Chapitre Deux

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Je contemplai les gouttes de pluie glisser le long de ma fenêtre, allongée sur mon lit, blottie au chaud sous une grosse couverture. Mon appartement était plongée dans le noir et le silence. On entendait l'orage, le vent, les voiture qui passaient dans la ruelle et quelques fois les éclairs venaient illuminer mon visage pendant une fraction de seconde.
C'était une journée froide et morose.Comme mon humeur. C'était une de ses journées où on a envie de rien faire, où on veut juste être seul, où on pense beaucoup à tout et à rien. Une de ses journées qui déprime, qui ramène le passé à la surface, qui nous fait se questionner sur la vie, sur soi-même. Et parfois qui fait pleurer.


Je focalisai mon regard sur une goutte en particulier. Elle avançait lentement par rapport aux autres. Elle s'arrêtait de temps à autres puis reprenait sa route. Et lorsqu'elle arriva tout en bas, elle disparu. Une boule se forma dans ma gorge. Ma vie ressemblait terriblement à celle de cette goutte de pluie. Ma vie était aussi monotone et plate. J'ai toujours été lente, en tout. J'ai toujours été en arrière, mise de côté. J'ai souvent eu à faire à de nombreux obstacles, que j'ai contournés par pure lâcheté. Et là, rien. C'était le bout. Il n'y avait plus rien que je puisse contourner, encore moins surmonter. Une impasse. La vie, pour moi, aurait dû donc s'arrêter à ce moment. Je n'avais plus aucune raison d'être sur Terre. Pourtant j'étais en là, vivante. La vie avait tellement été mauvaise avec moi, que même la mort n'osait pas m'approcher.


L'idée de mettre fin à toute cette mascarade m'avait déjà traversée l'esprit, mais je me refusais de faire la même erreur, l'erreur que je lui avait promis de ne pas commettre. Alors, j'attendais simplement que mon heure vienne, sans faire le moindre effort pour 'vivre' convenablement. Je mangeais peu, ne dormais presque plus, et évitais toute sortie et tout contact avec le monde extérieur. J'étais vivante parce que je respirais encore, parce que mon cœur battait toujours, mais intérieurement, je me considérai morte.


N'importe qui aurait pitié de la personne que j'étais devenue, aurait tenté de m'aider quelques temps puis aurait fini par abandonné, jugeant que j'étais un cas désespéré. Mais pas Lyna. Elle m'avait connu dans mes plus beaux jours et continuait de me soutenir dans les plus mauvais, gardant espoir que j'allais de nouveau redevenir celle que j'étais le moment venu. On partageait la même vision de la vie :les choses n'arrivent jamais par hasard, et rien ne dure éternellement. Il y a toujours un début et une fin à toute épreuve de la vie. Il fallait juste être patient, alors je patientais, mais je n'espérais pas de miracle.


La sonnette de mon appartement retentit soudain, me faisant sursauter,étant auparavant perdue dans mes pensées profondes. Je ne bougeai,faisant comme si il n'y avait personne. Mais la personne de l'autre côté de la porte semblait déterminée à me la faire ouvrir et sonna une seconde, puis une troisième fois. Je me levai alors et avançai d'un pas nonchalant vers l'entrée. J'allumai rapidement la lumière du hall et entrouvris la porte en même temps.


"Bonsoir!Je suis votre nouveau voisin, je- Oh! Mais vous pleurez. Je ne voulais pas vous déranger je suis désolé..."


Il avait parlé tellement vite que je n'avais pas eu le temps de réagir.Il était parti à la vitesse de l'éclair me cherche un mouchoir. Je n'avait même pas senti ces larmes qu'il était en train de me sécher délicatement. Lorsque je me rendis compte de l'ambiguïté de la scène, j'eus un mouvement de recul.


"Euh..excusez moi. Je- j'étais occupée."


Je refermai alors de suite la porte le laissant seul. Je glissai le long de cette dernière, croisai mes bras autour de mes genoux et posai ma tête dessus. Un soupire traversa mes lèvres. C'était l'incompréhension dans ma tête.


"Au fait, je m'appelle Taehyung. Je repasserai vous voir demain, quand vous serez.. moins occupée." Avait-il dit dans un murmure à peine perceptible.


Cela avait été ma première rencontre avec lui. A ce moment-là, je ne me doutais absolument pas de l'impact qu'il aurait dans ma vie. Je pensais simplement ne plus jamais le revoir, et pourtant, le destin en a voulu autrement.

Je regardai une dernière fois le papier qu'il m'avait laissé en séchant une larme qui s'était échappée.


Même après tout ce temps, je n'avais pas eu droit à des explications, et encore moins des excuses. Même après tout ce temps, j'étais toujours hypnotisée par lui, au point de tout oublier en sa présence. Même après tout ce temps, il n'a jamais cessé d'être mon ecstasy.

House Of Cards ▪k.th▪Où les histoires vivent. Découvrez maintenant