Jusqu'à L'aube - Tome 1 : Coup de poignard

Chapitre 46

68 Park Av., Allentown, Buffalo, New York... 

17h21

Rebecca s'engagea dans une rue particulière. Cela lui faisait tellement un drôle d'effet de revenir en ce lieu. Elle ne réalisait toujours pas, même si tout était devant elle.

La voiture de la jeune femme stationna. Elle freina en un grincement léger devant le trottoir et enclencha le frein à main avant de poser sa tête sur le volant : « Est-ce que je dois vraiment le faire ? », pensa-t-elle en relevant les yeux sur une maison.

Sa maison...

Elle attrapa son portable sur le siège passager et envoya un texto à Samantha, les doigts tremblants sur l'écran tactile :

« Je suis devant la maison. Merci encore Sam, sans toi, je n'y aurais jamais remis les pieds... »

Puis elle le verrouilla et le balança à côté d'elle. Elle soupira un grand coup : « Ça va le faire... Ça va le faire. », murmura-t-elle. Rebecca réajusta ces lunettes et sortit enfin de la voiture, un mic mac de nœuds dans l'estomac.

Elle observa la façade de ce qui était à l'époque sa demeure : Elle n'avait donc pas changé... Même couleur, mêmes fenêtres, même perron abrité, la même maison.

La jeune femme avança lentement en observant chaque petit détail, chaque poutre blanche. Elle grimpa les quelques marches du perron et pivota sur le côté pour se retrouver devant la porte d'entrée. Reb' observa un instant ses pieds et remarqua que le paillasson n'était plus le même qu'il y a 15 ans.

Normal après tout...

Elle expira un grand coup et toqua à la porte en espérant... En espérant. Le verbe était-il assez représentatif pour elle ?

Sûrement pas...

Elle ne voulait pas savoir si son père allait être heureux de la revoir, après tout ce qu'il a fait, mais savoir si son père était vivant, si la maison est encore habitée finalement... Et la réponse était probablement oui, puisque la pelouse était toujours tondue et la façade toujours entretenue. Le stress monta de plus en plus...

Elle n'attendit pas loin de trente secondes quand la porte s'ouvrit enfin, avant que son cœur ne rate un battement.

- Bonjour ?

Ce n'était pas son père. Une femme d'une soixantaine d'année se trouvait devant elle : « Est ce que... Non, c'est impossible, il n'aurait pas fait ça. », pensa-t-elle en faisant un pas en arrière. L'instant qui suivit, un homme débarqua sur le seuil de la porte. Ce n'était pas son père non plus, ses mains se mirent à trembler malgré elle, elle ne s'attendait vraiment pas à cela :

- On se connait? Je peux vous aider mademoiselle ? poursuivit la femme.

Elle portait un long gilet en laine écru où elle y croisait les bras, des pantoufles noires, un jean bleu foncé et avait les cheveux grisonnant lui tombant sur les épaules. Rebecca avait les lèvres à peine ouvertes, mais tenta de sortir quelque chose de sa bouche :

- Je...

« Bordel Rebecca tu n'es pas venue ici pour rien ! Tu es là pour obtenir des réponses ! », lui hurla sa conscience.

- Je... Bonjour madame. Je... Euh... Je m'appelle Rebecca.

La retraité hocha de la tête:

- Oui ? Que me voulez-vous ?

La jeune femme se mordit la lèvre inférieure :

- J'ai... Je voulais vous demandez si... Si vous connaissiez... Enfin... bredouilla-t-elle.