Chapitre 18

40 14 3
                                    

Le groupe n'eut pas le temps de respirer, puisque la maudite mélodie retentit et le micro grésilla avant qu'une voix féminine cette fois ne prenne la parole : « Votre attention s'il vous plaît, le vol MR-562 en direction de Porto Velho atterrira d'ici quelques minutes. Je vous demande donc de reprendre vos places et d'attacher vos ceintures... ».

Le moment fut venu... Pour certains, c'était un pas en avant pour récupérer Chris, mais pour d'autres c'était un pas de géant vers la mort ou encore un petit trou creusé pour leur future tombe. L'appareil se mit à basculer vers l'avant. Chacun ressentit cette sensation d'apesanteur pendant de courtes secondes. Ensuite la fine couche de nuages et le ciel azur laissa place à la ville morne et grise.

Une ville au Brésil telle qu'on l'attendait, devait être beaucoup plus colorée et vivante. Ils avaient l'impression que même le temps s'adaptait à leur situation. Les roues de caoutchouc touchèrent la piste goudronnée. L'avion roula quelques instants puis freina devant un des bâtiments de l'aéroport.

Leur cœur palpita de plus en plus vite, des nœuds dans l'estomac prirent forme et les migraines reprirent de plus belle. L'oiseau de métal se stoppa et certains voyageurs commencèrent déjà à détacher leur ceinture. La troupe fit alors de même.

Le commandant de bord prit une dernière fois la parole, se tenant devant la porte de sortie, il s'exprima : « Mesdames et messieurs, nous espérons que vous avez passez un agréable voyage en notre compagnie, la sortie est située devant vous et j'aurais le plaisir de vous saluer et vous souhaiter un bon séjour à Porto Velho ».

Soudain la foule entière se leva et se dirigea vers le débouché, les cinq firent de même et se regroupèrent une nouvelle fois pour ne pas se perdre :

- Ok, tout le monde est là ? demanda Franck.

- Oui c'est bon on peut y aller, confirma Sam.

Tous avancèrent vers la sortie où les marches métallique se déroulaient. Ils croisèrent le sourire éclatant des hôtesses et du pilote qui leur adressa : « Au revoir et bonne journée » dont personne n'a répondu, tellement rongés par le stress. Les marches blanches étaient humides, l'air chaud et pesant. Chaque pas faisait accélérer le battement de leur cœur qui était quasiment sorti de leur poitrine.

Après avoir traversé un couloir de verre, ils débarquèrent dans un hall où se trouvaient devant eux tous les passagers qui patientaient devant un guichet où un policier était installé. C'était le seul moyen pour eux de sortir de cet aéroport car des agents de sécurité et d'autres policiers se trouvaient autour. Ils ne pouvaient donc pas y échapper.

Franck fut le premier à tendre ses papiers à l'homme qui avait le front luisant et des poches sous les yeux. Il ouvrit le passeport, observa la photo, regarda la tête de Franck, les reposa sur le passeport et plissa les yeux pour déchiffrer l'anglais. Puis après quelques secondes, rendit les documents, ce qui déclencha un soupir de soulagement au futur médecin qui lança un regard à ses camarades qui s'apprêtaient à faire la même chose. Un agent de sécurité tendit le bras pour montrer le chemin du carrousel à bagage où il patienta.

Les uns après les autres, ils le rejoignirent avec trente secondes d'intervalle, puis ils se tournèrent vers le « manège » à valise, où Hailey demanda :

- Vous pensez qu'il nous a laissé des affaires ?

- Tu crois vraiment qu'on a que ça à faire ? lui demanda Jay. Chris est plus important qu'une valise, alors on sort d'ici et on oublie nos bagages, s'ils y sont vraiment. J'en doute fort...

Franck, Sam, Clayton, Hailey et Jayden avancèrent vers la sortie en s'aidant des panneaux miraculeusement traduits en anglais. Ils débouchèrent sur une porte vitrée qui s'ouvrit sur le parking extérieur de l'aéroport qui était saturé de voitures.

Si quelqu'un devait les attendre, c'était parmi tout ce monde. Un pas après l'autre, ils trottaient dans les allées, prudents, quand le téléphone qu'ils avaient volé précédemment sonna. Sam le sortit de sa poche et répondit :

- Allo ?

- Oui, re-bonjour, je vous appelle d'une cabine, vous avez oubliez de me rendre mon por...

Elle raccrocha aussitôt, ils avaient besoin de ce téléphone. Jayden lui demanda ensuite :

- C'était qui ?

- Le gars à qui on a volé ce portable.

- Ah...

- Je vais appeler la police, ça ne coûte rien de les appeler après tout...

Elle commença à composer le numéro puis un détail vint la chiffonner :

- Attendez... On est plus aux États-Unis. Le numéro n'est pas le même...

- Tu le connais ? demanda Franck.

- Absolument pas... Et je ne connais pas non plus le portugais, alors pour demander... Oh ! Excusez-moi, madame... Pourriez-vous appeler la police par pitié, dit-elle déjà en train d'essayer de se faire comprendre.

- Uh... eu não entendo, desculpe... Eu não falo Inglês...*

* Euh... Je ne comprends pas, désolé... Je ne parle l'anglais...

- Je crois qu'elle ne comprend pas... La PO-LICE, dit-elle en mimant un téléphone avec sa main.

- Você precisa do meu celular ?**

** Vous avez besoin de mon téléphone ?

- S'il vous plaît, on a des problèmes ! continua-t-elle en joignant ses deux mains. La police, c'est tout ce qu'on voudrait, on ne vous embête plus après promis mais faites ça, je vous en supplie !

- Uh ... Bem, se este é o tipo de letra que você deseja...***

*** Euh... Et bien, si c'est la police que vous voulez...

La femme composa le numéro et tendit le vieux téléphone à clapet à Sam. Un homme lui répondit après quelques instants, la jeune femme le coupant directement avant de lancer :

- Dieu soit loué ! S'il vous plaît, on est à l'aéroport de Porto Velho, on a besoin d'aide !

- Madame, calmez-vous, je ne comprends que la moitié de ce que vous dites, reprenez s'il vous plaît, dit le policier avec un fort accent portugais inévitable.

- Quelqu'un a notre ami et veut qu'on y passe aussi, je...

Une camionnette kaki aux vitres teintées prit place devant eux, le conducteur avait ouvert la fenêtre côté passager et braqua une arme sur eux, assez camouflée pour ne pas que les passants ne la voit. Sam, la bouche entre-ouverte, décolla le téléphone de son oreille, choquée à la vue du silencieux.

- Montez si vous voulez le retrouver...

Personne ne bougea, focalisés sur le calibre, qu'ils ne quittèrent pas des yeux. L'homme qui portait des lunettes de soleil et parfaitement américain, baissa son silencieux ainsi que ses lunettes et répéta :

- Votre ami, vous le voulez vivant ou non ?

- Qui êtes-vous ? demanda Franck.

- Peu importe, vous le voulez oui ou non ?

Tous se regardait et confirma de la tête.

- Bien... reprit-il. Montez.

Ils hésitèrent un instant : « Après tout ce qu'on a vécu, je ne peux que faire confiance à ce type... », pensa Hailey. Puis un à un, ils rentrèrent dans le véhicule, Sam la dernière, qui rendit le téléphone à la portugaise dix mètres plus loin. Lorsque la blonde grimpa à son tour et s'installa sur un des sièges arrière, la camionnette démarra, l'inconnu embrailla et quitta le parking aussi sec. Sans aucune précision.


Jusqu'à L'aube - Tome 1 : Coup de poignardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant