La mort d'un proche peut unir une famille. Les rapprocher, les souder dans le malheur, les faire se connaître encore mieux. La mort d'un proche peut faire comprendre qu'on est tous dans le même bateau, et qu'il faut s'entraider.
Mais parfois, la mort d'un proche fait tout exploser.
Ma mère était une femme merveilleuse. Elle était belle, jeune, et brillante. Elle m'avait appris à me comporter en tant qu'humaine, avec humanité en tout cas. Elle m'avait enseigné l'art de ne pas abandonner les autres, d'être solidaire. Elle n'était pas croyante, mais si Dieu avait existé, il lui aurait peut-être garder une place VIP au paradis. Ma mère était un ange tombé du ciel, et si son départ avait été catastrophique, peut-être que les anges ont célébré son retour parmis eux.
Ma mère était le pilier de notre famille. Elle était celle qui rendait mon père aidant et adorable. Elle était celle qui faisait taire sa phase d'ombre.
Petite, j'avais entendu des discussions, des désaccords entre eux. Mon père a toujours été persuadé que ma mère méritait mieux que lui, et Maman lui disait toujours que mieux que lui ça n'existait pas.
Mes parents étaient peut-être le couple parfait. Peut-être qu'avec Lewis et moi, ils formaient la meilleure famille.
Mais toutes les belles choses ont une fin.
Ma mère fumait. Elle fumait depuis toujours, aussi loin que je m'en souvienne, sauf pour ses grossesses. Elle y était accro, elle ne voulait pas s'arrêter. Jusqu'au jour où on lui a diagnostiqué un cancer du poumon, jusqu'à l'autre jour où elle a été hospitalisée, et enfin jusqu'à ce jour, où elle est partie.
La mort de ma mère a tout fait voler en éclat. Elle était le pilier de notre harmonie. Et quand elle est partie, l'Enfer est venu toquer chez nous.
Mon père avait perdu la tête. Je ne sais pas pourquoi, mais il m'en voulait. Il disait que c'était de ma faute. Qu'à force d'avoir une fille aussi merdique et chiante (je reprends ses mots), c'était normal qu'elle fume pour se détendre. Que j'aurais dû l'empêcher, que j'aurais dû la retenir ce fameux jour à l'hôpital, que j'aurais dû protester quand elle lui avait demandé de sortir pour me laisser seule avec elle.
Je ne sais pas pourquoi il m'en veut à moi, et pas à mon frère. Mon frère était plus énergique que moi, plus créatif quand il fallait faire tourner les parents en bourrique. Mon frère et moi étions proches. J'étais sa complice, le cerveau du duo. On était les meilleurs amis du monde. Mais la mort de Maman et les accusations de mon propre père, ses insinuations, son rejet, ont également mis fin à ça. Disons que mon frère a cru mon père, du moins m'en voulait également. Peut-être s'était-il senti blessé? Peut-être croyait-il que ma mère me préférait? Je ne sais pas. Je n'ai aucune idée.
Cette mort là a détruit ma famille. J'ai perdu contact avec mes grands parents et cousins maternels. Mon père a retrouvé une autre femme, Elora, qu'il a réussi à monter contre moi, également.
Ce sont des choses qui arrivent. Je ne sais pas pourquoi, mais ça arrive. Et malgré tout, j'ai encore au fond de moi, un sentiment d'amour pour ce père et ce frère d'une autre époque. Peut-être qu'un jour, cela redeviendra comme avant, et je pourrais adresser à Lewis et 'Néo' cette affection aujourd'hui orpheline.
Perdue dans mes pensées, je ne sais pas quelle heure il est. Je lève le regard vers mon réveil. 22h. Je devrais aller me coucher. Je suis probablement fatiguée. En fait, je ne sais pas. Je ne sens pas. Mais je suppose que je le suis.
Je soupire, puis me change, avant d'aller me coucher.
Demain sera un autre jour.
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Le Moulin aux Etoiles
RomanceL'autre là ; Toujours heureuse. Toujours de bonne humeur. Toujours aimée et aimante Comme si la vie n'avait aucune emprise sur elle Comme si rien ne comptait à part le bonheur, comme si elle ne voyait que ça Comme si il n'y avait aucunes souffrances...