J'étais en train de surfer sur le net, plongé dans mes recherches, quand une douce odeur flottant dans l'air parvint jusqu'à mes narines. Elle éveilla soudainement mon intestin, qui se mit à gronder sourdement. Un bruit sourd s'éleva dans la pièce, semblable à un avertissement de mon estomac, et je fus contraint d'interrompre mes recherches pour me rendre dans la cuisine. Sur mes gardes, je pris la précaution d'attacher solidement la croix sainte autour de mon cou, son métal froid contre ma peau, et m'avançai lentement vers la porte.
Avant de l'ouvrir, je plaçai mon oreille contre le battant en bois, frissonnant au contact du froid, pour tenter de capter le moindre bruit venant du couloir. Je n'entendis presque rien, à l'exception du frémissement régulier d'une casserole chauffant sur la plaque.
- Caym ? appelai-je, la voix à peine plus qu'un murmure.
Aucune réponse. Tout en restant vigilant, je tournai lentement la clé dans la serrure, l'acier grinçant légèrement, puis ouvris la porte avec précaution. Le bruit de la porte qui grinçait perça le silence et brisa l'illusion de sécurité qui me protégeait de l'ange déchu. La lumière de la cuisine était allumée, et à travers l'embrasure, je distinguais quelques plumes noires qui dépassaient, agitées frénétiquement. Je me faufilai sur la pointe des pieds, incapable de retenir un petit ricanement.
Dos à moi, Caym était absorbé dans ses préparations, totalement plongé dans la musique qui résonnait dans ses écouteurs. Ses cheveux noirs, longs et soyeux, étaient attachés en une queue de cheval haute, maintenue par un simple torchon jaune. Son corps se mouvait avec une grâce étrange, une fluidité presque surnaturelle, comme un danseur, mais plus... sensuel. Il portait un tablier rose bonbon qui contrastait de manière grotesque avec son allure de démon. Le spectacle me laissa sans voix : un ange déchu, d'apparence malfaisante, effectuant des mouvements dignes des pires scènes de film X. Même dans mes rêves les plus fous, je n'aurais jamais imaginé une scène pareille.
- Tu t'entraînes pour ton prochain rôle ? ricanais-je, m'appuyant sur l'encadrement de la porte.
À l'entente de ma voix, ses yeux se tournèrent lentement vers moi. Un sourire en coin étira ses lèvres alors qu'il retirait ses écouteurs, réajustant sa coiffure avec une nonchalance déconcertante.
- J'ai besoin d'un partenaire pour la suite...
Il s'approcha de moi, son regard brûlant d'intensité, et me souffla d'une voix qui n'était qu'une caresse sensuelle :
- Tu veux bien m'aider ?
Un frisson parcourut ma peau lorsqu'il passa son index griffu sur mes lèvres avant de le glisser lentement dans mon cou. Mais avant qu'il ne puisse faire plus, une décharge électrique parcourut mon corps. Il recula brusquement, secouant sa main, pestant de frustration.
- Quand les poules auront des dents... sifflais-je en m'avançant dans la cuisine.
- Saloperie de croix sainte... cracha-t-il, une lueur de colère dans ses yeux.
D'un coup de hanche, je poussai Caym sur le côté et pris place avec une grâce calculée sur l'une des deux chaises. La table était soigneusement dressée : des assiettes en porcelaine de Chine, qui n'étaient manifestement pas les miennes, étaient disposées avec une précision extrême, encadrées de couverts en argent massif et accompagnées de flûtes délicates.
- Tu as braqué une grand-mère ? demandai-je, observant d'un œil critique la table élégamment mise.
Ses sourcils se froncèrent un instant avant qu'un soupir ne s'échappe de ses lèvres.
- Les humains n'ont aucun goût, répondit-il en reprenant place devant la plaque chauffante.
- Les anges déchus n'en ont pas plus, rétorquai-je avec un sourire malicieux avant de poser la question : On mange quoi ?
Avec l'élégance d'un danseur, l'ange déchu pivota sur lui-même et me tendit une cuillère en bois, la fumée rougeâtre d'un liquide qui bouillonnait dans la casserole se levant en volutes appétissantes. L'odeur m'envahit immédiatement, délicieuse, mais étrange, et je froncai les sourcils en examinant le mélange dans la cuillère. Le liquide pétillait légèrement, mais il avait l'air trop clair et homogène pour être une sauce tomate classique. J'hésitai.
- Goûte, tu verras, c'est délicieux ! lança Caym, secouant la cuillère sous mon nez, un sourire espiègle sur les lèvres.
- Si je meurs... marmonnai-je, prenant la cuillère. Je viendrai t'arracher tes plumes une à une...
- Mais bien sûr... ricana-t-il, avant de me pousser sans ménagement à goûter.
La chaleur envahit ma bouche, douce au départ, avant de se transformer en un brasier intense qui me brûla la langue et la gorge. Un tourbillon de chaleur sauvage me dévora de l'intérieur. Je toussai violemment, mes yeux se remplirent de larmes brûlantes. J'aimais les plats épicés, mais là, c'était au-delà de tout ce que j'avais pu imaginer. Les ingrédients semblaient tout droit venus d'un autre monde.
Quand il retira enfin la cuillère, je me sentais prêt à m'effondrer, mes joues en feu, les larmes coulant le long de ma peau brûlante.
- De l'eau... marmonnai-je, tirant ma langue pour tenter de me calmer.
Un feu infernal irradiait dans mon corps, mes entrailles bouillonnant sous l'effet du "piment du diable", me donnant la sensation d'être une cocotte-minute prête à exploser. Caym, visiblement amusé par mon état, prit tout son temps pour me servir un verre d'eau et me regarda avec un sourire moqueur alors que je l'engloutissais d'une traite.
- J'ai peut-être mis un peu trop de "piment du diable", siffla-t-il en me resservant de l'eau. Ou peut-être trop de "feu infernal"...
Sous son regard pensif et son sourire moqueur, je ne pus m'empêcher de lui jeter mon verre à la figure, ma patience atteignant ses limites.
- Tu veux me tuer ? hurlai-je. Je ne suis pas un démon, moi ! J'ai une âme et, jusqu'à preuve du contraire, je suis mortel !
La faim avait disparu, remplacée par d'atroces douleurs dans mon ventre. En massant mes intestins en feu, je me levai précipitamment pour retourner dans ma chambre, la douleur me ralentissant.
- La vengeance est un plat qui se mange froid, se moqua Caym, me voyant traîner la patte. Si tu veux un calmant, laisse-moi passer un bon moment avec toi !
- Va te faire foutre ! hurlai-je en claquant la porte derrière moi.
- J'aimerais bien... répondit-il, éclatant de rire.
Cet ange déchu ne perdait rien pour attendre. Tout en grognant de douleur, je me précipitai vers mon bureau et ouvris mon ordinateur avec une violence soudaine. Je tapai rapidement "magie blanche pour les nuls" dans la barre de recherche. Il voulait jouer ? Très bien, nous allions jouer, et il n'était pas prêt. Qui du démon ou du demi-sorcier allait remporter cette guerre étrange ? Seul le temps le dirait.
VOUS LISEZ
The Lovely Fallen Angel
Paranormal- Couverture by @sinadana - Romance Fantastique Homosexuel - J'avais tout pour plaire : un joli visage, un physique avantageux et l'intelligence qui allait avec. Malheureusement pour moi, on ne choisit pas ses parents, ou plutôt, sa mère. Enchantere...