peur que se ne soit qu'un autre rêve.

Sa main se posa avec douceur sur mon épaule dénudée, une vague de chaleur m'envahit alors.

« Hana, je suis rentré. »

Voyant que je ne réagissais toujours pas, il s'installa à mes cotés et entama la mélodie qu'il savait si bien jouer. Ma tête dévia alors vers son visage. Je le fixai, vérifiant s'il était bien réel ou si mon imagination me jouait des tours. Mais non, c'était bien lui. Il avait les yeux rivés sur le piano, humectant ses lèvres comme à chaque fois qu'il était concentré.

Ma main se fraya un chemin jusqu'à sa joue. Je caressai cette dernière avec mon pousse, le faisant s'arrêter de jouer. Il prit ma main dans la sienne et planta ses yeux ténébreux dans les miens. Il sondait mon âme, me lisait comme un livre. C'est alors que, comme pour répondre à ce que mes yeux lui avaient transmis, il sella notre discussion spirituelle en posant ses lèvres sur les miennes.

A ce moment, il n'y avait plus rien d'autre que lui, moi et les sensations qui remontaient progressivement à chaque touché. Il n'y avait plus de manque, plus d'absence, plus de tristesse, plus de larmes, plus de peur, plus rien. Tout ce dont j'avais conscience c'était ses lèvres, son odeur, ses mains se baladant sur mes hanches, son souffle caressant mon visage, mes mains dans ses cheveux si doux et la chaleur dont mon cœur s'était enveloppé. Chaque toucher, chaque baiser, chaque soupire faisait remonter un doux souvenir dans mon esprit. J'étais comme enivrée. Ivre de sa présence, de ses lèvres dans mon cou, de ses mains dans le creux de mes reins, ivre de lui.

Touts'était passé tellement vite, j'étais dans une autre dimension. Et sans que je ne m'en rende compte, nous étions déjà sur ce fameux matelas où nous avions passé tant de nuits ensemble.






Je ne me réveillai le lendemain que lorsque les rayons du soleil vinrent me chatouiller le visage. Sans ouvrir les yeux, je glissai ma main là où il avait dormi. La place était froide. J'étais de nouveau seule dans la chambre du château abandonné. Il était reparti, encore une fois. Il n'avait laissé derrière lui qu'un seul petit papier, là où il aurait dû être ce matin.


''Hana, joyeux anniversaire.''

House Of Cards ▪k.th▪Où les histoires vivent. Découvrez maintenant