10) Derniers jours de mon existence

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Je me suis réveillée dans ma chambre avec April à mes côtés la mine sombre et grave. Sauf que des choses avaient changés. Fini les bouteilles et les petits tubes. À présent c'était un masque qui me recouvrait avec une machine ronflant doucement. Je fus au départ surprise par cet attirail presque archaïque pour moi, mais je m'y habituais étrangement vite. Sûrement parce que j'ai compris que c'était ce qui m'avait maintenu en vie jusque là.

Je me suis tournée vers April et mes pensées s'assombrirent. Elle avait la même tête qu'à son premier jour, le retour de Mademoiselle Désespoir. J'ai tenté de parler et j'ai froncé les sourcils à force de reconnaître qu'avec tout cet attirail je n'y arrivais pas. Mon unique amie m'a tendu un stylo et un carnet pour que j'écrive. C'est ce que j'ai fait en lui demandant :

- Qu'est ce qui ne va pas ?

Elle a poussé un long soupir et j'ai lorgné les cernes sous ses yeux. Combien de temps s'était écoulé depuis cet accident ? Elle a fini par relever la tête et m'a fixé dans les yeux d'une manière si profonde que tous les poils de mon corps se sont hérissés.

- Plus besoin de me le cacher, je suis au courant pour ta maladie. Je la connais suffisamment pour savoir qu'on n'y survit pas longtemps. Alors dis-moi combien de temps il te reste. C'est la seule chose que je ne sais pas.

- Cela fait combien de temps que je suis inconsciente ?

- Après ton accident cette nuit là tu es tombée dans un micro-coma. Il a durée à peu près une semaine.

Un pierre vient de me tomber dans le ventre et je sens ma gorge se nouer. Je papillone des yeux pour éviter de pleurer. D'une main tremblante, j'écris.

- 3 jours.

Elle devient livide, elle ne s'attendait pas à si peu de temps, je le lis sur son visage blême. Mais il s'échauffe rapidement et je sens sa colère monter.

- Pourquoi tu ne m'as rien dit ! Je suis ta famille, tu ne peux pas faire l'impasse sur quelque chose d'aussi important.

J'ai griffonné à la hâte ma réponse et lui ai placé le carnet juste devant son visage.

- Peux tu me promettre que si tu avais été au courant ça n'aurait pas été différent ? Que tu n'aurais pas agi autrement ?

Elle a baissé la tête. C'est bien ce que je pensais.

- Peut-être que si j'avais sû j'aurais éviter d'avoir eu cet accident qui t'as coûté le peu de jours qui te restait.

- Tu es malade ! C'était la plus belle sortie de ma vie ! J'ai pû m'éclater comme jamais je ne l'avais fait auparavant. Je ne regrette en rien cette escapade. Alors cesse de te torturer l'esprit avec ça.

J'ai ensuite rédigé rapidement.

- Maintenant tu vas me faire le plaisir de rentrer chez toi te reposer parce que tu as vraiment une tête affreuse et tu vas oublier que tu es au courant de tout ça jusqu'à ce que tu reviennes me voir. Au moins je serais sûre que tu dormiras. Pendant ce temps je vais écrire une lettre comme tu me l'as conseillée.

Elle a hoché la tête un tristesse infinie au fond des yeux. Elle est tout de même partie car elle a compris qu'elle n'avait pas son mot à redire là dedans. Je ne m'attendais pas à ce que je me mette à regretter ma vie et le peu de choses que j'ai accompli. Alors j'ai écris pendant des heures des lettres pour mes parents, pour April, pour les infirmières et aussi étrange soit-il à mes petites camarades.

À la fin, je les ait remises à Mademoiselle la nouvelle en lui demandant de les poster. Elle n'a rien dit sur le fait deux de ces lettres allaient revenir ici. Mais je voulais tout de même les poster. Peut-être pour qu'elles voyagent un peu et qu'elles arrivent après mon décès.

Eve ou l'histoire de ma mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant