A la télé, chaque image est un évanouissement sans lendemain

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Je marchai rapidement dans les couloirs du château. Ma frustration augmentait de minutes en minutes. Le problème tenait du fait que je me situais dans une grande partie d'une maison qui était séparée du reste du château par de lourdes portes de bronzes, fermées. Le majordome n'avait pas donner l'alerte, mais je n'avais aucune idée du temps pendant lequel serait retenu le suceur de sang aussi, je tournais en rond, à la recherche d'une sortie et d'une information sur Élias. Jusqu'ici je n'avait croisé aucun vampire. Les seuls que j'avais aperçus, c'était par la fenêtre. Ils marchaient d'un pas pressé dans la grande cour du château. D'ici, ils me faisaient penser à de minuscules fourmis qui s'agitaient dans tous les sens.

L'agencement des pièces me faisais penser à une sorte de très grande maison. Ce devait être la demeure du maître espion. J'espérai croiser au moins un humain dans ce château, même un minuscule se serait parfait. Toutes les créatures avaient besoin de s'approvisionner en sang à un moment ou un autre. Aussi il devait avoir sa « réserve personnel » quelques part.

Alors que je passais devant une salle ouverte, j'entendis des rires en sortirent. Je jetais rapidement un coup d'œil. Une dizaine d'humain se trouvaient là, dans un petit salon, affalés sur des canapés, devant un étrange écran. Cet écran attira mon regard. Je n'en avait jamais vu de tel. Des personnages bougeaient dessus, parlant les uns aux autres. Cela ressemblait un peu à l'image qu'on aurait de nous-même dans un miroir sauf qu'elle ne représentait pas l'image de la pièce. Je restais quelques instants hypnotisée par cet étrange écran puis je reportais alors mon regard sur la pièce. Les humains ne prêtaient aucune attention à moi et ne semblaient pas m'avoir remarquée. Ils étaient dos à moi, passionnés par cet écran.

Étrangement ils avaient l'air à peu près en forme, étaient propres, et portaient des vêtements décent. Instinctivement, j'inspirais profondément pour sentir l'odeur de propre qui émanait d'eux. C'était doux, léger. Dans la forêt, faire sa toilette était très spartiate. Aussi, ma propre odeur me paraissait désormais affreuse.

Je m'approchai doucement d'eux, tandis que je pensais aux délices d'un bon bain. L'image de l'ancienne maison de la vieille Martha me revient en mémoire. Elle me manquait affreusement. La sécurité de ses murs étaient plutôt illusoires mais c'était comme un cocon dans lequel j'avais été élevé. Un cocon qui avait été brûlé et n'avait laissé aucun jolie papillon sortir. Simplement des cendres et des survivants. Avec Élias nous nous battions pour survivre, mais nous ne vivions pas.

Lorsque je fus juste derrière eux, l'un d'entre eux me remarqua et me regarda avec curiosité. C'était un jeune homme d'à peu près mon âge, au cheveux bruns tombant juste sous la nuque et aux yeux verts pétillants. Il ne semblait pas étonner de ma présence ici, il paraissait seulement curieux. Il me faisait penser à un nain farceur aussi décidais-je mentalement de l'appeler le Leprechaun.

"Est-ce que l'un d'entre vous parle anglais ? Demandais-je timidement et doucement.

" Presque tous, répondit un autre garçon, costaud aux cheveux frisés ( Goliath) dans un brouhaha d'assentiments, puis il sourit. Qu'est-ce que tu fais ici ? "

" On a malencontreusement oublié de m'indiquer la sortie de cet endroit à mon arrivée ici. Est-ce que l'un d'entre vous pourrait m'y guider. "

" Tu es la nouvelle qui est arrivée hier ? Continua le bouclé. C'est étrange qu'on ne t'ai pas vu avant. Et c'est quoi cette odeur ? Tu connais pas l'existence du mot se laver ?"

Je restais un instant ébahie. Cet étrange humain ne semblait pas un instant surpris de me trouver ici. Pire, il était au courant de mon arrivée. Cela signifiait que quelqu'un les avait averti. Mais combien de temps avais-je dormis ? Une évidence s'imposa alors à moi. Ils ne pourraient pas m'aider.

" Si je connais le principe, se passer sous l'eau avec du savon, répondis-je sarcastiquement. On n'a pas tous la chance de se pomponner tous les jours comme toi. On dirait une adorable petite fille. »

Il me considéra un instant puis éclata de rire.

" Toi, je t'aime bien ! Je m'appelle Ethan. Voici Jeanne, Léa, Tom, Thomas et Kate, dit-il en me désignant successivement les personnes de la pièce. Mais cette dernière ne parle pas très bien anglais, et tu n'en tireras probablement rien de plus que des grognements et toi ? "

Finalement, ils allaient peut-être m'aider. Ils ne paraissaient pas totalement asservis par les créatures malgré leurs présences dans le palais. Je pensais alors à Élias. S'ils avaient eu des informations sur mon arrivé, ils en avaient aussi sûrement eu sur celle de mon ami. Si celui-ci était arrivé. S'il était encore vivant.

" Je suis Leila. Est-ce que tu saurais quoi que ce soit sur un homme qui serait arrivé en même temps que moi hier ? C'est mon ami, il faut que je le retrouve avant que le cadavre ambulant ne lui fasse du mal."

Un silence de mort s'abattit sur la pièce. Toutes les personnes présentes me dévisageaient comme si j'avais énoncé la fin du monde. J'observai attentivement le groupe. Ils avaient tous l'air normaux ; Ils ressemblaient à des ados normaux, passant une soirée entre eux, un vendredi soir. Mais ils n'étaient pas normaux. Ils étaient dans une maison remplie de vampire ce qui ne signifiait qu'une chose : qu'ils étaient ce qu'on appelait des putes de sang. Ils donnaient leur sang à une maisonnée de vampires, et en échange, ils étaient protégés par leur «maître » contre les autres créatures.

Ce qui amenait à deux solutions. Soit ils m'aidaient et me donnaient les informations dont j'avais besoin, soit ils donnaient l'alerte et mes tentatives d'évasions étaient réduites à néant.

Le géant repris alors la parole, d'un air grave.

" Même si on le voulait bien, on ne pourrait pas t'aider et risquer de contrarié monsieur. Je suis désolé. Nous sommes bien traité, il ne nous fait pas mal volontairement, en dehors du moment où il se nourrit. De plus nous sommes relativement libres le reste du temps. Depuis que nous avons été attrapé, c'est la meilleure place que nous ayons trouvé. Personne ici ne se risquerait à la gâcher. Je suis désolé pour toi et on ami mais nous ne pouvons rien faire pour vous aider."

Je hochai la tête, tristement. Puis me ressaisis. Je devais déjà m'estimer heureuse qu'ils n'entravent pas mes projets. Je leur tournais le dos et sortis de la pièce. Alors que j'atteignais l'encadrement, j'entendis :

" Fais attention à toi, IL n'aime pas qu'on le contrarie. Ton ami à sacrément dû l'énerver s'il n'est pas encore réapparu"

Je les regardais une dernière fois mais pas un ne fit mine de vouloir m'aider. Ici, c'était du chacun pour soit, la survie étant le plus important. On sauvait sa peau mais pas celle de l'autre. C'était l'une des raisons pour laquelle je détestais cette situation. Comment pouvait-on vivre dans un monde sans harmonie ? Et pourtant je ne pouvais les juger. C'était ce qui m'avait maintenue en vie depuis de nombreuses années.

Mon estomac se mit à gronder. Cela faisait tellement longtemps que je n'avais pas pris de bon repas chaud ! Ce foutu appartement devait bien posséder une autre sortie! Je me sentais épuisée, sale. Je continuais à faire quelques pas. Je sentis ma tête tournée, ma vision devient flou. Des points noirs se mirent à danser devant mes yeux puis je m'écroulais sur le sol sous les cris du groupe.

Lien de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant