*Bup bup bup*
Ça y est. La journée commence. La journée de la rentrée commence. L'année scolaire commence. J'enfouis ma tête sous mon oreiller et hésite. Je suis réellement tentée par la perspective de faire comme dans les films, de prendre mon réveil et de le jeter par la fenêtre maiis... Bien que ce soit un réveil, je ne pourrais jamais jeter un objet en forme de panda. Je soupire, fatiguée.
Foutu Nathanaël et ses idées de merde. « Viens on se retrouve à 8h30 au Parc, comme la rentrée est à 10h, on pourra passer du temps ensemble ». Être matinal lui apportera des problèmes. Genre des problèmes appelés « Amy fatiguée ». Pauvre Nat', ça va pas être facile de me réveiller dans des années quand on vivra ensemble. A condition qu'on soit encore un couple. Et j'en doute, même avec tout l'optimisme possible : on est jeunes, aucun couple ou alors très rarement ne se forme dans les années du collège pour finir dans la même tombe 60 ans plus tard. Nat' et Amy c'est pas Tristan et Iseut, ni Roméo et Juliette, c'est juste Nat' et Amy, et encore on peut être heureux qu'il y ait un « et » entre nos noms.
***
Le bus secoue beaucoup, je devrais écrire une lettre à la Ville pour leur demander d'améliorer ces foutus véhicules. Ça fait mal, vous savez : je ne peux pas poser ma tête contre la vitre sans risquer un traumatisme crânien.
Il s'arrête, et c'est là que je descend. J'attrape mon sac, posé sur le siège à ma gauche, et sors. Les écouteurs vissés dans les oreilles, je n'entends pas mon copain hurler mon prénom à travers toute la rue, et ne le remarque que quand il agite les bras.
Je ris : les passants le regardent comme s'il s'était évadé de l'asile, et mon manque de réaction ne l'aide pas. Nat' me lance un regard noir, et un rictus moqueur se dessine sur mes lèvres. Finalement, je traverse, et ce sans regarder, comme à mon habitude. Maman m'a dit que les piétons étaient prioritaires sur les voitures, et maintenant qu'elle n'est plus là pour me gronder, je m'amuse à chaque fois à embêter les conducteurs. C'est mal, c'est dangereux, mais c'est drôle. Ça donne un côté « aventure » au trajet pour le collège.
A peine ai-je mis un pied sur le trottoir qu'une masse me percute et m'enlace. D'abord restée les bras ballants, je rends à Nathanaël sa douce étreinte. Il a toujours eu ce côté hyper-affectueux qui le rend vraiment attachant et mignon. On s'écarte un peu, je l'observe et ne peux m'empêcher de faire la remarque :
-T'aurais pu faire un effort pour la rentrée, genre mettre une autre tenue que celle que tu porteras le reste de l'année et surtout tu pourrais te coiffer
-Tu parles, grâce à ta jupe j'ai pu apprendre que tu étais une fille, j'avais cru être gay tellement ta féminité est subtile. Et tu sais bien que ces « cheveux » si on peut les appeler comme ça sont incoiffables.
Je passe outre sa remarque et passe une main dans ses cheveux de jais :
-Tu sais juste pas faire en fait, soupiré-je tout en tentant d'aplatir ses nombreux épis. Tu vois, c'est bon, j'ai réussi.
-Sérieux ? En fait t'es juste géniale.
-Je sais, je sais, merci. Ris-je, amusée.
Un silence s'installe entre nous, mais il n'est pas pesant ; chacun réfléchit à ce qu'il peut dire, entre toutes les phrases qui essaient de sortir simultanément. Je fixe mon regard dans ses yeux bleus, et me surprend à regretter d'être banale. Nat est un être super, comme on en croise très peu ; je ne sais pas ce que je serai sans lui et ses cheveux noirs, sans lui et son regard si magnifique, sans lui et son grand cœur.
Je lui attrape sa main, et finis par réussir à dire :
-Tu m'as manqué. Je t'aime, tu sais.
Puis j'ai déposé un rapide baiser sur ses lèvres, avant qu'on ne se dirige vers un des nombreux bancs du parc que j'ai toujours aimé, avec ses arbres, son étang, son moulin abandonné, ses sentiers, son herbe verte et j'en passe.
***
-Bien. La plupart d'entre vous me connaissent, étant donné que je vous ai depuis la 6ème, et vous vous connaissez entre vous puisqu'étant bilingues, votre classe n'a presque pas changé depuis le CP, je me trompe ? Non. Je voudrais avant tout vous présenter les deux nouvelles que vous aurez à accueillir en cette dernière année de collège, et auxquelles vous avez peut-être déjà parlé, Lisa et Luna Peter. Nous explique Mme Martin
Sans écouter l'habituel discours de notre tendre et aimée professeur (notez l'ironie), je me retourne et essaie de visualiser les jumelles.
L'une, à une rangée à gauche de la mienne, est blonde, ses cheveux sont coupés en un carré parfait ; je ne vois pas ses yeux, elle est rivée sur son carnet, sur lequel je parviens à déchiffrer « Lisa Peter ». Donc Luna est l'autre.
Je la cherche du regard, et finit par la voir, riant avec son voisin : Nathanaël. Ils ont l'air de bien s'entendre. Nat croise mon regard et donne un coup de coude à Luna, qui se détourne et me sourit. Je lui rends son geste et la dévisage. Ses cheveux noirs tombent en une cascade de boucles jusqu'aux hanches, ses yeux sont bleus (il me semble), elle est plus petite et aussi plus ronde que sa sœur.
Pour les comparer, je pourrais dire qu'elles sont aussi semblables que le Jour et la Nuit : opposée, mais elles se complètent sûrement.
-T'es jalouse de la nouvelle ? Me murmure une voix à ma droite, appartenant à ma voisine.
-Hein ?
-La nouvelle, elle est à côté de ton mec. T'es jalouse ? Répète Olive Buckley, une fille que je n'apprécie guère depuis un certain temps à cause de certaines raisons.
-Non. Avoué-je en haussant les épaules.
Elle semble perplexe, et j'admets l'être également : je suis quelqu'un de possessif, en amour ou en amitié. Pourtant, j'ai l'impression qu'ils pourraient s'enlacer sans que ça ne me dérange. Peut-être que mon caractère de chien est en cours d'amélioration, qui sait ?
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Le Moulin aux Etoiles
RomansaL'autre là ; Toujours heureuse. Toujours de bonne humeur. Toujours aimée et aimante Comme si la vie n'avait aucune emprise sur elle Comme si rien ne comptait à part le bonheur, comme si elle ne voyait que ça Comme si il n'y avait aucunes souffrances...