Chapitre 36

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- Est-ce que tout est prêt ?

- Oui.

- Tu es sûr qu'ils seront là ? À l'aube ?

- Oui, répétai-je sur le même ton.

- Bien...

Je raccrochai. Il était satisfait de mon travail, c'était que je voulais. À vrai dire, c'est la seule chose qui m'importait. Je levai les yeux sur la victime : Christophe Groos. Il était endormi sur sa chaise et était noué jusqu'au cou sous les ordres de mon patron. Cet homme n'était décidément pas des plus nets....

Mon collègue près de moi se mit à bailler :

- Je vais me coucher. À demain camarade.

- À demain, répondis-je froidement.

Je le vis se lever de sa chaise et quitter la pièce froide. Il ne restait donc que moi et ce Christophe.

Ma capuche toujours dressée sur la tête, comme le veut le règlement, j'observai cette pièce sinistre. La table sur laquelle je m'appuyais et presque m'endormais, le lit face à moi qui m'attendais avec impatience et la victime, que dis-je, ma victime. Elle me semblait vraiment mal dans tous ces cordages... Il fallait dire que mon patron a insisté sur ce fait et je ne pouvais le désobéir, pas maintenant. Mais c'était comme la goutte d'eau qui faisait déborder le vase.

Je me levai alors de ma chaise qui grinça légèrement sous mon poids et me dirigeai vers la porte par laquelle mon collègue a quitté la pièce et m'assurai de bien la fermer à clé, si ce n'est pas la tourner quatre fois. Après cela je me tournai vers ma victime et m'avançai tranquillement vers elle. Une fois à son niveau, je me penchai alors sur lui. Il avait la tête en arrière et couverte d'hématomes. Hématomes causés par moi, entre autres... En effet, en baissant mes yeux sur mes poings, je pus remarquer leur rougeur et griffures parfois ensanglantées. Je serrai promptement la mâchoire et planta mes ongles dans la paume de mes mains en guise de soulagement.

Je me demandai vraiment comment j'ai pu m'embarquer dans une chose pareille, mais j'avais mes raisons.

Et elles étaient prioritaires...

J'inclinai la tête pour apercevoir le visage de Christophe endormi, puis délicatement, j'enlevai le gros bout de scotch de sa bouche. Arrivé au dernier centimètre de colle adhésive, je tirai d'un coup quand je le vis froncer les sourcils et ouvrir les yeux.

Avant même qu'il ne puisse réagir, je lui mis ma main sur la bouche et il me regarda avec terreur :

- Chut... lui dis-je en posant mon index sur mes lèvres.

Je pouvais entendre sa respiration siffler et son cœur battre à toute vitesse. Il avait extrêmement peur :

- Tu te tais, je te lâche la bouche, compris ? Mais si tu fais le contraire, je te remets immédiatement ce bout de scotch sur la bouche et te laisse ainsi, c'est clair ?

Il retint son souffle un bref instant et hocha la tête lentement en guise de confirmation. Je lâchai la pression petit à petit sur sa bouche jusqu'à la dégager. Il fronça de nouveau les sourcils. Ne voulant pas le laisser dans la perplexité trop longtemps, je commençai à dénouer les liens qui reliaient la chaise à son cou avant de les laisser tomber sur le sol. Puis je continuai cela jusqu'à ce qu'il ne possède plus aucun liens hormis sur les mains et les pieds, pour éviter qu'il ne s'échappe. Il était hors de question de gâcher tout ce travail d'orfèvre :

- Je fais seulement ça pour ton confort, repris-je sans émotion dans la voix. Considère-toi heureux que ce soit moi qui ait ta garde nocturne jusqu'au lever du jour...

Il hocha encore la tête.

- Ce n'est pas pour autant que tu dois me prendre pour un gentil, c'est clair ?

Un énième basculement de tête.

- Parce que... je ne le suis pas.

Il ne réagit pas à cette phrase-là.

- Trouve la position la plus confortable, si tu es capable de bouger, et dors, lui ordonnai-je. Demain sera un jour particulier pour toi, comme pour moi...

Je me relevai lentement et pris finalement direction vers le lit qui me tendait les bras depuis bien trop longtemps. Sans tirer les draps et sans enlever mes baskets, je me couchai sans adresser de regard à ma victime. Je me tournai vers le mur, tirai sur les cordons de mon sweat pour resserrer ma capuche. Enfin je tendis le bras pour appuyer sur l'interrupteur et lorsque la pièce fut plongée dans l'obscurité, je me recroquevillai sur moi-même avant de fermer les yeux en espérant m'endormir... Sans passer par la case cauchemar.

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Aujourd'hui, 12/03/2017, cela fait exactement un an et six mois que Jusqu'à L'aube prend forme ^^

Alors, quel effet vous fait Black Fox ? Préparez-vous au prochain chapitre qui sera sur son passé !

Jusqu'à L'aube - Tome 1 : Coup de poignardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant