Chapitre Quinze

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Trois jours s'étaient écoulés depuis l'ouverture de cette lettre. Namjoon m'avait raccompagnée chez moi, voyant que je n'étais pas en état de le faire seule. Pourtant, je n'avais prononcé aucun mot. Pas même un soupire n'avait franchi mes lèvres. Après s'être assuré que j'étais en sécurité, il était reparti en lassant un papier avec son numéro sur ma table. 

Je n'avais pas bougé depuis qu'il avait quitté mon appartement. J'étais allongée dans mon lit, sur le dos, à contempler le plafond blanc de ma chambre. Je n'avais ni dormi, ni mangé, ni même hydraté un tant soit peu mon organisme. J'étais plongée dans le silence, dans le noir, prisonnière des pensées qui me tourmentaient. 



Je marchai derrière Taehyung sur le trottoir étroit d'une longue ruelle sombre et déserte. Deux réverbères étaient placés à chacune des extrémités du passage, ne faisant pas parvenir la lumière là où nous étions. Plus on s'engouffrait dans la ruelle et plus les bruits de la ville s'atténuaient. Très vite, le silence pris possession de l'environnement angoissant dans lequel nous avancions. 

« On aurait dû rentrer quand il faisait encore jour... est-ce que tu pourrais marcher plus vite s'il te plait ? »

Taehyung s'arrêta brusquement devant moi. Il resta un instant sans bouger avant de se retourner vivement vers moi.

« Ne me dis pas que tu as peur ? » Je sentis un petit ton moqueur dans sa phrase. Il ne saurait pas, mais on pouvait voir dans ses yeux malicieux qu'il se retenait.

« Non. Pas du tout. » En réalité, j'étais terrorisée. La nuit a toujours été source d'anxiété chez moi. Je n'aimais pas me retrouver dehors, loin de chez moi après le couché du soleil. J'avais totalement peur de sortir à la nuit tombée, et j'évitais de le faire un maximum. 

Ma réponse ne semblait pas l'avoir convaincu. Il me fixa intensément pendant plusieurs secondes avant de me sourire. Il pris ma main et, tout enjoué, il m'entraina avec lui. Cette fois, il marchait beaucoup plus rapidement. Je n'eus pas le temps de placer un mot que nous étions déjà arrivé au bout de la route, donnant sur une grande allée où toutes les lumières des restaurants et magasins situés de part et d'autre de la route m'éblouirent. Les klaxons des voitures, les passants qui riaient aux éclats, les enfants qui courraient partout, les odeurs de nourritures qui chatouillaient nos narines. Tout était plein de vie. Taehyung s'arrêta en face d'une sorte d'échoppe tenue par une vieille femme et commanda deux brochettes de boulettes de poisson ainsi que deux pains grillés en forme de poisson (bungeoppang). La vieille femme enveloppa la commande de Taehyung dans un papier, la mis dans un sac et le lui tendit. Il la remercia puis sortit un billet de sa poche et le donna à la vendeuse en lui demandant de garder la monnaie. Sa main n'avait pas lâché la mienne.

Il se dirigea ensuite vers un banc au loin, sous un grand arbre orné de guirlandes lumineuses et me fit assoir. Il sorti du petit sac sa brochette et son bungeoppang et me tendit le reste pour que je me serve. Il avala sa nourriture d'une traite, pendant que je l'observai d'un air amusé. Soudain, il s'arrêta et releva la tête et fixa longuement le ciel. 

« La lune est de sortie ce soir. »  dit-il.

Je levai les yeux à mon tour. Je n'avais jamais pris le temps d'admirer la pleine lune, le spectacle qui s'offrait à moi était des plus beaux. 

« Elle est presque aussi belle que toi. »

Il avait prononcé cette phrase dans un murmure à peine audible que j'ai failli ne pas l'entendre. Je détournai mon regard vers lui, et lui répondis par un simple sourire.


Une fois le repas improvisé fini, nous avons entamé une petite balade à travers la rue marchande. On discutait, de tout et de rien. Il me fit rire, plusieurs fois. On observait les gens, les vitrines des magasins. Près d'un kiosque à journaux, un groupe de jeunes garçons avait mis de la musique et dansaient à tour de rôle. Taehyung s'était arrêté pour les admirer et sautillait sur place, comme s'il voulait se joindre à eux. Il chantait à tue-tête les chansons qui passaient et prenait ma main pour me faire danser. Pour la première fois depuis très longtemps, je riais. Je ne pensais plus à rien, j'étais dans l'instant présent. Avec lui. J'étais heureuse.


Plus tard dans la soirée, un nuage apparu dans le ciel recouvrant entièrement la lune. Taehyung proposa de rentrer avant que l'orage n'éclate. Malheureusement, la pluie se mis à tomber lorsque nous étions à mi-chemin.

« Le dernier arrivé devra préparer deux chocolats chauds. » 

J'avais prononcé cette phrase avant de courir aussi vite que je le pouvais vers la maison. J'entendais Taehyung courir derrière moi crier que j'avais triché et qu'il "n'était pas prêt". Une fois arrivés devant la vieille bâtisse, tous deux trempés, un fou rire s'empara de nous. Le son du tonnerre qui gronda nous fit sortir de notre état euphorique. 

Nous sommes montés tous les deux dans mon appartement. Je suis allée me changer pendant que le perdant préparait les chocolats. Je lui ai apporté une serviette pour qu'il se sèche et nous nous sommes installés devant ma fenêtre pour regarder la pluie et écouter l'orage. Nous avons pu voir la foudre tomber non loin de notre immeuble, avant que le courant ne se coupe dans tout le quartier. Peu de temps après, Taehyung se leva et me dit qu'il devait y aller. 

« Je repasserai te voir demain, avait-il dit. Si le courant n'est pas revenu, je donnerais trois coups à la porte au lieu de sonner. »



Tout me faisait mal. Mon coeur se faisait de plus en plus lourd et chaque inspiration que je prenais me faisait l'effet de mille aiguilles traversant mon corps tout entier. Mes larmes ne coulaient plus, mais j'avais mal, un immense chagrin m'habitait. Ma respiration devenait de plus en plus lente. Je sentais le monde tourner autour de moi et mes jambes s'engourdir peu à peu. Des frissons parcouraient mon corps, j'étais frigorifiée. 

Soudainement, au loin, trois coup retentirent sur ma porte. 

House Of Cards ▪k.th▪Où les histoires vivent. Découvrez maintenant