Mon appartement, plongé dans le silence comme à son habitude, était éclairé par la lumière du soleil matinal d'automne. Les rayons qui avaient traversé la fenêtre de ma chambre pour venir chatouiller mon visage d'une douce chaleur, me firent émerger du monde des rêves. J'ouvris les yeux progressivement pour ne pas être aveuglée par le soleil. Je regardai l'heure sur l'horloge accrochée au mur en face de mon lit : huit heure. Pour la première fois depuis longtemps, j'avais eu une nuit parfaite. La sensation d'avoir dormi suffisamment n'avait pas de prix. Je ressentais une certaine satisfaction et je me sentais prête à affronter cette journée.Néanmoins, je restai allongée sur le dos, blottie dans ma couette sans bouger pendant au moins une demi heure. Je m'y sentais bien,protégée et aucune pensée négative ne me traversait l'esprit. Ce n'est que lorsque mon ventre me signala qu'il était vide que je me décidai à sortir du lit.
Je me dirigeai d'abord dans la salle de bain pour prendre une douche rapide. Je me déshabillai, détachai mes cheveux et m'apprêtai à me mettre sous l'eau chaude. Seulement, en passant devant mon miroir quelque chose m'interpella. Je me replaçai en face, et constatai avec regret l'état de mon corps, de mon visage et celui de mes cheveux. J'avais perdu énormément de poids, au point où je pouvais à présent voir mes côtes sous ma peau. Mon visage était fin et long, mes joues creuses, mon teint était tout pâle et des cernes se trouvaient sous mes yeux . Mes jambes étaient toutes fines, trop fines. Et pour couronner le tout, la couleur rouge de mes cheveux était presque partie, mes racines prenaient largement le dessus. Je soupirai en regardant une dernière fois le massacre et partis me laver.
Une fois ma toilette terminée, je me rendis dans la cuisine pour me préparer un petit déjeuner. Malheureusement pour moi, mes placards et mon frigo étaient vides. Je n'avais plus rien à manger, et mon ventre continuait de gronder. N'ayant pas d'autres options, je me dirigeai d'un pas décidé vers ma chambre. Je pris un jean slim noir et mon gros sweat rose pale, les enfilai, récupérai mes clés et ma carte bleue, mis mes baskets et sortis en trombe de chez moi. Je traversai le couloir qui séparait mon appartement et celui de Taehyung. Je me surpris moi-même en ralentissant devant la porte de ce dernier. Je n'avais plus eu de ses nouvelles depuis qu'il était resté me tenir compagnie l'autre jour. Peut-être avait-il renoncé à essayer de devenir ami avec une fille aussi bizarre que moi. Je secouai la tête pour le faire partir de mes pensées et repris maroute vers le supermarché du quartier.
Je déambulai dans les rayons à la recherche des produits qu'il me faillait et qui me faisaient envie. Nouilles instantanées, céréales,chips, conserves de légumes, fruits, petits gâteaux, jus de fruit,madeleines, pâtes, purée... Je pris tout ce qui était facile à préparer et manger. J'en profitai pour acheter une nouvelle teinture pour améliorer l'état catastrophique de ma masse capillaire,quelques produits ménagers et des petits objets pas très utiles pour la maison. Je passai rapidement à la caisse et quittai cette endroit bondé de monde. Je n'appréciai pas la compagnie humaine quand il y en avait trop. Surtout des inconnus. J'avais un sentiment d'insécurité, l'impression que tous les regards étaient braqués sur moi et qu'on parlait en mal de moi. Qu'on me jugeait sur mon apparence, sur ma façon de me tenir, de marcher, de parler et même de respirer. C'est pourquoi j'essayai de ne pas me faire remarquer, j'évitai tout contact visuel et physique avec les gens, mais malgré ça, j'entendais bien trop souvent des remarques désagréables. J'appris à les ignorer au fil des années, mais je n'en étais pas insensible pour autant.
J'arrivai dans le hall de notre petit et vieil immeuble, et déposai mes courses au sol pour récupérer mon courrier. Le mot 'immeuble' n'est pas très adapté à la réalité, j'aurai plutôt dis une 'petite bâtisse avec deux appartements seulement'. Lyna et moi avions acheté l'appartement numéro un avec nos économies, après y avoir vécu ensemble en location pendant un an. A l'époque, nous n'avions pas beaucoup de moyens, mais nous avons pu jouer sur la mauvaise réputation du quartier et la petite taille du logement pour quel'ancien propriétaire nous fasse un prix plus abordable pour deux étudiantes. Acheter cet appartement avec notre propre argent, gagné durement, avait été très symbolique pour nous. Il n'était rien qu'à nous, on en était fières. Le logement voisin n'avait jamais eu d'habitant, du temps où Lyna était avec moi. On s'est souvent imaginé l'acheter aussi, plus tard. Puis vint le jour où Lyna parti faire le tour du monde, seule. Et Taehyung a emménagé. Il s'était passé tellement de chose en si peu de temps que je ne pouvais pas y croire.
Je sortis de ma réflexion pour prendre mon paquet de lettre. Je les faisais défiler une à une, à la recherche de celle de ma meilleure amie. Je continuai de les faire passer, de plus en plus rapidement, mais je ne la trouvais pas. Au moment où je me rendis compte qu'elle n'y était pas, une boule se forma dans mon ventre. Tout en reposant le tas de lettres à sa place, je sentis une immense panique monter en moi. Ma respiration se faisait de plus en plus rapide et mes mains commençaient à trembler. Je voyais trouble, je n'entendais plus rien autour de moi, mon cerveau ne réagissait plus. Pourquoi n'y avait-il pas cette foutue lettre. J'étais censée en recevoir chaque semaine. Plus j'y pensais, plus la panique s'intensifiait. Mon être tout entier finit par trembler.
«Oh! Hana, tu es là! Je te cherchais.»
C'était Taehyung, le voisin qui avait le don de se montrer au mauvais moment.Il s'approcha de moi, tout joyeux. Moi, je ne l'avais pas entendu, je n'avais même pas conscience de sa présence, j'étais dans mon monde, dans tous mes états. Il se rendit compte bien vite que quelque chose n'allait pas.
« Qu'est-ce qu'il t'arrive ? » m'avait-il dit d'un ton qui semblait inquiet.
Je n'arrivai pas à répondre, je l'entendais à peine. Mes oreilles sifflaient, et j'avais de plus en plus de mal à respirer. Bientôt,ma tête se mis à tourner. Le poids de mon corps se faisait de plus en plus lourd sur mes jambes, et je sentais que je n'allais pas tarder à tomber.
Taehyung me saisit alors par les épaules et plongea ses yeux dans les miens.
«Concentre toi sur le son de ma voix, ça va aller. Tout va bien..Respire avec moi.»
Il inspira une grande bouffée d'air, puis l'expira, et je fis de même.On réitéra l'action une bonne dizaine de fois, jusqu'à que je puisse enfin reprendre une respiration normale. De sa main droite, il caressa ma tête et remit une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Il ne m'avait pas lâché du regard un seule fois. Lorsqu'il sentit que j'étais calmée, il sortit de sa poche une enveloppe bleue.
« Tiens c'est pour toi, le facteur s'est trompé, il l'a mise dans ma boite aux lettres. »
J'attrapai le courrier d'un geste vif. C'était la lettre de Lyna. Je soupirai de soulagement. Je me sentais honteuse d'avoir fait une scène pareil pour si peu. Je voulais disparaître au plus vite de la vue de mon voisin, qui m'avait surprise bien trop de fois dans des situations embarrassantes. J'étais sur le point de prendre mes sacs de courses et remonter chez moi lorsqu'il me coupa en les saisissant avant moi.
« Attends. Est-ce que tu as pris ton petit déjeuné ? »
Je le regardais un peu surprise par la question, surtout dans cette situation. Il avait l'air très sérieux et était étrangement très intimidant. Je lui répondis d'un mouvement de tête que non et baissai les yeux.
« - Ah super ! Avait-il répondit d'un ton enjoué. Je vais poser tes courses chez moi, on va prendre un petit déj' ensemble et je te les rendrais en rentrant.
- Mais je- »
Je n'eus pas le temps de lui répondre, ni même de cligner des yeux, qu'il était déjà parti et revenu.
« On y va ! »
Il agrippa mon bras et m'entraîna dehors avec lui.
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House Of Cards ▪k.th▪
Fanfiction"Même après tout ce temps, je n'avais pas eu droit à des explications, encore moins des excuses. Même après tout ce temps, j'étais toujours hypnotisée par lui, au point de tout oublier en sa présence. Même après tout ce temps, il n'a jamais cessé d'...
