Même le lilas blanc a une ombre

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Je restais un instant abasourdi.

Il me regarda avec condescendance.

- Je ne suis pas sûr que vous puissiez survivre à l'épreuve. Vous semblez bien frêle te un accident de parcours arrive si vite ! Enfin, je me dois de vous expliquer quelques règles en attendant votre épreuve. On ne sait jamais, il ne faudrait pas vous handicapez plus que vous ne l'êtes déjà.

Fière de sa tirade, il se redressa avant de continuer.

- Quelques-uns passeront l'épreuve avec toi, afin que nous puissions comparer vos performances. Vous serez évalués sur une épreuve d'agilité, de force afin de déterminer votre valeur et votre niveau. Bien sûr, vous serez comparés les uns aux autres, afin que nous ayons une chance de vous ....

Sa phrase fut interrompue par l'entrée de Links, furieux dans la pièce. Il fit claquer la porte derrière lui et commença à ouvrir la bouche pour crier quelque chose lorsqu'il remarqua la présence du conseiller dans la pièce. Il vient alors se placer entre moi et l'énergumène dans une attitude protectrice. Son large dos me coupait la vue.

- Conseiller.... Je vois que vous vous êtes empressé de venir apporter la nouvelle à Leila.

Il semblait avoir du mal à contenir sa colère. Son ton se fit doucereux.

- Un tel empressement est.... Impressionnant. Je dois reconnaître que vous semblez très dévoué à notre cher roi. En espérant bien sûr qu'il ne s'agisse pas d'une façade comme certains au palais qui cherche à servir leurs propres enjeux.

Le conseiller sembla s'étrangler. Il devient rouge et pris un air offusqué, comme si cela semblait improbable que l'on puisse lui reprocher quoi que ce soit.

- Bien sûr que non voyons, je suis totalement dévoué à la cause de notre roi. J'étais en train de lui expliquer les modalités de l'épreuve qu'elle va avoir à passer.

- Je m'en chargerais si vous n'y voyez pas d'inconvénients, comme je me charge de l'épreuve je serais le plus à même de la renseignée.

- Oh, si vous voulez vous en chargé... Bien sûr, je vous laisse ce plaisir. Mais il ne faudrait pas que par inadvertance vous lui donniez trop d'informations. Vous vous attirerez des ennuis à trop protéger les humains. La cour s'interroge sur votre sort. Il serait bien de penser à votre image...

- Cela me touche que vous vous souciiez de mon sort, courtisan. Mais je ne dois rendre des comptes que devant le roi, et j'obéis à ces ordres. Douteriez vous des ordres de votre roi ?

- Bie sur que non. Je vais donc vous laissez...

Le conseiller sortit alors de la pièce en dandinant.

Une fois la porte refermer, Links se tourna alors vers moi.

- Leila, je t'attends dans mon bureau ce soir, j'ai des choses à régler avant.

Il contempla la porte fermée et ajouta :

- Fais attention à lui. Cette poule mouillée serait prête à tout pour acquérir un peu de pouvoir. Il reste cependant lâche, ce qui le rend très dangereux.

Il se fondit alors dans le noir. Je ne l'avais encore jamais vu à l'œuvre mais c'était impressionnant. Il disparut dans le décor. Avant que je ne le sente totalement disparaître de la pièce, je sentis sur mon front un souffle, comme le baiser d'un fantôme. Je ne sus jamais si j'avais rêvé. Fatiguée par toutes ces émotions, je décidais d'aller me coucher.

Je ne savais pas depuis combien de temps j'étais cachée ici. Cela faisait si longtemps que j'étais coincée dans cette prison. Ma maman n'était cependant pas revenue. Elle m'avait pourtant promis qu'elle reviendrait.

- Tu ne dois faire aucun bruit Leila, promet le moi, aucun bruit.

C'était les dernières paroles de ma mère. Celles qu'elle avait eues avant de refermer cette maudite trappe. Je me sentais tellement à l'étroit dans cet espace confiné. La faim avait commencé à tirailler mon ventre. L'humidité qui suintait à travers le plancher l'oppressait. Son goût acre et fort planait dans l'air. Je ne savais pas depuis combien de temps j'étais coincée là. Le temps semblait s'écouler lentement. Je perdais mes repères. Je me décidais enfin à bouger, quand la faim devient insupportable. J'étirais mes membres courbatus à cause de l'état réduit et tentais de soulever la trappe au-dessus de ma tête. Celle-ci refusa de bouger. Je n'émis aucun bruit. Ma maman m'avait appris à ne jamais le faire. Je me déployais alors du mieux que je pus et poussai de toute mes forces sur la trappe.

Un mince trait de lumière finit par apparaitre, au bou d'interminables minutes d'effort. Quelque chose de lourd bloquait l'ouverture. Je saisie l'autre côté de la trappe, m'écorchant les poignées au passage. Je poussai de toute mes forces et la trappe finit par s'ouvrir dans un bruit sourd.

- Tu ne dois faire aucun bruit Leila, promet le moi, aucun bruit.

Je m'immobilisais un instant. Comme rien ne semblait bouger, je me glissais avec difficultés hors de ce trou. Je me figeai. Un liquide sombre et visqueux avait formé une croûte sur le parquet. Cela ressemblait presque à de la rouille me rassurais-je. Mais le mur était éclaboussé de cette rouille qui n'en était pas. Par endroits, les fines plaques rougeâtres, réchauffées par le soleil qui se déversait par les lucarnes, avaient commencé à fondre. De la rouille qui provenait d'un corps allongé au centre de la pièce. Le sang et la rouille ont tous deux une odeur ferreuse. Je ne voulais pas regarder, je ne voulais pas, je ne voulais pas...

Lien de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant